Kra Kobenan Kouman Ignace, Ambassadeur Agalawal : “Je n’ai jamais été au meeting d’un homme politique”

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De son vrai nom Kra Kobenan Kouman Ignace, natif de Bondoukou, Agalawal a fait son parcours scolaire au lycée moderne de Grand-Lahou, localité du Sud de la Côte d’Ivoire et son parcours académique à l’université Félix Houphouët-Boigny, d’où il est sorti, avec une maîtrise d’Anglais.

Alors humoriste en herbe, l’ambassadeur Agalawal a été révélé au public par l’émission ‘’Bonjour 2009’’. Dans cet entretien , il confie ce que l’émission a contribué à faire dans sa vie, tout comme dans sa carrière. Il parle, également, de ses projets.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours en quelques traits ?
Officiellement, j’ai commencé l’humour depuis 2009 avec la 4ème édition de ‘’Bonjour’’. Il faut retenir que l’“ambassadeur’’ Agalawal n’a fait aucune formation de théâtre. Je ne suis passé dans aucune école de théâtre pour être ce que je suis. Ce n’est que la passion qui m’a guidé jusqu’ici, en voyant les devanciers, notamment Gbi de fer et Zongo. C’est l’envie de faire comme eux qui m’a poussé dans l’humour. Sinon j’ai une maîtrise en Anglais. J’avais même commencé en 2010 mon Master en gestion des conflits et paix dans une école de la place. Mais je n’ai pas pu terminer ce Master à cause de la crise qui est survenue. Et Dieu faisant bien les choses, je me suis investi dans l’humour, et cela a donné ce qu’on voit aujourd’hui.

C’est donc depuis 2009 , grâce et à partir de l’émission ‘’Bonjour’’ que tout a commencé ?
L’émission ‘’Bonjour’’ a contribué à me révéler au grand public. J’ai même participé à plusieurs événements humoristiques à travers le monde tels que le Marrakech du rire 2015 et 2016, le Massa 2016, de nombreux festivals à travers l’Afrique francophone, notamment au Mali, au Bénin, au Burkina Faso, etc. ‘’Bonjour’’ m’a permis de connaître l’Europe également.

Vivez-vous seulement de l’humour ?
Effectivement, je ne vis que de ma passion, qui est devenue pour moi un métier aujourd’hui, parce qu’après l’université, j’ai vécu en cité universitaire jusqu’en 2011. Puis, il fallait quitter le campus à cause de la crise. La préoccupation était ensuite de trouver autre chose que d’aller à l’école. Il fallait survivre et chercher un endroit où déposer ses affaires. Je n’avais pas de soutien familial et c’était vraiment dur. Cette situation a contribué à changer mes objectifs. Il fallait trouver un moyen de subsistance. Avec l’humour, je me suis dit que c’était peut-être une perche que Dieu me tendait pour me sortir du gouffre dans lequel j’étais. Et depuis 2010-2011, j’ai tout abandonné pour ne faire que cela.

Pouvez-vous affirmer aujourd’hui que le métier de l’humour en Côte d’Ivoire nourrit son homme ?
Franchement, moi je ne peux pas me plaindre parce que l’humour m’a tout donné. Je suis même modeste en le disant. J’arrive à vivre décemment, me déplacer pour mon travail convenablement, mettre mes enfants à l’école, préparer leur avenir, avoir un toit où dormir, etc. Je pense qu’on ne peut pas demander mieux.

Pourquoi le nom “l’Ambassadeur Agalawal”?
Le nom Agalawal est une déformation du nom d’un grand joueur Nigérian qui s’appelait Garba Lawal. Et comme avec les amis du lycée de Grand-Lahou on se taquinait en se donnant des surnoms lorsqu’on jouait au football, mes amis m’ont donné ce pseudo qui m’énervait pourtant à la base. La déformation du nom est venue d’un présentateur qui devait me faire monter sur scène. Au lieu de Garba Lawal, le présentateur a plutôt compris “Agalawal’’. J’ai ajouté ‘’l’ambassadeur’’ parce que pour moi, c’est prémonitoire. À plusieurs reprises, de nombreuses entreprises m’ont fait appel pour faire de moi leur ambassadeur. Même l’Unesco a fait de moi l’ambassadeur de la ville historique de Grand-Bassam. Donc, le nom ‘’ambassadeur’’ m’a porté beaucoup de chance.

Quel est votre regard sur l’avenir de l’humour en Côte d’Ivoire ?
Franchement, la jeune génération travaille. Elle fait sortir des blagues qu’on n’aurait même pas pu imaginer. Mais de bonne guerre, nous, leurs devanciers, je dirais que nous sommes ‘’inquiets’’. On risque même d’aller très vite à la retraite (rire). Vous voyez je suis venu à l’humour avant les Magnific et Ramatoulaye, “En K 2 K’’, etc , mais aujourd’hui l’humour en Côte d’Ivoire compte avec eux. Donc, les générations d’humoristes se succèdent rapidement et nous devons continuer à travailler. Je peux dire, sans risque de me tromper, que l’humour en Côte d’Ivoire avec tout ce qui se dessine, est prometteur.

Vos blagues à caractère politique ne vous ont-elles jamais créé de problèmes ?
Agalawal traite des sujets d’actualité d’Afrique et du monde, des sujets qui intéressent les gens venus l’écouter. Donc si d’aventure, des sujets coïncident avec l’actualité politique dans le monde, comme dans un pays quelconque, tant mieux. Cela voudrait dire que je suis cultivé et que je travaille pour le citoyen du monde. Et de toutes les façons, je n’ai jamais été censuré depuis le début de ma carrière. Sinon, la politique n’a jamais été mon angle de prédilection. Je n’ai jamais été au meeting d’un homme politique, bien que je sois toujours invité pour y participer. Mais c’est un choix, parce que cela peut te freiner dans ton rôle qui est d’être un éveilleur de conscience pour les citoyens. C’est pour cela que je n’ai jamais été à un évènement politique.

Pourquoi avez-vous décidé de vous faire de la chanson ?
La chanson est pour moi une autre manière de raconter mes blagues. Sinon je n’ai jamais été chanteur. Je suis humoriste et je le revendique. Mes chansons font partie de ma manière de faire l’humour. Un humoriste doit être multidimensionnel. Lorsque quelqu’un est sur scène, il peut toucher à tout. Donc, la chanson est pour moi, un outil de plus pour distiller mon humour.

Quels sont vos projets de carrière ?
Dans l’immédiat, je prépare mon spectacle de ‘’One Man show’’ intitulé « Rendez-vous à l’Ambassade », prévu le 11 mars 2017. Depuis un bon moment, je suis tout le temps interpellé par les fans qui veulent me voir seul sur scène et me juger à ma propre valeur. C’est parce que j’attendais également le moment idéal. Je pense que ce moment est arrivé. Lorsque les gens vous apprécient, ils attendent toujours le meilleur de vous. Si vous n’êtes pas encore prêts, il ne faut pas vous y aventurer. Je leur promets donc un ‘’One Man Show’’ exceptionnel.

Ossama Roxane et Afrikipresse

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