Alexis Dieth- Les législatives de mars 2021, une épreuve de vérité en Côte d’Ivoire

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Comme le révèlent les résultats de ces législatives du 6 mars 2021 dernier, une véritable épreuve de vérité après une décennie de boycott électoral conclue par une tentative d’insurrection et de prise du pouvoir d’Etat par la force, l’extrême- droite identitaire xénophobe ivoirienne est électoralement ultra-minoritaire dans le pays.

Le Fpi et le Pdci-Bédié, ces deux figures de prou de l’extrême-droite identitaire xénophobe et populiste ivoirienne ont été incapables de prouver par les urnes qu’elles incarnent effectivement la majorité politique en Côte d’Ivoire.
l’ethno-nationalisme séparatiste, divisionniste et exclusionniste d’épuration est une fabrication idéologique artificielle imposée de haut à la société ivoirienne par ces nomenclatures partisanes au moyen de la propagande, de la désinformation, de la manipulation mentale et de l’intoxication psychologique.
Après les 16% de l’élection présidentielle calamiteuse de 2000, “la majorité” très problématique qui lui permit de prendre le pouvoir d’Etat et après avoir refusé de consentir à sa défaite électorale en décembre 2010 au terme d’une gouvernance décennale sans élection, le Fpi de Laurent Gbagbo s’était enfermé dans le boycott électoral et avait choisi la voie de l’insurrection pour tenter de reconquérir le pouvoir, en prétendant arbitrairement être la force politique majoritaire en Côte d’Ivoire.
En cette élection législative de mars 2021 à laquelle ce parti a finalement consenti à se présenter, les 2 sièges conquis par le Fpi officiel tendance Affi et les 8 sièges conquis par le Fpi officieux tendance Laurent Gbagbo dont Eds n’est que le faux nez, démentent la prétention de ce parti d’incarner la majorité politique en Côte d’Ivoire depuis un quart de siècle.
Les 23 sièges conquis par le Pdci-Bédié qui prétendait lui aussi incarner la majorité politique en s’abritant sous l’ancienne popularité du Pdci-rda de Félix Houphouët-Boigny dont il n’est réellement qu’une faction dévoyée, laissent voir une imposture.
portée par le Pdci de Henri Konan Bédié et le Fpi de Laurent Gbagbo, l’ethno-nationalisme séparatiste xénophobe qui surgit périodiquement lors des temporalités électorales en Côte d’Ivoire est politiquement ultra-minoritaire.
Ce repli identitaire épurateur de type séparatiste n’exprime guère une demande politique en provenance de la masse de la population ivoirienne .
Cette revendication identitaire qui en appelle à l’autochtonie ne relève ni d’une réaction défensive de paysans ivoiriens luttant contre des expropriations de l’agro-business mondiale , ni de la résistance politique d’élites d’un pays du tiers-monde s’appuyant sur leur culture ethnique pour rejeter l’expansion invasive du libéralisme financier dérégulé et la domination des puissances de l’économie globalisée.
En côte d’ivoire l’ethno-nationalisme séparatiste, la revendication identitaire xénophobe d’épuration est prosaïquement le fait d’une ultra-minorité d’oligarques locaux en mal de pouvoir , de domination et de prédation .
Le ploutocrate cotataire Henri Konan Bédié épris de champagne, de cigares cubains, propriétaire d’un hôtel particulier dans le 16 ième arrondissement parisien, n’est nullement le représentant des paysans baoulé du centre de la Côte d’Ivoire qu’il assigne dans leur terroir avec un lapidaire “un baoulé reste un baoulé” pour mieux les utiliser comme bétail électoral communautaire afin de satisfaire ses intérêts particuliers d’oligarque.
Se donnant mutuellement la main dans une communauté d’intérêts de classe, des acteurs politiques ivoiriens et une partie de l’intelligentsia universitaire se sont spécialisés dans la manipulation politique de l’identité ethnique pour s’approprier l’Etat et le gouvernement afin de faire prévaloir leur prétention de pouvoir et défendre leurs intérêts particuliers de dominants.
Depuis les années 1995 cette escroquerie politique est récusée et rejetée par le pays profond et la masse de la population ivoirienne qui vient de confirmer cette défiance dans les urnes en ces législatives après l’avoir précédemment régulièrement exprimé dans les urnes à chaque élection depuis décembre 2010.
Redisons-le, les 2 sièges du Fpi tendance Affi, les 8 sièges du Fpi tendance Laurent Gbagbo dont Eds est le faux nez et les 23 sièges du Pdci-Bédié en cette législative de mars 2021 confirment l’ultra-minorité et le caractère artificiel de la revendication identitaire en Côte d’Ivoire .
Dans les états post-coloniaux africains la revendication identitaire ne vient jamais de la masse de population, de la base de la société.
Elle vient toujours des élites et des dirigeants politiques qui font de l’ethnie et des confessions religieuses des armes de combat politique , un usage opportuniste et instrumental dans la lutte pour le pouvoir .
En ces élections législatives ivoiriennes de mars 2021 cet axiome est vérifié.
Le Pdci-Bédié et le Fpi, les figures de l’extrême-droite identitaire séparatiste xénophobe ont fait emblématiquement leurs scores dans les quartiers résidentiels d’Abidjan, la capitale économique du pays.
Le pays profond a accordé majoritairement son suffrage au Rhdp, la force centriste libérale-sociale locale. l’ethno-nationalisme ivoirien et africain en général vient toujours des classes dominantes et jamais de la masse de la population.
L’identité ethnique et les confessions religieuses sont manipulées et instrumentalisées par les élites et les dirigeants autrement dit par les classes dominantes locales pour contester la démocratie et installer des dictatures kleptocratiques communautaires qui permettent de préserver des intérêts de classe et de conserver le statu quo des antiques dominations au détriment de la masse de la population.
l’ethno-nationalisme opportuniste des élites et acteurs politiques africains à l’ère de la démocratie pluraliste est un instrument de réajustement structurel de la domination de classe.
Les enjeux du combat démocratique ivoirien en particulier et africain en général devraient être éclairés par cette perspective.

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