Jean Bonin, SGA chargé de la Communication d’Affi : « Laurent Akoun, Marie-Odette Lorougnon et d’autres frondeurs étaient à l’investiture de Ouattara en 2011 »

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Dans le Bureau politique de Pascal Affi N’Guessan, le président du Front populaire ivoirien (Fpi), Jean Bonin Kouadio fait office de Secrétaire général adjoint (Sga) chargé de la Communication et du Marketing.

Originaire de Gagnoa, contrairement à ce que laisse croire son patronyme, il a occupé naguère les postes de Secrétaire général avec rang de Directeur général adjoint de l’Autorité nationale de régulation du secteur de l’électricité (Anaré), et de Conseiller juridique et fiscal du Bureau national d’étude techniques et de développements (Bnept) débauché à l’époque par M. Tidjane Thiam pour la réalisation des “Douze travaux de l’Eléphant d’Afrique’’ lancée par l’ex-président Henri Konan Bédié.

Cette présentation est faite par Jean Bonin lui-même qui se prêtre aux questions de Johnny Patcheko, un pro-Gbagbo aujourd’hui très actif sur les réseaux socio et ex-membre de la garde rapprochée de l’ancien président ivoirien en détention à La Haye, dans une vidéo circulant sur la toile, au cours d’une émission qu’il dit consacrer aux internautes. Dans cette vidéo qui remonte aux fêtes de fin d’années, puisque Jean Bonin affirme qu’Affi se trouve avec sa famille dans son village à Bongouanou, pour les festivités du réveillon et de la Saint Sylvestre, le Sga du Fpi chargé de la Communication et du Markéting politique fait plusieurs révélations sur la crise au Fpi. Depuis l’éclatement dans la crise de ce parti, c’est sans doute la toute première fois qu’un si haut responsable du Fpi fait de telles révélations.

Présence de Laurent Akoun, Marie-Odette Lorougnon, Tapé Kipré et d’autres frondeurs à l’investiture de Ouattara en 2011

Les débats lancés sont partis de deux constats de Johnny Patcheko. Le premier est relatif à une déclaration attribuée à Affi N’Guessan dans laquelle le concerné aurait dit qu’il quittait le Fpi pour créer son parti et que le parti créé par Laurent Gbagbo est une formation politique tribale et qu’il fallait tourner la page de l’ex-président ivoirien en procès à La Haye. Quand au second, il se réfère au fait que les pro-Gbagbo reprochent à Affi de légitimer le président Ouattara en ayant accepté notamment de l’affronter à l’élection présidentielle 2015. Ceux-ci, clarifie Johnny Patcheko, continuent également d’estimer que Gbagbo reste le président de la Côte d’Ivoire en lieu et place de Ouattara.

Sur ces sujets, Jean Bonin a dit : « M. Affi N’Guessan n’est pas le président du Conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire. Il n’est que le président du Fpi. Il n’appartient pas à M. Affi N’Guessan de légitimer ou non un pouvoir. Un pouvoir n’est pas légitimé par un individu. (…) Je rappelle, à titre d’exemple, qu’en 2011 Odette Lorougnon, Miaka Oureto, Douaty, Akoun Laurent étaient dans la salle pour l’investiture de M. Ouattara. »

Sur insistance de Johnny Patcheko, il répète les noms et poursuit : « Odette Lorougnon, Miaka Oureto, Akoun Laurent, Douaty, Tapé Kipré et consorts étaient à l’investiture de M. Ouattara. Je continue pour vous dire que M. Abou Drahamane Sangaré a adressé récemment un courrier au Secrétaire général de la Gouvernement pour lui demander de faire payer sa pension de retraite. Ce courrier a été remis à M. Kra Koffi, Secrétaire général adjoint du Fpi et chef de cabinet de M. Affi N’Guessan, pour qu’il fasse les démarches auprès du Gouvernement pour qu’on puisse lui payer sa rente viagère. Cette démarche a été faite auprès du Gouvernement, du Secrétaire général du Gouvernement de M. Ouattara, donc reconnu par M. Abou Drahamane Sangaré. M. Affi N’Guessan a fait les démarches pour que M. Michel Gbagbo soit repris à l’université en tant qu’enseignant. Et il y enseigne sous l’autorité des ministres de M. Alassane Ouattara. »

Il a alors invité à sortir de la démagogie selon laquelle il ne faut pas reconnaître M. Ouattara comme le président de la Côte d’Ivoire, tout en voulant bénéficier des services de son administration, de son système.

