Côte d’Ivoire, Rencontre Gbagbo-Affi : Simone, décryptage et révélations

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En partant d’Abidjan, Pascal Affi N’Guessan a dit qu’il part rencontrer son patron. Laurent Gbagbo a bien compris le message : il se comporte en patron. Ainsi sa rencontre avec Affi, et la réconciliation au Fpi, pourraient ne pas se faire aux conditions de son ex-Premier ministre, excepté si elles échouent.

Le Président légal du Fpi a quitté Abidjan le mardi 19 mars 2019, pour se rendre en Europe, en vue de rencontrer le Président légitime et non reconnu par la justice Laurent Gbagbo, « son patron », comme il l’a dit lui-même selon le journal du Fpi, « Notre Voie », du mercredi 20 mars 2019, annonçant le voyage et la rencontre.

Prévue pour se tenir le jeudi 21 mars 2019, la rencontre n’a pas eu lieu le jour indiqué. Elle s’est muée, selon notre confrère Eventnews, en séance de travail à Paris, avec d’autres collaborateurs de l’ex chef de l’État. Selon le confrère, c’est après un accord de sortie de crise entre les deux tendances, que la rencontre avec Laurent Gbagbo , pourrait avoir lieu.

Ceux qui ont suivi la crise au sein du Fpi se souviennent que c’est la même démarche que Laurent Gbagbo avait toujours préconisée alors qu’il était en prison, et que Sangaré Aboudrahamane vivait encore. L’ex chef de l’État qui n’avait souhaité jamais une rupture définitive avec Affi, avait toujours plaidé un dialogue à l’initiative de Sangaré , sous l’autorité de Sangaré.

Selon nos informations, c’est Laurent Gbagbo lui même qui a appelé Affi au téléphone pour lui demander de venir. Euphorique, et surpris par l’appel et cette convocation qu’il attendait depuis plusieurs années, le Président du Fpi, n’a pas posé de préalable. Il s’est contenté d’informer ses très proches, et de choisir des collaborateurs pour l’accompagner. Il a quand même pris l’option d’ébruiter l’information pour mettre la pression sur le camp Gbagbo, et éviter de donner un caractère clandestin à la rencontre. Organisé donc à l’initiative et à la demande du Président Laurent Gbagbo, ce qui est déjà appelé « les discussions inter Fpi de Paris », devrait être être le point de départ d’un processus de retour de l’union et de la réconciliation au sein du Fpi.

Le schéma de sortie de crise proposé vise à demander à Affi N’Guessan de reconnaître Laurent Gbagbo comme le Président du parti, sans conditions. Il reviendra alors ensuite au « patron » de prendre les mesures nécessaires, pour renforcer l’union et le rassemblement au sein du parti, tout en tenant compte des intérêts de chaque camp.

Affi N’Guessan qui, à plusieurs reprises, a laissé entendre qu’il remettrait le parti à Laurent Gbagbo si celui-ci le lui demandait directement, sans intermédiaire, est ainsi mis à l’épreuve, après avoir toujours douté de la légitimité des gens qui parlaient au nom de l’ex Président, de son « patron ». Que va-t-il faire maintenant que le « patron » lui-même, montre qu’il veut être le maître du jeu?

Après avoir entamé un rapprochement avec l’opposition comprenant le Pdci , en prenant ses distances d’avec le Rhdp au pouvoir, comment Affi N’Guessan pourrait-il continuer une ligne de conflit et de rupture avec le camp Gbagbo ? Ne prendra-t-il pas ainsi le risque d’un isolement, même si le camp Ouattara espère toujours pouvoir profit tirer des dividendes de la division au Fpi ?

Cela dit, pourquoi pendant ce temps, quelques observateurs voient dans les discussions de Paris, un plan visant à fragiliser Simone Gbagbo, et empêcher son leadership sur le Fpi ?

« Si c’est le cas, il en faut plus pour ébranler Simone Gbagbo. Le Fpi n’avait pas à être divisé. Si le parti se réconcilie , en quoi cela peut-il être un problème pour Simone Gbagbo qui n’a jamais souhaité cette division, et qui ne pouvait pas en tirer profit, au cas où elle était mise devant ? Dans tous les cas, seul un Fpi uni est à même de faire son affaire, comme celle des autres. Le Président Gbagbo est en train de montrer certes, qu’il est le chef, mais surtout qu’il a malgré tout besoin d’Affi N’Guessan. Il ne peut pas montrer qu’il a besoin d’Affi, et pousser Simone Gbagbo vers la sortie, ou la fragiliser. Cela ne répond à rien. Nous sommes en politique, nous ne sommes pas dans une télé novelas. Simone Gbagbo est certes son épouse, mais elle aussi une actrice politique. Lorsqu’il était Président et au Palais présidentiel, elle ne s’était pas contentée d’être une Première dame à ne rien faire, ou à rester uniquement dans l’humanitaire  ; ce n’est pas maintenant que le parti doit reconquérir le pouvoir, qu’on lui dira de se taire, de ne plus faire la politique. Laurent Gbagbo peut avoir une rupture d’autres liens avec son épouse, mais ceux qui parient sur une rupture politique entre lui  et Simone Gbagbo, pendant qu’une union avec Affi est en cours, ne peuvent pas avoir raison », croit savoir sous couvert d’anonymat, un cadre du Fpi, qui attend beaucoup des discussions de Paris.

Charles Kouassi

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