Les samedis de Biton : LES SENIORS AU SECOURS DU CHÔMAGE

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Dernère publication

A force de parler des vieux dans notre cité et dans le reste du pays, le mot vieux est devenu péjoratif. Une amie qui n’avait pas encore cinquante ans m’a parlé de sa frustration d’entendre ses enfants l’appeler la vieille. Dans les garages, les ateliers, les entreprises, les plus jeunes appellent leurs ainés, même de deux ans, les vieux. Les chauffeurs de taxis voient en tous leurs clients, les vieux ou les vieilles. Je ne sais pas si le mot s’est répandu à cause de nos langues maternelles, comme c’est le cas de plusieurs  de nos mots et phrases, mais la propagation du mot vieux dans tous les sens a de quoi inquiéter. Ceux qui prennent plaisir à le répéter en longueur de journée ont tendance à croire que le vieux est au garage et sans activité. Et que surtout lui est loin d’être vieux, d’être à la retraite. On a aussi le mot papa qui se répand dans tous les sens mais avec beaucoup plus de respect. Les amants des jeunes filles sont devenus leurs papas. Ici, au moins, on sait que le terme papa a été propagé à Kinshasa et dans toute la République Démocratique du Congo. La femme, à la vingtaine, appelle son mari papa et le mari lui donne de la maman. C’est beau, c’est affectueux, c’est sympathique. Tout comme le mot tonton propagé dans tous les sens. Pour le mot vieux on ne tardera pas à voir un dictionnaire relatif à l’emploi du mot le vieux. Tôt ou tard, des journalistes diront vieux de leurs plus anciens lecteurs. Mais en pensant au mot vieux attribué à Félix Houphouët-Boigny tout homme qui s’entendra appeler vieux doit se prendre désormais comme un sage, un bâtisseur. Toutefois, je préfère le mot choisi par nos colonisateurs pour parler des vieux, des vrais vieux, ceux du troisième âge qui par la grâce divine ont dépassé la soixantaine. Comme le disait un pasteur : «  il était rare de voir un jeune mourir. Aujourd’hui, ce sont les vieux qui enterrent les jeunes. » Le pasteur reproche à la jeunesse de tourner le dos à Dieu, la cause de tous leurs malheurs. En Europe, les séniors, le mot choisi pour les vieux, s’approchent  de plus en plus de Dieu. On a tous suivi le débat sur la retraite en France. Les années qui passent voient le départ à la retraite monter de plus en plus. Des pays pensent déjà à soixante-quinze ans pour la retraite. On sait que pour payer ceux qui sont à la retraite, il faut absolument prolonger le départ de ceux qui sont en activité. Il faut dire aussi que le vieux de 1967 est différent du vieux de l’an 2012 qui bénéficie d’une plus grande santé, de nombreux loisirs, d’une très bonne alimentation et donc d’une immunité renforcée. Aller à la retraite à cinquante-cinq ans ou soixante ans comme c’est le cas dans les pays africains est un gâchis énorme. C’est un âge de plein dynamisme. Une personnalité de la France vient d’avoir son dernier bébé à soixante-neuf ans. Qui dit mieux sur la vitalité des séniors. En Afrique, presque tous ceux qui sont partis à la retraite s’activent dans plusieurs secteurs. La cause principale réside dans le fait qu’étant à la retraite ils ont encore des enfants en bas âge, des fils et des filles qui ne travaillent pas et de nombreuses dépenses au quotidien. Que de stress dans leur vie. Pour s’en sortir, presque tous se dirigent vers le village, les plantations. Celles de l’hévéa et de l’anacarde sont devenues de vrais compléments de pension. Mais le travail de la terre  n’est pas une sinécure. C’est le domaine où on parle à satiété de peu d’appelés et peu d’élus. Il faut s’engager dans le domaine qu’on maitrise mieux pour passer sa retraite active. Trop de jeunes ne savent pas où s’orienter. Ils pourraient  trouver auprès d’un ingénieur un enseignement qui lui convient. Et comme être ingénieur couvre plusieurs domaines,  le choix sera vaste. C’est dans le domaine commercial qu’il serait intéressant que des séniors ouvrent des écoles à domicile. Tout le monde veut vendre. Le commerce est le domaine où on s’enrichit rapidement et où les faillites sont nombreuses. C’est à un sénior, avec son expérience, d’orienter les prétendants à la richesse. Comment et pourquoi des séniors ne créeront-ils pas des écoles qui vont enseigner aux métiers pratiques, ceux de leur carrière afin que les écoles ne continuent pas d’être des fabriques de chômeurs. Comment exercer pendant trente ans un métier et se mettre au garage à soixante ans. On a encore trop de choses à apprendre et à faire apprendre. Le ministre de la Santé a initié une pratique excellente. Faire venir des sages-femmes à la retraite afin de donner des conseils aux nouvelles dans les maternités. Cet exemple doit faire tache d’huile dans tous les domaines. Et cela ne coûtera presque rien en indemnité. Il ne s’agit pas d’un travail à plein temps, même pas à mi-temps. Juste des conseils  et un peu de surveillance. Mais la retraite étant aussi un repos, les séniors dans tous les domaines doivent prendre un maximum de temps pour rester inactif. Tous ceux qui ont déjà travaillé savent que l’argent ne se gagne jamais. Personne n’est riche ou ne sera riche. L’argent est un oiseau que lorsqu’on arrive à prendre une pate  réussit à s’envoler encore plus loin. Ne vous tuer pas à la tâche. Soyez plutôt en joie et en méditation. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.

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