A propos des ex-chefs de guerre qui ont été nommés par Alassane Ouattara à de hauts postes de responsabilité dans l’armée, Jean Bonin a dit déplorer cette situation.

Toutefois, il a indiqué : « Ces chefs de guerre, appelés ainsi à juste titre, ont été adoubés par le président Gbagbo lui-même. Il faut se rappeler quand Laurent Gbagbo recevait Wattao en treillis à la Présidence, quand il réhabilitait lui-même les rebelles. »

Refus de Gbagbo de recevoir Affi à La Haye

« Dès qu’Affi N’Guessan est sorti de prison, il a adressé un courrier à la Cpi pour que Gbagbo puisse le recevoir. Il n’appartient pas à Affi N’Guessan d’aller rencontre Gbagbo, si Gbagbo ne le reçoit pas. Pourquoi Gbagbo ne reçoit pas Affi N’Guessan ? Je n’en sais rien. Il faudra poser la question à Gbagbo. Mais Affi N’Guessan a, pour sa part, adressé un courrier à la Cpi depuis 2014. Jusque là, il attend. Le jour où on appelle Affi N’Guessan, il ira. Mais de ce que je sais, de ce que j’entends, il a été interdit, est-ce vrai ou faux, par une certaine dame, que le président Gbagbo reçoive Affi N’Guessan », a expliqué Jean-Bonin sur cette rencontre jusque là avortée entre Affi et Gbagbo à La Haye.

A la question de savoir s’il fait allusion à Nady Bamba, la seconde épouse de Laurent Gbagbo, Jean-Bonin a répondu : « Je n’étais pas à la Cpi. Mais des informations qui me parviennent çà et là, une certaine dame aurait interdit au président Gbagbo de recevoir Affi N’Guessan, et également, tous ses collaborateurs, c’est-à-dire tous ceux qui sont proches d’Affi N’Guessan. Il peut même recevoir ceux qui l’ont combattu, comme Kkb (Kouadio Konan Bertin, ex-député Pdci de Port-Bouët, Ndlr), Banny (ex-Premier ministre, militant du Pdci, Ndlr), mais pas Affi N’Guessan et ses collaborateurs. Est-ce vrai ou faux ? Je n’en sais rien. Donc, je ne peux pas dire le nom de qui que ce soit. (…) Laurent Gbagbo est un homme juste. S’il y a une crise au Fpi, en homme juste qu’il est, le bon sens aurait voulu qu’il reçoive les deux camps pour savoir ce qui se passe. Mais apparemment, il ne reçoit qu’un seul camp parce qu’une certaine dame, un certain neveu ou beau-fils aurait dit à Gbagbo que ceux qui sont avec Affi travaillent contre lui et que, s’il reçoit Affi N’Guessan, cette dame ne mettra plus ses pieds là bas (à la Cpi pour lui rendre visite, Ndlr). »

Pour défendre son argumentation, il a affirmé que Gbagbo peut être influençable dans les liens de la détention, contrairement à une situation où il bénéficie pleinement de la liberté de ses mouvements.
Il a saisi l’occasion pour affirmer que si l’on n’en sait rien, de ne pas faire croire qu’Affi N’Guessan n’est jamais allé rendre visite à l’ex-Première dame Simone Gbagbo, détenue en Côte d’Ivoire.

« Je ne pas vous répondre. Posez la question à Affi N’Guessan. Mais ce que je puis vous dire, n’affirmez pas ce que vous ne savez pas. Mme Affi N’Guessan est allée plusieurs fois voir Simone Gbagbo. Pour ce qui concerne Affi N’Guessan, je préfère ne pas répondre. Mais sachez que Mme Affi N’Guessan, l’épouse de M. Affi N’Guessan, rencontre très souvent Mme Gbagbo et les détenus politiques que sont Assoa Adou, Hubert Oulaye et autres », a fait savoir Jean Bonin à Johnny Patcheko.

