Contribution- Réélection du président de la BAD, l’Afrique refuse la dévalorisation d’un de ses hommes-valeur

3609

Dernère publication

Après avoir été six mois durant pris dans les eaux tumultueuses des accusations des donneurs d’alerte jusqu’à présent demeurés inconnus, Akinwumi Adesina vient d’être réélu à la tête de la Banque Africaine de Développement (BAD).
Cela, à l’issue de l’Assemblée Générale de l’institut bancaire panafricain avec 100% des voix africaines et 100% des voix non africaines. Quand on sait à quel point l’affaire relative à la malgouvernance dont était accusé le Akinwumi Adesina a défrayé la chronique, on ne peut que s’exclamer en ces termes : tout ça pour rien !

En réalité, la réélection du patron de la BAD est une véritable victoire pour toute l’Afrique. Un signal on ne peut plus clair d’un tournant historique des rapports entre les pays africains et leurs homologues des pays développés, dans leur dimension psychologique. Voyons ensemble ce qui s’est joué dans cet épisode digne d’une guerre de « sorciers » disputée face aux non-initiés que nous sommes.
Voilà cinq ans qu’Akinwumi Adesina, fort de son parcours exemplaire à la tête du ministère de l’agriculture et du développement rural du Nigéria est élu à la tête de la BAD. Fort de sa capacité de communication et de séduction, il expose son programme des « high 5 » qui convainc les gouverneurs de la banque panafricaine. Adesina, « celui qui est né pour ouvrir la voie du succès » comme l’indique le sens de son nom, veut ouvrir pour le continent africain, la voie de son développement à travers cinq axes : la nourrir, l’électrifier, l’industrialiser, l’intégrer et améliorer la qualité de vie de ses habitants.
Au bout de cinq ans, le président Adesina est sur le chemin d’atteindre ses objectifs, même si beaucoup reste à faire. Sous sa houlette, la BAD est entrée dans le cercle restreint et envié des dix institutions les mieux gérées du monde. En août dernier elle obtenait la note AAA « avec perspective stable » de l’Agence de notation Fitch Rating.

Pourtant, contre toute attente, à moins d’un an des assemblées générales de la banque, des lanceurs d’alertes internes jusqu’à présent restés anonymes accusent Adesina de népotisme et de malgouvernance. Une première enquête de comité d’éthique de la banque déclare au bout du compte un non-lieu pour manque de preuve. Que nenni ! Les mêmes lanceurs d’alertes chargent à nouveau pour accuser l’enquête du comité d’éthique de biais. Sur l’insistance des USA, une enquête indépendante dirigée par l’ancienne présidente irlandaise Mary Robinson premier d’Irlande aboutit au même résultat. Akinwumi Adesina est blanchi. Il peut alors plus fort que jamais, soutenir sa candidature à sa réélection à la tête de la banque panafricaine.
Durant ce temps, face à ce qui ressemble à une entreprise de déstabilisation d’un brillant haut cadre africain, l’Afrique parle d’une seule et même voix. Au bout du compte, cette solidarité paye. Akinwumi Adesina est brillamment réélu à son poste. L’Afrique, à l’unisson, a dit non à un plan de dévalorisation d’une brillante compétence africaine.

En réalité, le but de cette cabale infondée est de pousser l’Afrique à douter d’elle-même. Pendant, qu’un de ses hauts cadres ambitionne de lui faire prendre le virage du développement, des manœuvres sont savamment ourdies pour obliger le continent à toujours demeurer dans un état de complexe d’incapacité à être meilleure. Comme pour lui dire qu’elle est incapable de jouer dans la cour des grands du monde, voire de faire mieux que ceux-ci.
De fait, la solidarité dont a fait preuve l’Afrique autour d’Adesina sonne comme un réveil collectif. Pour dire non à son « infantilisation » par ceux qui pensent être oints de la force mondiale d’indiquer ce qui doit être accepté comme étant la norme. Pour cela, elle a refusé de brûler un de ses hommes-valeur. En agissant ainsi, l’Afrique vient de prendre un nouveau virage de son histoire. Dorénavant, elle se renforce psychologiquement pour assumer pleinement son destin. Car, pour se réaliser, il faut d’abord se nantir d’un état psychologique de gagneur. C’est ce que vient de réaliser les dirigeants africains pour notre continent. C’est pourquoi, il faut saluer cette posture des dirigeants africains!

NURUDINE OYEWOLE
Expert-consultant en communication

Commentaire

PARTAGER