Contribution -Phénomène des congés anticipés: quand l’enfant-roi exige la soumission de ses parents 

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En Côte d’Ivoire, depuis quelques années, à la veille des congés de Noel, certains groupes d’élèves bien organisés, obligent l’école à fermer boutique avant les dates officielles de départ en congés. Ce phénomène qui a d’abord pris corps dans les quartiers populaires d’Abidjan s’est aujourd’hui, métaphasé pour se rependre quasiment dans l’ensemble des régions de la Côte d’Ivoire.

Cette année, une très belle campagne de sensibilisation a été initiée par les responsables de l’éducation nationale, les forces de sécurité et certains élus communaux à l’endroit des élèves afin de les sensibiliser aux bienfaits du respect des dates des congés dans leur réussite scolaire et la sécurité publique.
Que nenni ! C’est à croire que cette offensive communicationnelle n’a fait que déclencher plus tôt qu’habituellement, l’ire de ces groupuscules d’élèves. Cela, en dépit du communiqué de la puissante Fédération des Élèves et Étudiants de Côte d’Ivoire (FESCI), dont les mots d’ordre sont habituellement très suivis, à respecter le calendrier officiel des congés. C’est à croire que nous assistons à une nouvelle ère, qui voit la FESCI ne plus être en mesure de contrôler ses troupes.
En clair, il y a danger qui exige d’agir au plus vite pour que force reste à la loi et que le citoyen lambda, notamment des blokros soient en mesure de croire qu’ils sont capables de semer le désordre à leur bon vouloir.
En effet, cette situation, loin d’être un simple mouvement d’humeur de gosses, nous renvoie l’état de notre société concernant l’éducation de notre jeunesse ou de nos enfants.
De fait, depuis quelques années, les autorités ont introduit un certain nombre de réformes à l’école, notamment au sujet des sanctions face aux écarts de comportement des élèves et même des évaluations. Cela, sous le prétexte fourre-tout et mal pensé de la protection des droits des enfants.
A la maison, aujourd’hui, la norme éducationnelle des parents est celle de l’enfant-roi, à qui on ne dit jamais non, à qui on permet tout et qu’on pouponne à l’infini, sous le prétexte de lui témoigner son amour. Les parents sont donc tombés dans une permissivité excessive vis-à-vis de leurs enfants. Ce qui en réalité, déséquilibre ces enfants.

Ainsi, on détruit dans la conscience et le subconscient de nos élèves, de nos enfants, les lignes rouges à ne pas franchir sous peine de sanction. Résultat, nos enfants se croient tout permis. Diantre, dans quelle société, n’y a-t-il pas de règle de conduite et de sanctions prévues pour les fautifs ?
Comme le dit le pédopsychologue Didier Pleux, « l’enfant-roi devient un tyran ». C’est pourquoi, il est normal qu’après intronisé nos enfants, rois, ils viennent exiger que nous, leurs parents devenus leurs sujets, nous nous soumettions à eux.
Il est donc temps de nous ressaisir en revenant à une éducation plus équilibrée de nos enfants aussi bien à la maison qu’à l’école. Voici ce qu’en pense Didier Pleux : « l’éducation est un mélange d’amour et de frustrations. Les enfants n’ont pas que des obligations, les enfants n’ont pas que des droits … Il n’y a pas de démocratie dans la famille. L’enfant doit disposer de moins de liberté que l’adulte qui l’élève. C’est cela précisément « élever » au sens propre du terme. Car, pour être élevé, il faut bien partir d’un point plus bas. »
En clair, qui aime bien frustre bien. Il faut donc revenir aux fondamentaux éducationnels qui ont permis à nos parents hier pour la plupart analphabètes, de faire de nous ce que nous sommes aujourd’hui. Arrêtons de toujours vouloir importer des standards qui n’ont fait que détruire les bases solides de nos sociétés africaines.
Car, il n’y a de richesse que d’hommes. Ayons à l’esprit de construire des hommes de qualité, en élevant nos enfants avec des règlements qui incluent à la fois des sanctions et des récompenses, le respect de l’autorité, des aînés et des biens publics ainsi que le goût de l’effort, seule voie qui mène au succès. Ainsi, pourrions-nous espérer jouir de la garantie de préparer une génération qui saura relever les défis de demain et conduire nos familles et notre société vers des lendemains qui chantent.

NURUDINE OYEWOLE
Expert-consultant en
communication
Analyste politique

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