Des manœuvres pour empêcher Affi de rencontrer les parents de Gbagbo

Jean Bonin a, par ailleurs, dénoncé les manœuvres des frondeurs du Fpi pour empêcher Affi, dès sa sortie de prison, d’aller à la rencontre des parents de Laurent Gbagbo à Gagnoa : « Dès qu’Affi est sorti de prison, il a convoqué à sa résidence de M’Badon (Cocody, Ndlr) tous les cadres de Gagnoa : Odette Lorougnon, Jean-Baptiste Gnaoré, Dano Djédjé et autres. J’étais à cette réunion. Et il a dit : “Je viens de sortir de prison. Ma première destination doit être Gagnoa et Mama. Je veux aller saluer les parents de Gbagbo avant même d’aller chez moi à Bongouanou. Donc, je vous demande d’organiser cette rencontre.’’ Ils ont dit : “Ok.’’ Un mois après, ils n’avaient toujours pas encore organisé cette rencontre pour autoriser Affi N’Guesssan à aller à Gagnoa. Il a fallu qu’Affi N’Guessan appelle le fédéral Jfpi (de la Jeunesse du Fpi, Ndlr) de Gagnoa et Navigué (président de la Jfpi), pour leur dire qu’il ne sait pas ce qui se passe. Il leur a fait savoir qu’apparemment, Marie-Odette Lorougnon, Dano Djédjé et autres n’étaient pas favorables à sa visite aux parents de Gbagbo. Ils a donc demandé à Navigué et au fédéral Jfpi d’organiser, au niveau de la Jfpi, son séjour à Gagnoa. Voilà comment Affi N’Guessan est finalement arrivé à Gagnoa. (…) Deuxièmement, quand Affi N’Guessan est sorti de prison, il a aussitôt voulu faire la passation de charges avec Miaka Oureto. Miaka Oureto a dit non à Affi en lui demandant s’il pouvait diriger le parti alors qu’il bénéficiat d’une liberté provisoire. Affi N’Guessan lui a répondu qu’il n’y avait aucune relation (entre ces deux éléments, Ndlr). Miaka Oureto a refusé de lui céder le pouvoir. C’est ainsi qu’Affi N’Guessan est allé en tournée à travers le pays sans la casquette officielle du Fpi. Ce n’est qu’un mois après et 4 jours après qu’enfin, Makia Oureto, sous diverses pressions, accepte de faire la passation de charges. »

Candidature à la présidence du Fpi : la signature de Gbagbo imitée par Stéphane Kipré

Sur la question de la candidature de Laurent Gbagbo à la présidence du Fpi, soulevée au début de la crise au Fpi, Jean Bonin a rappelé les propos de Serges Koffi (alias Sroukou Trèmin Trèmin, ex-Secrétaire général de Fesci, Ndlr) selon lesquels cette « fameuse lettre de candidature de Gbagbo (…) a été signée devant lui par Stéphane Kipré (gendre de Gbagbo, Ndlr) ». A en croire Jean Bonin, Serges Koffi a mis au défi Stéphane Kipré de le contredire. Ce que, au dire du Sga chargé de la Communication du Fpi, Stéphane Kipré n’a jamais fait.

Pour mieux éclairer la question, Johnny Patcheko a fait revenir Jean Bonin sur ses propos tendant à faire croire que la signature de Gbagbo a été imitée par Stéphane Kipré.

« C’est ça. C’est une évidence. Imaginez-vous M. Laurent Gbagbo remettre sa signature à une fédéral du nord, je ne sais même pas lequel, un inconnu des gens du parti, pour aller annoncer sa candidature au Fpi ? », a-t-il interrogé.

Pour une question de transparence sur la question, a-t-il souligné, il a été décidé que Abou Drahamane Sangaré désigne un émissaire, qu’Affi N’Guessan et les chefs traditionnels en fasse autant, pour aller voir Gbagbo à La Haye.

« Sangaré a refusé cette procédure qui aurait permis de situer tout le monde », a précisé Jean Bonin.
Selon lui, par rapport à sa personnalité, Affi N’Guessan préfère se taire, même s’il sait beaucoup de choses.

« Affi N’Guessan n’est pas dans la “peoplisation’’ (issue du terme people, Ndlr) de la politique. Il n’est pas dans l’exhibitionnisme politique », a justifié Jean Bonin.

Alex A

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