Éditorial : Bédié doit trouver au PDCI, en dehors de lui, un leader avant qu’il ne soit trop tard !

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Partons d’une hypothèse : en 2020, ni Bédié ni Ouattara ne sera candidat à l’élection présidentielle. Il ne s’agit pas, pour eux, de se désintéresser de la politique, mais de permettre l’élection d’un Président de la République et d’un Vice-président qui continueront l’œuvre de redressement du pays commencée en 2011.

Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié disposent d’un outil politique qu’ils veulent consolider, le RHDP, d’où le retour du projet du « parti unifié ». Face à une opposition qui ne semble pas encore pour le moment vouloir se donner des chances de faire élire son candidat en 2020 , ou face à une candidature « sauvage » de type Macron , la meilleure arme pour conserver le pouvoir est bien le RHDP. Ce qui explique le rapprochement entre Bédié et Ouattara ces derniers mois après les rumeurs de brouille de l’été. Les Présidents Bédié et Ouattara sont sur la même longueur d’ondes.

Tout va-t-il autant pour le mieux entre eux ? Non, ce serait trop simple de le dire . Par exemple ils n’ont pas forcément la même conception de l’alternance. Toutefois ils ont l’intelligence de comprendre et d’admettre, que malgré les divergences éventuelles, leur intérêt est d’être ensemble.

Autre question : Bédié doit-il rester à la tête du PDCI pour réussir son pari en 2020 ?

Pour certains, le Président Bédié doit impérativement rester à la tête du PDCI, car il est le garant de son unité. Son autorité, qui est incontestable, – n’a-t-il pas imposé à ses troupes l’Appel de Daoukro ? -, lui permet d’écarter toutes les dissidences.

Pour d’autres, Henri Konan Bédié doit laisser la place à la tête du PDCI, afin que celui qui peut être candidat en 2020 fasse déjà ses preuves à la tête du parti. Avant de prétendre réussir à la tête de l’État, celui qui aspire gouverner le pays et les Ivoiriens doit faire ses preuves à la tête de sa famille politique. En même temps, les Ivoiriens doivent s’habituer à lui, le connaître, connaître les orientations et les solutions qu’il propose. Pour permettre à ce candidat d’exister, alors que le RDR a un temps d’avance, le Président Bédié doit passer la main à la tête du Pdci. Comment faire confiance au PDCI, s’il n’existe pas au sein du parti une figure charismatique qui peut le diriger ?

Que cachait l’Appel de Daoukro ?

Certes, l’Appel de Daoukro est bien un choix historique qui a permis de sauver la République, garanti la stabilité politique et la Paix. Bédié a trop le sens de la politique et une vision prospective de l’Histoire qui le conduisent à vouloir maintenir la cohésion au Rhdp et la stabilité du pays, pour que l’on puisse interpréter l’Appel de Daoukro comme un aveu de faiblesse de sa part. Mais, en 2015, face à Ouattara, existait-t-il au Pdci un candidat charismatique suffisamment fort pour s’opposer au RDR ? Il ne s’agit pas de dévaloriser les uns et les autres, mais si Banny, Kkb, Essy Amara ou tout autre avaient été choisis en 2015, pour affronter Alassane Ouattara, quel aurait été le résultat ? Bien entendu en 2020, on aura un Rdr sans Alassane Ouattara, mais un Rdr, qui, même s’il subit les effets négatifs de l’usure du pouvoir, reste fort et riche de ses dix ans au pouvoir ! Où en seront, dans l’année 2020 , les nouveaux Kkb, Banny, Essy du Pdci ? Seront-ils suffisamment audacieux pour vouloir assumer le leadership au Pdci et remplacer Henri Konan Bédié, pour prétendre ensuite remplacer Alassane Ouattara ? Le Président Bédié aura-t-il choisi, fin 2019, le nom du candidat Pdci pour 2020? Qui dans l’esprit des Ivoiriens de tous les bords, est suffisamment charismatique pour succéder à Ouattara à la tête de l’État, et poursuivre la tâche de construction du pays dans le sillage des Présidents Houphouët Boigny, Bédié, Gbagbo et Ouattara ?

Le premier problème que doit résoudre le Président Bédié, l’Appel de Daoukro lui ayant permis de gagner 5 ans, ne se situe pas à l’intérieur du Rhdp ou par rapport au Rdr, il se situe à l’intérieur même du Pdci, car il lui faut trouver le bon candidat.

Il n’y a que deux cas de figure :
1) Le Rhdp présente en 2020 un candidat unique, issu du « parti unifié ». Ce candidat sera-t-il du Pdci ?
2) Le Pdci et le Rdr, tout en signant un accord de désistement au second tour, présentent chacun un candidat au premier tour. Le candidat du Pdci est-il sûr d’arriver devant le candidat Rdr ?

L’année 2018 sera pour le Président Bédié une année qui ne sera pas de tout repos, car avant de penser à 2020, il lui faut mettre en ordre la maison Pdci. Son souhait est de tenir le parti, car il connaît bien la formule populaire : « quand le chat n’est pas là, les souris dansent. » Les hommes politiques, comme les souris, aiment à profiter des espaces de liberté, lorsque l’autorité est absente. En politique, quand, dans un parti, le Chef est absent ou qu’il n’y a plus de Chef, le désordre s’installe à travers la guerre des « égo » et des « petits chefs ». N’est-ce pas ce qui se passe au Fpi : en l’absence du Chef Gbagbo, avec les « souris » Affi et Sangaré qui « dansent »? Pour éviter cela, aussi bien dans le cas du Fpi, que celui du Zimbabwé, le chef doit savoir clairement passer la main. Cela signifie au Pdci , de réaliser l’alternance hinc et nunc, avant d’aller plus loin.
Wakili Alafé

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