Interview-Linda Vallée Nanan : la Fondation Jeunesse Numérique a été créée pour…

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Comment expliquer la création de la FJN (Fondation Jeunesse Numérique) ?

La Fondation Jeunesse Numérique a été créée dans un contexte de lutte contre le chômage des jeunes et de développement de l’économie numérique. Il était important de créer une structure de soutien à l’innovation et à l’entreprenariat numérique. Après que le Ministre Bruno Nabagné KONÉ a demandé à ses conseillers de lui soumettre des solutions concrètes, le format et les statuts de la Fondation lui ont été proposés par l’un d’entre eux, M. Modibo SAMAKÉ. Les objectifs premiers de la Fondation étaient la sensibilisation des jeunes aux TIC, la détection puis l’accompagnement de projets innovants.

Les membres fondateurs sont le Village des Technologies de l’Information et de la Biotechnologie (VITIB), l’Ecole Supérieure Africaine des Technologies de l’Information et de la Communication (ESATIC), l’Agence Ivoirienne de Gestion des Fréquences (AIGF), l’Agence Nationale pour le Service Universel des Télécommunications (ANSUT), l’Autorité de Régulation des Télécommunications/TIC de Côte d’Ivoire (ARTCI), le Directeur de Cabinet du Ministère en charge de l’économie numérique et un Conseiller Technique dudit ministère. M. Le Ministre en charge de l’économie numérique parraine la Fondation et lui accorde son soutien constant.

Vous êtes une fondation qui est sous la tutelle du ministère ivoirien de la Communication, de l’économie Numérique et de la Poste. Cela ne perturbe-t-il pas votre mission?

Au contraire, c’est un atout certain. Le ministère est régulièrement contacté par de jeunes porteurs de projets innovants, par des acteurs importants de l’écosystème de l’économie numérique, par des partenaires étrangers etc… La Fondation Jeunesse Numérique bénéficie donc de l’ensemble de ces contacts, et peut donc se positionner comme un acteur charnière, en mesure d’établir des liens clés pour la consolidation et l’amélioration de l’écosystème d’accompagnement des startups ivoiriennes.

Vous êtes une fondation qui soutient, accompagne et finance les entreprises et start up, comment se fait la sélection de ces start up?

Je reviendrais avant tout sur la formulation de la question en insistant sur le fait que le financement direct des startups est une partie infime de nos activités. Plus importantes sont les actions de formation, de sensibilisation, de mise à disposition d’espaces de travail, de coaching, de mises en relation stratégiques, d’aide à la recherche de financement et de mentorat.
Cependant, un certain nombre de startups n’ayant besoin que de montants limités à un certain stade de leur développement, elles ne peuvent faire appel à certains investisseurs qui ne financent pas au-dessous de plusieurs dizaines ou centaines de millions de FCFA. C’est là que la Fondation Jeunesse Numérique peut décider d’intervenir, pour ces « petits tickets », en s’autorisant, après analyse, certains règlements de factures fournisseurs, certaines avances pour permettre à des promoteurs d’honorer des marchés en attente, etc… La sélection des startups se fait par appel à projets. Le prochain sera bientôt annoncé sur le site www.fjn.ci.

Les principaux critères de sélection sont l’existence d’une composante numérique forte, le caractère innovant du projet, la qualité du profil du promoteur principal et la réponse apportée à un problème concret de la société, améliorant ainsi la qualité de vie de la population ivoirienne.

Les TIC sont ils le secteur d’activité primordial pour la sélection, puisque votre Fondation est sous la tutelle dudit ministère ?
Ou tous les domaines d’activités sont concernés ? 

Les projets que nous accompagnons doivent avoir une composante numérique mais peuvent concerner divers domaines d’activités. Prenons à témoin la promotion actuelle qui comprend une quarantaine de projets dans les domaines du transport, de l’éducation, de la santé, de la finance, de l’audiovisuel, du marketing, etc…

Combien d’entreprises et startup aviez vous formé, coaché et financé depuis votre création à ce jour?

Lors du premier appel à projets, 800 candidatures avaient été reçues. Parmi elles, 200 projets avaient été sélectionnés sur dossier afin d’être incubés pendant une période de quatre mois au sein de l’ESATIC. Pour la phase d’accélération, nous accompagnons une quarantaine de projets. Cela comprend les mises en relation stratégiques, le mentorat, l’aide à la recherche de financement.

Vous êtes une fondation, d’où proviennent les ressources devant servir au financement des startup et à votre fonctionnement ?

À ce jour, ce sont les membres fondateurs qui fournissent à la Fondation les ressources nécessaires à son fonctionnement et à l’accompagnement des startups. L’AIGF, l’ARTCI et l’ANSUT contribuent financièrement. L’ESATIC et le VITIB mettent à la disposition de la Fondation leurs locaux et, si besoin leurs ressources humaines.
Des démarches sont en cours afin de bénéficier de fonds de certaines institutions financières internationales.
La Fondation, de par ses objectifs, est effectivement éligible à plusieurs programmes.
Elle travaille avec différents types d’investisseurs afin de permettre le financement des startups : business angels, banques, fonds d’investissements privés, autres fondations.

Quelles sont les priorités pour la FJN dans les années et mois a venir?

Dans les mois à venir, priorité est donnée à l’organisation du prochain appel à projets ainsi que d’actions de sensibilisation pour les jeunes.

L’établissement de partenariats-clés est aussi une priorité. Ceux-ci pourront être révélés après signatures.
À plus long terme, il nous faudra diversifier les sources de financement de la Fondation et accroître l’espace physique disponible pour les startups. Pour l’instant, le siège de la Fondation est au VITIB et nous utilisons ponctuellement les espaces mis à disposition par l’ESATIC. Par la suite, nous souhaitons créer un véritable hub de l’innovation rassemblant des centaines de jeunes innovateurs dynamiques dans un environnement stimulant pour leur développement. L’objectif reste bien de faire des startups accompagnées des entreprises robustes et compétitives dans le domaine des TIC, capables de s’illustrer brillamment sur l’échiquier international.

Les start up peuvent-elles réellement compter sur votre fondation, la  Fondation Jeunesse Numérique?
Si oui, pourriez vous leur lancer un message clair.

La réponse est oui. La Fondation Jeunesse Numérique est dédiée à ces startups numériques ivoiriennes. Nous demandons à nos jeunes d’être attentifs à leur environnement, soucieux du bien-être de leurs communautés, de réfléchir et de trouver des solutions numériques innovantes aux problèmes rencontrés par nos populations, de faire preuve de curiosité, d’acharnement au travail et d’audace, de croire en un avenir lumineux pour leur pays et à l’impact qu’ils peuvent et doivent avoir sur son développement. La sensibilisation, la formation, l’accompagnement des meilleurs projets, sont de la responsabilité de la Fondation Jeunesse Numérique.

Votre mot de fin

 

Merci aux « startuppers », à ces jeunes pousses, d’avoir choisi la voie de l’entreprenariat qui n’est certainement pas large et plane, mais demande courage, vision et persévérance. Merci à M. le Ministre Bruno N. KONE, aux membres fondateurs et à ceux du bureau exécutif pour leur dévouement et leur souci constant pour ces jeunes entrepreneurs numériques.

Charles K, avec Jean Paul A.

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