Contribution-législatives ivoiriennes ,le peuple se libère de l’ étau de la classe politique

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photo rfi.fr

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Depuis l’après-midi du mardi 09 mars 2021, la totalité les résultats provisoires des élections législatives ivoiriennes sont connus, en attendant la proclamation définitive de la CEI. Après les présidentielles boycottées par l’opposition, ces élections législatives par leur caractère largement inclusif, du fait de la participation de toutes les familles politiques, permettent de tirer déjà quelques leçons.

Primo, d’un point de vue communicationnel, on peut dire que le discours politique est déterminant dans le comportement des électeurs. Cette fois-ci, quasiment partout, les candidats ont appelé à des élections paisibles et non violentes. Le résultat est là, aucun incident majeur n’a été constaté. Les Ivoiriens ont voté et attendu le verdict dans le calme et dans la paix. Moralité, le peuple ivoirien est congénitalement doté d’un pédigré de paix et d’hospitalité. Aussi, la classe politique ivoirienne doit-elle mesurer sa responsabilité dans le maintien de cette réalité socio-culturelle qui a permis à notre pays de connaître des avancées notables.

Secundo, le taux de participation reste assez faible (38%), malgré la pleine participation des partis de l’opposition. Que faut-il en penser ? Pour notre part, c’est un signal fort que la population envoie à sa classe politique. Dans la réalité, les gens sont restés simplement chez eux malgré toutes les actions de séduction menées par les candidats. Doit-on déduire par-là que l’agenda que s’imposent les hommes ivoiriens est en déphasage avec la réalité vécue par leurs concitoyens ? En tout cas, cette problématique doit faire l’objet de réflexion de la part de notre classe politique.

Tertio, les électeurs ont aussi donné un signal remarquable à une certaine frange de politiciens ivoiriens qui pensent que leurs concitoyens sont des bêtes de somme à leur portée, qu’on « utilise comme des chameaux ». La population a montré qu’elle ne veut plus d’hommes politiques prêts à les dresser les uns contre les autres. La belle illustration de cette situation est la cuisante défaite de Lida Kouassi « sur ses terres » à Lakota. Ce qui a obligé Laurent Gbagbo à condamner son compagnon de lutte pour ses dérives langagières. C’est un fait qu’il faut souligner et qui marque un tournant dans la vie politique ivoirienne.

Ailleurs, ce sont des ministres RHDP qui ont mordu la poussière, parfois face à des candidats indépendants. En somme, le peuple gagne en maturité politique. On pourrait même dire qu’il est progressivement en train de se sortir de l’étau des agendas politiciens et des tenailles des idéologiques aliénantes.

Quarto, la nouvelle coloration de la haute chambre législative de notre pays montre bien que le RHDP a réussi en grande partie, son ambition d’être un parti d’envergure nationale, regroupant tous les Ivoiriens. Par contre, les autres partis restent encore quasiment confinés dans leurs bastions régionaux. Si ceux-ci veulent disposer d’une toile nationale, il leur revient de revoir leur projet de société pour la Côte d’Ivoire. C’est un constat qu’il ne faut nullement feindre d’occulter en voulant se réjouir d’une quelconque victoire.

Dans le fond, les discours tenus par l’opposition autant pour s’opposer à la présidentielle que pendant ces législatives sont quasiment identiques : « arracher le pouvoir à Ouattara et au RHDP ». Donc, les résultats de ces législatives « légitiment » en quelque sorte la victoire d’Alassane Ouattara à la présidentielle et met un terme au débat sur l’illégitimité de celui-ci.

Quinto, maintenant qu’une normalité politique s’est installée sans heurts, place doit être à la réconciliation des Ivoiriens. Les bonnes dispositions observées çà et là devraient servir de base à ouvrir un dialogue sans hypocrisie entre les acteurs politiques ivoiriens pour que notre pays se réconcilie une bonne fois pour toutes. L’histoire nous offre cette fois encore l’opportunité de le faire.


NURUDINE OYEWOLE

Expert en communication
Analyste politique

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