Contribution Attention au cap du navire Ivoire!

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L’ex chef d’État ivoirien Laurent Gbagbo, rentré le 17 juin 2021 en Côte d’Ivoire, après dix années passées dans les mailles de la Cour pénale internationale (CPI), a décidé d’abandonner le Front populaire ivoirien (FPI), qu’il a fondé, à son ex-premier ministre Pascal Affi N’guessan, et créer un nouveau parti politique.

Il a exprimé, au cours d’un comité extraordinaire de son mouvement politique “Gbagbo ou rien”(FPI-GOR) le 9 août 2021 et lors d’une rencontre avec les membres de la plateforme Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS), le 10 août 2021 à Abidjan, son intention de créer avec des alliés et toutes les bonnes volontés, un nouvel “instrument de lutte pour les libertés de tout le monde”.
Il apparaît clairement au regard des dispositions prises par le “père de la démocratie” en Côte d’Ivoire, qu’il compte jouer un rôle de premier plan sur l’échiquier politique national. D’autant que dès les premières heures de son retour au pays, il a réaffirmé son statut de “soldat” pour la cause du peuple. Dans cette perspective, disposer d’un parti politique au sein duquel il peut faire régner l’ordre et étouffer toute velléité insurrectionnelle, trône comme une arme évidente, à l’instar des présidents Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, chefs indétronables au Rassemblement des Houphouetistes pour la démocratie et la paix ( RHDP) et au Parti démocratique de Côte d’Ivoire(PDCI).

Dès lors, la stratégie de Laurent Gbagbo, mûrie en perspective des élections présidentielles de 2025, vise à renforcer les capacités opérationnelles des forces “Gbagboïstes”, à savoir les acteurs et sympathisants du FPI originel, les GOR de tous bords et tous ceux qui rêvent du triomphe de l’ancien opposant à Houphouët-Boigny.
Aussi, devrions-nous nous attendre à une réécriture de la cartographie politique et électorale de 2010, recentrée autour des trois grands leaders. Sauf que rien ne garantit pour l’instant la présence des trois “grands” sur l’arène politique, en termes notamment d’animation de meetings.
Une chose est sûre,, Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, seront les faiseurs de rois, si les conditions de leur participation physique ne sont pas réunies.
L’avantage, vu sous cet angle, résiderait dans l’accalmie du climat social, le recul des flux passionnels traditionnellement suscités par le retrait des trois titans du marigot politique ivoirien.
Si tant est que les traces décennales de démarcation de la géostratégie politique seront reproduites sous les manteaux du triumvirat Ado-Gbagbo-Bédié, il appartient aux populations de savoir à quoi s’en tenir, surtout que les joutes des acteurs concernés ont laissé des marques encore bien vivaces , visibles de tous.
Pour être plus précis, vu que les politiques prennent de plus en plus leurs marques, nous devons tous prendre conscience du sens de nos responsabilités face à l’histoire, qui d’ailleurs nous a largement instruits sur nos droits et devoirs.

A partir de cet instant, nous appelons chaque ivoirien à considérer que la fin de l’année 2021 va marquer la finalisation des opérations de formalisation matérielle et d’affûtage des stratégies et visions des grands partis, qui se lanceront à l’assaut des électeurs dès l’entame de l’année 2022. Nous allons assister, cela est inévitable, à une véritable bataille d’ogres sur toute l’étendue du territoire national.
Face à ces enjeux colossaux ayant pour point de mire la présidentielle de 2025, une importante clarification, qui devrait servir de baromètre, s’impose.
Il faudra sonner le glas des clubs de soutien. Chaque ivoirien doit choisir entre le parti politique , la société civile ou la stricte neutralité.
A partir de janvier 2022, chacun doit jouer franc jeu, donner la preuve d’acte marqué du sceau de la strict conviction en rapport avec le choix opéré.
Trop de sang a coulé, d’innombrables être chers sont tombés, pour qu’on se perde à nouveau en conjectures.
Faisons attention au cap du navire Ivoire, au risque de nous laisser emporter par les eaux tumultueuses.
Dieu bénisse la Côte d’Ivoire !

KOMENAN Maurille,
Professeur de Lettres modernes,
Correspondant de presse,
Président de l’Ong Agir pour la paix et le développement (APD)

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