Anaky Kobenan : Il n’y aura pas de réconciliation, vraie et totale, sous Ouattara

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Depuis la Présidentielle de 2010, et la prise effective du pouvoir d’état par Alassane Ouattara, en Avril 2011, nous étions presque tous habités de la certitude que la Côte d’Ivoire venait de faire un magistral faux pas historique, en se jetant dans les bras d’un faux messie.

Nous n’allons pas remuer le couteau dans la plaie béante et sanguinolente que chacun de nous héberge en son être, et surtout en sa conscience, depuis bientôt neuf ans, de 2011 à aujourd’hui.

Notre pays a régressé sur tous les plans : économique, social et politique, et les performances de bonne gouvernance qui sont déclamées tous les jours paraissent concerner un pays autre que celui dans lequel nous nous trouvons réduits.

C’est très vite, dès 2011 et 2012, que les trois grandes griffes de signature du nouvel homme fort s’affichèrent :

I- Tout d’abord, l’homme, présenté comme intellectuel libéral ayant étudié et exercé dans les grands cénacles de l’Occident, se révèle être imperméable à l’échange et à la discussion, car tout devait lui être soumis.
Du jour au lendemain, même ses partenaires politiques devaient se mettre aux ordres, et ses collaborateurs les plus proches durent apprendre à baisser les yeux et plier l’échine devant cette montagne d’autorité hégémonique et inflexible.

II- Ensuite, pour le leader d’un pays qui venait de vivre la crise post-électorale atroce que la Côte d’Ivoire a enduré début 2011, l’apaisement, le pardon et la réconciliation semblent des dispositions imperméables à son esprit.
En effet, bien que se trouvant au sommet de l’état, et, ainsi placé, le mieux loti de tous ceux qui avaient été partie prenante à la déflagration, il s’est révélé mû par des sentiments de haine et de rancœur d’un niveau difficilement compréhensible.

Briser et broyer tous ceux qui ont pu se dresser contre ses ambitions a été pour lui une obsession, et savoir ses adversaires politiques d’hier, soit en exil par milliers, soit emprisonnés dans des conditions inhumaines, est un filtre de jouissance maléfique dont il ne peut se rassasier. Le sort des militaires qui n’ont pas couru se mettre au service de sa cause ne lui semble même pas mériter d’être évoqué !

Il n’y aura pas de réconciliation, vraie et totale, sous Ouattara parce que son être entier s’y refuse obstinément. Prenons-le donc comme cela !

III- Enfin, et c’est l’un des constats le plus déroutants, la grande image projetée de Ouattara dans la toge de plus grand expert en économie du continent, s’est progressivement désintégrée.
Il se trouve qu’après neuf années, l’économie, Ivoirienne ne décolle pas, hormis les points de compensation que connait tout pays sortant de régression et de destruction massive de biens et infrastructures par les faits de guerre ou de crise armée.

Aussi tout le monde commence à se remettre d’une énorme confusion :

A savoir que le banquier est un travailleur de l’argent et de la monnaie pris en tant qu’entités ou matièrespremières à gérer et à faire fructifier ;

Mais le banquier, surtout central, n’est pas le grand chef de la grande orchestration de l’économie, qui touche et imbrique l’agriculture, l’artisanat, l’industrie, le bâtiment et les travaux publics, les services tels que l’hôtellerie, les banques, les assurances, et les transports, même la santé et laculture (cinéma, musique, littérature, etc…)

C’est l’ensemble de ces activités, les comportements de tous leurs acteurs et la réception de la population, qui est le grand consommateur final, qui constituent le jeu fluctuant de l’économie ; sans oublier l’extérieur, puisque nous importons et exportons massivement pratiquement de tout.

Le banquier a certes un œil sur tout cela, mais son champ d’expertise reste l’argent et la monnaie.

Et la Côte d’Ivoire paiera encore longtemps le fait d’avoir à ses commandes le non économiste Ouattara, qui reste grand banquier international et réussit ainsi à solliciter et obtenir des prêts à un rythme soutenu, et quelques fois même effréné, et fait tourner l’appareil d’état essentiellement par des emprunts ; la Côte d’Ivoire est passée d’un endettement global de 4680 milliards CFA en 2012 à un total de 11039 milliards en 2018, total qui pourrait culminer à 15781 milliards en début 2020.

L’homme semble à ce jour peu préoccupé par leur remboursement ; et c’est à longueur de journée, que, toutes corporations confondues, les Ivoiriens hommes d’entreprise, se plaignent de ne pas trouver auprès du Chef d l’Etat et du Gouvernement l’écoute et la connivence qui devraient s’imposer lorsque l’on déclare ambitionner de porter l’économie d’un pays à un niveau de haute référence. Chaque nouvel emprunt est célébré comme une prouesse obtenue de haute lutte, mais on ne développe ni l’économie, ni le pays, les emplois demeurent rares, et la pauvreté règne !

Ivoiriennes, Ivoiriens, de nombreuses alertes furent lancées par des leaders politiques et de la société civile dès 2011, et elles furent régulièrement réitérées.

