Les Samedis de Biton : L’ARTISTE ET L’HOMME POLITIQUE

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J’aurais pu ajouter les footballeurs ou les sportifs. Mais ceux-là ont une gloire éphémère. Elle ne dure que le temps de sa carrière. Même si on continue de parler de lui, rien ne grave dans la roche ses exploits. Personne ne peut dire où se situe les exploits de Raymond Kopa. On comprend alors, combien d’anciennes gloires sportives sombrent dans la dépression, l’alcool et les stupéfiants après leur effacement de l’actualité. Dans le domaine sportif, tous les cinq ans, une nouvelle star surgit pour mieux disparaitre huit ans plus tard, remplacée par une autre. Avouez que c’est difficile de vivre dans l’anonymat après avoir brillé sous le soleil. Au fait que devient GuelTchiressoua ? Ce footballeur talentueux des Éléphants et de plus clubs professionnels en France ? Complètement disparu des radars. L’artiste et l’homme politique vivent des destins différents, il n’en demeure pas moins que les chanteurs pour que leur voix dépasse les siècles doivent mettre en musique classique leur composition. Des tentatives de faire du classique de la musique africaine ont donné des succès. Imaginez Taxi Sougnon de Bailly Spinto en classique ou dans une symphonie. Elle sera pour toujours et écouté même en Uruguay. On aura plus la barrière de la langue comme prétexte pour ne pas écouter. Dans un monde de plus en plus nationaliste, la musique africaine pour se perpétuer doit trouver un langage universel. C’est vrai que cette reconversion va coûter cher mais c’est la seule voie pour « milliardiser » nos artistes. Qui connait les rois ou premiers ministres de l’époque de Mozart ? Personne. Même à Vienne. Si je compare l’artiste et l’homme politique, c’est à cause des critiques que les deux professions subissant de la part du peuple. Dans de nombreuses chansons ou dans les interviews, les artistes se plaignent constamment d’être la cible du public. Ils dénoncent les mensonges, les jalousies. On se souvient d’une chanteuse qui a dit que si elle savait que c’était ainsi, elle n’aurait pas sorti un CD. Elle dit que depuis la sortie de sa production elle a été accusée de vendeuse de drogue, de dealer. On ne parle pas de ceux ou celles qui ont été accusés de faire partie des homosexuels, des acteurs et actrices de films pornographie. Presque tous les chanteurs et chanteuses ont dénoncé les calomnies contre eux. C’est triste ! Beaucoup parmi eux n’ont pas fait de philosophie, encore moins lu des œuvres qui ont marqué les siècles pour comprendre que la pierre est toujours lancée contre la mangue sur les branches et non contre celle pourrie tombée au sol. Ils doivent comprendre que la célébrité, le succès, la gloire et même la richesse ont un coût. Et cela est payé par les calomnies, les inventions sur sa personne. Et que la seule attitude à suivre contre toutes les critiques c’est de corriger certaines imperfections et toujours créer. Au moment où j’ai commencé cette chronique, j’ai déjà écouté dix artistes se plaindre des jalousies et des calomnies. C’est une faute de leur part. Tant qu’ils auront du succès, ils seront toujours les fusibles de tous ceux que le destin n’a pas permis de se distinguer et de s’élever de la société. Une vie anonyme dans une société de communication est pire qu’une prison. On en sort qu’en jetant des baves contre les autres. Ceux qu’on croit avoir réussi. C’est pourquoi, j’ai tenu à associer les artistes aux politiciens. J’admire les hommes politiques. Et encore plus les femmes politiques. Ils suffisent qu’ils s’engagent dans une élection qu’ils entendent n’importe quelles bêtises contre eux. Contrairement aux artistes, les politiciens ne se plaignent pas. Ils continuent leur travail sur le terrain. Comme François Mitterrand l’a dit, la politique c’est l’indifférence. Un politicien sait d’avance qu’en rentrant dans cette carrière il doit faire face à toutes les intrigues et les cabales contre lui. Et c’est sa capacité d’y résister qui fait de lui un vrai politicien. Un jour des militants du parti de Félix Houphouët-Boigny courent vers lui pour dénoncer l’opposition qui s’en est pris à lui au cours d’une marche. En rigolant, sa réaction fut celle-ci : « Ils n’ont fait que salir leur bouche. Qu’ils marchent autant de kilomètres qu’ils veulent, ils ne font que détruire leurs semelles et donner du travail aux cordonniers. » Un vrai politicien a trop de boulots à faire que de s’attarder sur des faits divers. À moins d’avoir des sofas pour cela ou des répondeurs automatiques pour jouer ce rôle. Les artistes doivent comprendre la leçon des hommes politiques et tout ira mieux et bien pour eux. Ainsi va l’Afrique. À la semaine prochaine.
Par Isaïe Biton Koulibaly

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