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Bahin ZaoBoun Président Exécutif du Conseil Africain des Jeunes Entrepreneurs Francophones, dans une interview accordée à l’IA invite la jeunesse africaine à développer les potentialités de l’Afrique et à se surpasser de l’immigration clandestine.
Vous avez récemment organisé un forum à l’endroit des jeunes entrepreneurs des pays francophones. De quoi a-t-il été question ?
Nous ne pourrons parler du forum sans mettre en lumière la quintessence du CAJEF. Le Conseil Africain des Jeunes Entrepreneurs Francophones (CAJEF) est une association d’entrepreneurs, créée par et pour les entrepreneurs francophones africains. Il a objectif dans un premier temps d’inciter la jeunesse francophone à l’entrepreneuriat, ensuite favoriser la création des conditions d’émergence des jeunes entrepreneurs et pour finir, être une plateforme d’opportunité d’affaires et d’échanges entre les membres de notre réseau. C’est dans cette perspective que nous avons initié ce forum, qui est avant tout, le premier forum économique des entrepreneurs francophones se voulant un cadre d’échange autour d’un idéal qu’est le développement du sens des affaires dans la zone francophone d’Afrique.
Vous jeunes entrepreneurs des pays francophones aviez décidé de vous mettre ensemble pour développer les potentialités de l’Afrique. Comment comptiez-vous y procéder ?
Nous savons tous et ceci est un secret de polichinelle que notre continent est riche. Il regorge de plus de 30% des ressources naturelles mondiales. Selon la FAO, 60% des terres arables mondiales inexploitées se trouvent en Afrique. Mais le paradoxe est que notre continent et surtout sa zone francophone a un état de précarité il faut le dire, avec les guerres, la famine, le chômage et l’immigration clandestine dont la jeunesse en est la victime principale. Selon le rapport de l’Institut des Nations Unies en charge de la démographie (INED), publié en 2015 et intitulé « Tous les pays du monde », d’ici 2050, la population africaine augmentera de 111 %, pour atteindre 2,5 milliards, soit 1,3 milliard de nouveaux habitants. D’aucuns diront que cette croissance apparaitra comme un handicap à terme car les États concernés devront se montrer capables de produire les ressources nécessaires aux besoins de ce supplément de population, besoins en alimentation, santé, éducation, habitat, transports, emploi… Bref, assurer le minimum vital décent. Cette assertion peut paraitre plausible, mais nous au CAJEF nous voyons dans cette croissance une opportunité à saisir. L’anticipation par l’entrepreneuriat. Certes ce n’est pas la solution miracle mais il est à privilégier pour que les jeunes puissent poursuivre un idéal, prouver leurs compétences, avoir la réponse à leurs besoins de reconnaissance, en ayant le goût de l’aventure professionnelle, le sens des responsabilités. C’est-à-dire en ne dépendant plus d’une hiérarchie mais en étant l’acteur de sa propre réussite pour réduire le chômage et son corollaire de pauvreté. Nous voulons donner une autre image à la jeunesse francophone africaine. A court et moyen terme, nous voulons une génération consciente, soucieuse de sa mission. L’Afrique nous regarde, la génération qui va nous succéder nous observe. Nous lèguerons à la majorité de nos cadets le sens des affaires.
L’insertion professionnelle des jeunes en Afrique est un véritable problème. Avez-vous des propositions ou esquisses de solutions pour régler cette problématique?
C’est une triste réalité. Et c’est cette situation qui a motivé cette révolution entrepreneuriale. Je vais vous décevoir mais au CAJEF nous ne formons des chercheurs d’emploi mais plutôt des créateurs d’emplois. C’est pourquoi, pour donner au moins deux options à notre génération, le CAJEF s’est doté d’un Centre Africain d’Etudiant-Entrepreneur. Ce centre sera installé bientôt dans chaque pays où le CAJEF est présent. Parallèlement à leur formation académique et universitaire, nous permettons à nos jeunes frère et sœurs étudiants de bénéficier d’une formation théorique et pratique de l’idée jusqu’à la création et la pérennisation de l’entreprise. Et nous nous sommes donné un objectif de 10 entreprises minimum chaque année par pays.
Dans combien de pays francophones en Afrique le CAJEF est representé ?
Au lancement du Conseil, le 25 novembre 2017, nous étions présents dans sept pays. Jusqu’au Forum, nous sommes passés à douze pays. Juste après le Forum, nous avons le Gabon, la Tunisie et le Djibouti qui s’annoncent. D’ici fin 2019, nous comptons être présents dans plus de 25 pays. Nous y arriverons.
Quel appel avez-vous à lancer à l’endroit des jeunes entrepreneurs qui se lancent dans ce métier ?
Tous mes encouragements dans cette aventure enrichissante et passionnante. Mais aussi et surtout, je voudrais dire à cette génération que l’Afrique francophone a été piégée par sa propre culture. Nous sommes victimes d’un mauvais système culturel. Cela ne doit pas être une éternelle excuse. Cette jeunesse se dit que l’État peut tout faire et doit tout faire. C’est écœurant de penser ainsi. Des centaines de milliers de jeunes se mettent en rang chaque année pour une cinquantaine de places à la fonction publique. Nous disons ça suffit, il faudrait que ça change. N’ayons pas honte de copier le goût du risque chez nos frères anglophones. Nous épargnons 3 à 4 millions pour côtoyer la mort en passant par la mer. Cette même somme peut servir à créer un Business localement et s’épanouir décemment. N’ayons pas peur d’entreprendre. La jeunesse africaine francophone doit être audacieuse et persévérante. Elle doit s’ouvrir davantage au reste du monde. Les jeunes doivent être des acteurs majeurs du développement de notre cher continent. Ensemble nous devons conjuguer notre passion pour l’Afrique. Si nous ne faisons rien, rien ne sera fait pour nous. Le destin de l’Afrique est entre les mains de sa jeunesse. Pour notre génération et pour l’Afrique voyons grand.
OD avec GK