Tout le monde se souvient que déjà, dès 2012, le MFA, parti pourtant membre fondateur du RHDP, invitait le peuple à ouvrir les yeux, les premières lignes de la gouvernance Ouattara n’étant pas des plus rassurantes.

Comble d’infortune, Les espoirs cachés du plus grand nombre, de voir un changement s’opérer en 2015, furent brutalement noyés dans l’œuf par le fatidique appel de Daoukro du 17 Septembre 2014.

Et le calvaire du pays de se poursuivre jusqu’à nos jours, jusqu’à ce que commencent à pointer les élections de 2020.

Et c’est alors qu’en Août 2018, Henri Konan Bédié, président du PDCI et Président du Présidium du RHDP, faisait connaître la décision de son parti de ne plus faire route commune avec ce même RHDP, ramené au RDR et à son Président Alassane Ouattara ; sa décision d’adopter désormais le statut d’opposant se concrétisera dans les semaines qui suivirent, rejoignant les partis de l’opposition et organisations de la société civile qui n’avaient eu de cesse de dénoncer la dérive autoritaire du régime Ouattara.

Et c’est le même courant de faveur prémonitoire qui, en Janvier 2019 amènera, la Cour Pénale Internationale de la Haye à prononcer l’acquittement et la libération de Laurent Gbagbo, la troisième pointe du tridium politico-social ivoirien.

Que toutes les Ivoiriennes et tous les Ivoiriens ne retiennent de ces grands évènements de ces dix derniers mois que le grand signe positif d’une lueur qui commence de poindre et grandir dans le firmament gris de notre pays.

Ivoiriennes, Ivoiriens, à dix-huit mois de la prochaine présidentielle, ne prêtons l’oreille qu’au seul son de cloche qui nous réunira, celui de l’appel de la patrie en détresse.

Saluons et célébrons longuement le retour à la liberté de Laurent Gbagbo qui va, plus intensément que par le passé, consacrer son nouveau regain de vie à la lutte pour la cause de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens. Il sait que tous lui reconnaissent sa dévotion à la nation. Vive donc le combat du FPI et de ses alliés !

Et que Laurent Gbagbo retrouve le sol natal au plus tôt !

Réjouissons-nous de la rupture historique opérée par Aimé Henri Konan Bédié, qui, avec le grand PDCI de référence d’Houphouët, a retrouvé son camp et pris la place qui lui revient dans la lutte pour sortir la Côte d’Ivoire et ses peuples de cette dure et infamante épreuve. Bravo au nouveau combat du PDCI et de ses alliés et plein soutien à la nouvelle ligne de Konan Bédié !

Mais ne nous arrêtons pas en si bon chemin,

Interpellons tous nos frères encore dans la grotte obscure du RDR / RHDP, pour les inviter à se laver la figure et ouvrir grands les yeux.

Oui, ils ont encore en mains le choix de leur destin. Les portes du village Ivoire demeurent largement ouvertes à tous !

Personne n’a encore trahi, le cercle demeure ouvert à tous ! Et nous y avons tous notre place ! Qu’aucun fils de ce pays ne s’enferme et ne se condamne à s’engager sous une bannière déjà sans âme et pour une cause déjà perdue.

Que des filles et fils de ce pays, supposés faire partie de ses élites, arrêtent de se prêter à la farce sinistre du yoyo des pompes hydrauliques lorsqu’un pouvoir qui se déclare la dream team en gouvernance, révèle à la face du monde ébahi que jusqu’à 21000 pompes sont en panne en zone rurale ! on attendait plutôt l’annonce des derniers châteaux d’eau à ériger !

Et encore, le budget annoncé pour les réparations ou réhabilitations parait être un record de surfacturation, mais précampagne présidentielle du RHDP oblige !

Laissez dès maintenant Alassane Ouattara s’en retourner seul d’où il est venu !

Epargnons à notre pays l’affrontement qui semble poindre inéluctablement lorsqu’il faudra bientôt décider du cadre général d’organisation des élections et de la nouvelle liste électorale qui sortira du dernier recensement général de la population, attendus avec impatience mais vigilance par tous.

Car nous savons déjà que le pouvoir Ouattara se cabrera et ne voudra en faire qu’à son gré en persistant dans le déni de démocratie et de transparence !

Parlons-nous, Ecoutons nous les uns les autres, et épargnons-nous une nouvelle crise cruelle qui achèvera de précipiter notre pays dans l’abime !

Ivoiriennes et Ivoiriens aux Amériques, en Europe, en Afrique et ailleurs dans le monde, vous avez déjà commencé à vous retrouver pour partager vos craintes pour le pays.

Ici en Côte d’Ivoire, tout est déjà rassemblé et accompli ! Autorités Traditionnelles et Religieuses, société civile, tout le monde est déjà dans cette fusion. Maintenons la flamme.

Engageons-nous tous pour une Côte d’Ivoire de réconciliation et de paix !

Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire !

Abidjan, le 8 juin 2019

Le Président du MFA

KOBENA. I. ANAKY

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