Libération de Simone Gbagbo, amnistie Ouattara Des Ivoiriens expriment craintes et étalent leurs désaccords sur Rfi

2314

Dernère publication

L’émission “Appel sur l’actualité“ de la radio internationale Rfi a été le cadre le mardi 14 août 2018, d’une guerre d’opinion entre des Ivoiriens. Partagés sur le bien fondé de la loi d’amnistie prise par le Président Alassane Ouattara le 6 aout 2018, ils ont soit, encouragé ou condamné la mesure en raison de la nouvelle configuration politique qu’elle apporte sur la scène nationale.
Appelant de Yopougon, Alain s’est réjoui de ce que la libération de l’ex-Première Dame et de certains de ses camarades du Fpi, rabatte les cartes sur la scène politique. Pour lui, cette libération aidera à rééquilibrer le débat politique. «Pour moi la redistribution des cartes est bonne pour un enrichissement du débat politique. Avant ce coup de tonnerre, on avait d’un côté, un Fpi affaibli qui cherchait ses marques. Et de l’autre, le Pdci faisait du suivisme derrière le Rdr. Il n’y avait pas un réel débat politique. Avec cette situation, certains partis seront courtisés et mettront sur la table, un certain nombre d’éléments idéologiques qui feront avancer les choses. Ce rééquilibrage ne doit pas faire peur. Une alliance politique est circonstancielle. On a un objectif commun à un moment donné. Quand il est atteint, les clivages idéologiques refont surface. C’est le jeu politique. Une alliance n’est jamais contre-nature. Je trouve que, c’est justement ce qu’il faut pour redonner vie au débat politique qui était endormi depuis longtemps. Il y avait une sorte de pensée unique qui se mettait en place. Aujourd’hui, la scène politique est redynamysée», a-t-il estimé. Une opinion partagée par Hamed, un auditeur qui a appelé d’Adjamé. Mais, dans son développement, il s’est plus attardé sur les conséquences de cette libération pour le Pdci-Rda de Henri Konan Bédié. Un parti qui a quitté le Rhdp et qui file désormais le grand amour avec le Fpi. Pour lui, le parti sexagénaire gagnerait à revenir au Rhdp, d’autant plus, estime-t-il, que le Président Bédié ne pourra jamais s’imposer dans une opposition, avec Simone Gbagbo et Aboudramane Sangaré. Surtout que, pour lui, le Pdci détient toujours des cadres dans les hautes fonctions de l’État. «Le Pdci est le grand perdant de ce chamboulement. Car, voilà 8 ans que ce parti est en cogestion du pouvoir avec le Rdr. Le parti a plusieurs de ses cadres au gouvernement et dans la haute administration. Il n’aura aucune légitimité à jouer un rôle dans l’opposition. C’est pourquoi je dis que ce bouleversement politique n’est pas à son avantage. Et puis, il n’y a pas trois pôles, comme tendent à le faire croire certaines personnes. Il y en a deux. C’est-à-dire, le Rhdp Unifié et le Fpi dirigé par Aboudramane Sangaré et Simone Gbagbo. Le Pdci gagnerait donc à se ressaisir et revenir au sein du Rhdp où il a toute sa place. Il n’a pas de place à prendre dans l’opposition. Il ne pourra pas critiquer le pouvoir. Je pense que ce parti risque de s’isoler, se retrouver sans aucun poids politique et finir par se disloquer, s’il s’entête sur cette voie», a-t-il laissé entendre. Pour Raphaël, un auditeur, résidant dans la commune d’Abobo, la décision du Président Ouattara de libérer les détenus de la crise post-électorale, est un calcul politique. Car, selon lui, si le Chef de l’État avait vraiment voulu gracier l’ex-Première Dame, il n’aurait pas attendu aussi longtemps. « (…) Si le Président Ouattara voulait vraiment libérer Simone Gbagbo et les autres, pourquoi avoir attendu 7 ans pour le faire ? Alors que nous attendions la décision finale de la procédure justicière engagée contre elle, il nous surprend avec cette décision avec laquelle il veut certainement se faire passer pour le père de la réconciliation. Il aurait dû laisser la justice faire son travail. Il nous aurait ainsi démontré la séparation des pouvoir. Si le Président a libéré Simone Gbagbo et les autres leaders de l’opposition significative, c’est parce qu’il sait qu’il est au soir de son règne. (…) Je pense que Simone Gbagbo pourrait revenir sur la scène politique dans l’optique de 2020. Je trouve c’est une bonne chose», s’est-il réjoui. Amadou, qui a appelé de la banlieue parisienne en France, et d’autres intervenants, ont souhaité que le probable retour de Simone Gbagbo sur la scène politique, et la coalition annoncée entre le Pdci-Rda et le Fpi, ne ressuscitent pas le retour des « vieux démons de l’ivoiritè qui ont fait tant de mal à la Côte d’Ivoire », selon leurs propos.
J-H Koffo

Commentaire

PARTAGER