Les Samedis de Biton : DES VACANCES PARTICULIERES

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Dernère publication

J’aime bien raconter histoire. Celle d’un ami proche. Un homme politique. Un banquier. Un responsable d’associations. Trois ou quatre. Il tomba malade. Pendant des mois il se faisait soigner dans nos hôpitaux sans succès. L’un de ses amis politiciens lui conseilla de partir en France se faire examiner plus profondément. C’est vrai que l’Afrique d’en bas et même du milieu s’interrogent et s’indignent sur ces voyages de santé en Occident. C’est bien leur droit. Mais comment avoir de la fortune et ne peut pas en profiter ? Sans quoi, dans notre contient, nous avons de bons professeurs, de grands médecins ainsi que des hôpitaux de classe et de cliniques de luxe. Et je dirai même des guérisseurs authentiques et des religieux charismatiques qui guérissent de nombreuses maladies. Et mon ami avait de la fortune. Remarquez, ce ne sont pas seulement les hommes politiques qui vont se faire soigner en Europe, mais les riches. Et les riches on en trouve dans toutes les catégories socio-professionnelles. Après une batterie d’analyses, le professeur français donna son verdict. Mon ami n’était pas malade. Il manquait tout simplement de repos. Il voulait même venir intervenir dans le pays et dire aux uns et aux autres de prendre de temps en temps du repos pour être souvent en bonne santé. Comme il le savait si bien les cadres africains ne se reposent pas. Entre leur travail véritable, la politique avec ses nombreuses réunions, les voyages hebdomadaires au village et les femmes, surtout les femmes, l’organisme ne peut que se « défaire ». A la veille des grandes vacances je veux pousser nos citoyens à réfléchir sur leur manière de refuser les vacances. Se reposer c’est tout simple. Ne pas faire pendant des jours ses occupations habituelles et éviter de voir les mêmes personnes. Agir ainsi joue favorablement sur l’organisme. C’est bien d’aller dans un lieu lointain pour se reposer, mais si c’est pour aller faire des grands débats professionnels, politiques ou sportifs les acquis du voyage seront sans effet. Et surtout au village. C’est encore pire qu’à son domicile. Chaque jour toute une cohorte de gens passe vous saluer et quémander. Vous soumettre aux interrogations les plus difficiles. Et surtout vous pousser dans les intrigues politiques. Comme cela se fait dans de pays européens, nord-américains et américains, il s’est développée, depuis quelques années, une forme particulière de vacances. Des échanges de maisons pour des vacances. Un canadien vient passer quelques jours de vacances chez son « correspondant » français qui se trouve chez lui. Une famille norvégienne va dans une famille italienne qui se retrouve chez elle. C’est si reposant de quitter son décor habituel pour dix jours, vingt jours. Beaucoup mieux que les hôtels. Je dis souvent que même voir son placard tous les jours, pendant dix mois, peut rendre malade. Ne pas le voir cinq jours vous donnera une tonicité sans pareille. A voir les européens, les américains et les asiatiques faire des échanges de maisons pour les vacances je me dis qu’ils sont vraiment riches. C’est vrai que le coût du transport aérien est plus faible chez eux qu’en Afrique mais tout cela nécessite des fonds accumulés durant toute une année. Ces gens-là savent économiser. Ils n’ont pas toute une marmaille d’enfants. J’avais, dans trois chroniques, expliqué, le danger de la démographie pour le développement de l’Afrique. Le Président Ouattara vient de faire un large développement sur ses inconvénients pour l’Afrique. Comme d’habitude, la presse nationale et internationale a passé sous silence la partie la plus importante des propos du Président pour s’étendre sur tout ce qui est superfétatoire, politique et distractif. Comme d’habitude. Comme nous sommes sans épargne et pauvres comment ne pas développer des vacances particulières tout en restant dans la même ville. Quelqu’un de Yopougon qui a son ami à Angré pourrait se rendre pour cinq jours chez lui et réciproquement. Chaque famille ne viendra qu’avec les vêtements à porter et les trousses de toilette. Durant ces vacances particulières, éviter d’utiliser les téléphones, d’écouter la musique ou les émissions de télévision, passer des heures sans parler. Toutefois, lire des ouvrages religieux et de développement personnel serait fortement conseillé. Dans tous les cas, il faut absolument ne rien faire qui rappelle votre quotidien habituel. Et comme je l’ai déjà conseillé, dans une précédente chronique, se rendre dans le village d’une connaissance, d’un ami, un lieu où vous n’avez pas de famille, d’amis ou de relations durant cinq jours, dix jours ou vingt jours. Le tourisme a encore de beaux jours devant lui en Afrique. Car il faut absolument développer le tourisme à domicile dans les villages et les villes. De nombreux lits libres sont disponibles. Il ne reste plus qu’à fixer les conditions et de commencer avec cent volontaires. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.

Par Isaïe Biton Koulibaly

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