Zadi Gnagnan Théodore, président de la plateforme à propos de la menace sur les salaires : “La mobilisation du gouvernement avec 08 ministres pendant les négociations prouve bien qu’il cherche à régler le problème”

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Le leader de la plateforme des organisations professionnelles du secteur public de Côte d’Ivoire dans un entretien qu’il nous a accordé a indiqué que la menace du non paiement des salaires n’est pas une préoccupation.

Il a également précisé qu’il n’avait jamais été question pour les organisations syndicales de renoncer à une partie du stock des arriérés.   

Le gouvernement en conseil des ministres de mercredi 25 janvier  a précisé que vous aviez déjà renoncé d’accord partie au stock des arriérés, l’une des pommes de discorde depuis le début des négociations.
Sur cette question, le gouvernement communique très mal. On ne peut pas sortir un papier au moment où nous sommes en crise. Si effectivement, il y a eu cet accord, moi je n’y étais pas.  Sur ce document qui a été brandit, on ne voit nulle part la signature ou  le procès verbal qui a donné ces résultats. La deuxième chose, nous sommes en train de négocier pour sortir de la crise. Quel est l’intérêt d’un tel document au moment où nous nous battons pour que la crise finisse. Je n’ai jamais participé à un débat où il s’agissait de laisser tomber quoi que ce soit. A supposer qu’il y ait ce débat et que cet accord ait eu lieu, le gouvernement n’a jamais communiqué sur la question. Plus grave,  les signataires ne sont jamais allés vers leurs militants pour leur porter l’information. Cet accord, s’il a existé est caduque.  

Pour la première fois, depuis le début des négociations, un comité technique a travaillé hier nuit (Ndlr mercredi 25 janvier) pour harmoniser des divergences de vue sur des données financières. Quels en sont les conclusions ?

La mobilisation du gouvernement avec 08 ministres pendant les négociations prouve bien que le gouvernement cherche à régler le problème. Nous avons salué cette bonne volonté. Nous demandons au gouvernement de rester dans cette posture de recherche de solution qui nous permettra de sortir de la crise. Hier (mercredi) , nous avons travaillé sur le comité technique. Il s’agissait de faire le point des 150 points d’indice, puisque certains camarades brandissaient des chiffres en deçà de ce que le gouvernement indiquait. Certains parlaient de 17 milliards FCFA, d’autres 8 milliards. Nous sommes finalement tombés d’accord sur le montant de 21,3 milliards FCFA et la population de fonctionnaires concernés est estimée à 41 000 . La recommandation que nous avons faite au gouvernement sur ce chapitre, c’est qu’il essaie de voir selon ses possibilités financières l’enveloppe qu’il peut mettre à notre disposition pour la première tranche. Sur le stock des arriérés, les débats ont achoppé d’autant plus que les positions étaient tranchées. Moi, en tant  que président de la plateforme,  initiateur de cette lutte, j’avais déjà fait un plaidoyer au Président de la République pour lui dire de ne pas voir la grève comme une défiance, mais comme un cri de cœur de ses enfants qui pleurent. Je suis dans une posture de plaidoyer. En négociation, quant tu es allé sur côté revendications, et qu’il n’y a pas de suite favorable, tu changes de stratégie qui est la voie de négociation. Nous voudrions présenter toutes nos excuses au Président de la République pour tout ce qui a pu se passer. Nous sommes ses enfants, et qu’il fasse un geste à l’endroit de ceux-ci. Cela nous permettra d’aller nous mettre à genoux devant nos camarades pour leur demander de reprendre  le travail dès lundi sans fioritures.  

Que feriez-vous s’il arrivait que des ponctions aient été effectuées sur des salaires ?

Moi, je ne mène pas cette lutte. Je suis un combattant. Lorsque tu donnes un coup, attend toi à en recevoir. Ceux qui m’interpellent sur le sujet, je ne réagit pas, parce qu’il faut prendre ses responsabilités. Si on veut obtenir des milliards, il faut bien perdre quelque chose. Donc sur le combat des salaires, de grâce, moi j’ai assumé ce que je devrais assumer et je suis prêt pour me battre jusqu’au bout pour obtenir quelque chose. Que chacun prenne ses responsabilités. Mais en même temps, je plaide pour ne pas que le gouvernement mette de l’huile sur le feu. Il n’y a pas de raison de couper des salaires, cela ne va rien arranger. Laissons tomber ces choses, les menaces n’ont pas fonctionné. Mais je suis convaincu d’une chose, c’est que ce sont des signaux que le gouvernement nous envoient. Si d’ici à vendredi, on obtient une sortie de crise, les salaires seront payés correctement. En tant que leader, je ne m’attends pas à un salaire à la fin du mois. Si je n’ai pas travaillé, il est évident je n’aurai pas de salaire, je n’irai même pas à la banque. Ce serait un bonus si j’obtiens ce salaire. Je demande aux fonctionnaires d’être dans la posture de responsabilité et de dignité. Sinon,  si nous prenons cette revendication de salaire pour la déposer sur la table, le gouvernement nous dira je vais payer les salaires, mais laissez les autres revendications. Mais je précise encore que  nous faisons confiance au gouvernement qui ne mettra pas sa menace à exécution.

Etes-vous satisfait du suivi du mot d’ordre  à ce jour ?

C’est visible. Historiquement, ce qui n’a jamais été fait en Côte d’Ivoire a été fait avec la plateforme en mobilisant pendant 15 jours tous les fonctionnaires. C’est une grande première. Lorsque tu réussis de tels exploits, à un moment donné, il faut savoir ranger ta force dans ton fourreau, de sorte que les prochaines fois, lorsque tu veux réagir, les autorités soient plus attentifs, car ils connaissent ta capacité de mobilisation. Mais, à vouloir  trop tirer sur la corde, ta force risque d’être décapitée, sans rien obtenir, c’est ce que nous avons appris des expériences syndicales.

EF

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