Affaire match Afrique du Sud-Sénégal à rejouer / Sita Sangaré (Président de la Fédération Burkinabè de Football) : “C’est pour donner un coup de pouce au Sénégal”

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Le Bureau de Qualification de la Coupe du monde de la FIFA a décidé  de faire rejouer  le match Afrique du Sud-Sénégal qui s’est déroulé le 12 novembre 2016. Cette décision fait suite à la confirmation du Tribunal Arbitral du Sport (TAS) d’appliquer l’interdiction d’officier à vie de l’arbitre Joseph Lamptey, pour manipulation de match. Sita Sangaré, Président de la Fédération Burkinabè de Football (FBF) commente cette décision avec l’Intelligent d’Abidjan. Entretien !  
Comment avez-vous accueilli la décision de la FIFA de faire rejouer  le match Afrique du Sud- Sénégal en  novembre 2017 ?
Naturellement nous avons accueilli cette décision avec beaucoup de surprise, avec un peu d’indignation. Non pas  parce que le Burkina est  l’actuel  leader du groupe D. Il s’agit dans ce cas figure  de préserver  des  valeurs  qui régissent  le football ; des  principes  qui  guident  le football.  Dont la FIFA est gardienne.  Nous avons toujours appris   dans les lois de jeu  que les rapports des  officiels étaient  sans appel. C’est-à-dire que  les rapports des officiels font foi. Or après   ce match ( ndlr ; Afrique du Sud- Sénégal),  le commissaire  au match  n’a pas demandé sa reprise. Je veux donc dire que cette décision est surprenante, parce que l’on ne peut pas revenir sur les  résultats acquis   sur le terrain.  Si on décide ainsi,  ce sera  un revirement spectaculaire de  la  jurisprudence.  Ce genre de décision  va  entrainer   des réclamations en  cascade.  Notre match contre le Sénégal a connu des situations pas nettes.  Le premier carton que prend notre défenseur est inexistant. Le second carton est aussi sujet à polémique. De notre point de vue, c’est une erreur de l’appréciation de l’arbitre. Nous avons envoyé une requête à la FIFA suite à ce fait.  Est-ce que nous allons demander à rejouer ce match ?  Si cette jurisprudence est validée, nous allons demander à rejouer ce  match. Ce qui est encore choquant, c’est que la FIFA demande de rejouer un match qui a eu lieu  en novembre 2016, en novembre 2017. A tout point de vue, c’est une décision qui est critiquable.  Avec la cellule juridique de la Fédération, nous avons examiné tous les textes de la FIFA, tous les textes  qui régissent le football et  nous n’avons trouvé nulle part un texte qui autorise à prendre ce genre de décision.  C’est donc une décision sans valeur juridique.  Dans l’intérêt du football, nous devons éviter ce genre de décision. C’est donc une décision qui parait totalement inédite.

Votre  Fédération va-t-elle poser un recours ?
Nous nous donnons la possibilité d’agir.  Je   le dis, cela n’a rien avoir avec le classement. C’est une décision qui à l’évidence porte préjudice aux trois autres équipes du groupe ;  l’Afrique du Sud,  le Cap-Vert et le Burkina Faso.  Il n’est pas exclu que nous nous voyions pour qu’ensemble nous posions le problème.  Notre intérêt est de sauvegarder l’intérêt général du football.

Pensez-vous que c’est une décision pour donner un coup de pouce   au Sénégal ?  
C’est une évidence.  Le Sénégal avait perdu le match, on lui demande de rejouer.  Le Sénégal n’a rien à perdre.  Les  Sénégalais avaient zéro point, ils ont donc la possibilité d’avoir soit trois points, soit un point, soit zéro point.  Ils ont donc la possibilité de faire mieux que lors du match. La sanction infligée à l’arbitre ghanéen Joseph Odartei Lamptey est normale et réglementaire (ndlr ;suspension à vie prononcée par la FIFA en mars 2017).  De  mon humble avis,   la FIFA aurait dû  se limiter   à cette sanction.  D’autant plus que,  le bureau de Qualification pour la Coupe du monde  relève   que  c’est parce que le TAS a confirmé  la décision  qui avait été rendue  en première  ressort par la FIFA. Cela est très surprenant   que la FIFA vienne  aggraver  la sanction préalablement prise.  La FIFA aurait été plus cohérente,   si elle avait dès  le début  fait rejouer  ce match.  Le TAS n’a jamais dit d’aggraver cette sanction. Le TAS dit confirmer la décision de la FIFA relative à  la sanction de l’arbitre .  Ce qui nous paraît normal.  Dans le corpus législatif de la FIFA , il y a des cas où l’on peut  faire rejouer   un match,  mais  cette situation actuelle  ne rentre aucunement  dans les cas  de figures  énumérés dans les textes de la FIFA.
Réalisé au téléphone par Ange Kouadio

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