Effondrement d’un immeuble R+6 à Treichville – Déclaration du président du Collectif des Victimes en Côte d’Ivoire (CVCI) sur les effondrements d’immeubles

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Issiaka DIABY,président du Collectif des Victimes en Côte d’Ivoire (CVCI)

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Notre pays, la Côte d’Ivoire, vit une situation alarmante qu’il faut dénoncer avec force et pour laquelle nous devons nous battre, tous de façon citoyenne, pour qu’elle change. Je veux parler d’un système d’exclusion dont sont victimes des Ivoiriens.

Une exclusion innommable, depuis le décès de Félix Houphouët-Boigny, de nos frères dans plusieurs secteurs d’exploitations socioéconomiques pourvoyeurs d’emplois et de ressources, aussi bien pour l’Etat que pour les jeunes et les femmes de notre pays.

Cette exclusion inacceptable et des traitements réfractaires aux droits fondamentaux et dignité de travailleurs est d’autant plus généralisée qu’elle a trouvé son ancrage dans plusieurs secteurs socioéconomiques, entre autres, du secteur Industriel, allant de la vente de pièces détachées pour automobiles jusqu’aux produits de quincaillerie, de la construction de façon générale et singulièrement dans le domaine de la fabrication de fer à béton. Pour ce qui est de ce dernier secteur cité, la situation part en s’aggravant.
Et pour cause, il est de notoriété que depuis quelques années en Côte d’Ivoire, des immeubles, des maisons construites à Abidjan, la capitale économique d’un pays comme la Côte d’Ivoire, et dans certaines villes de l’intérieur, s’écroulent en cascade. Souvent au grand dam des autorités qui nous gouvernent et surtout de la population.
Le dernier effondrement d’immeuble date de quelques heures, dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 février 2022. Un immeuble de sept (7) étages en construction s’est effondré sur des habitations voisines causant la mort de plusieurs personnes dans la commune de Treichville. Quelle tragédie !
Cette déclaration vise, pour le CVCI en sa qualité de promoteur et défenseur des droits de l’Homme, à dénoncer la complicité de certains fonctionnaires étatiques corrompus et crier son ras-le-bol.
Des Ivoiriens meurent, des habitants de la Côte d’Ivoire meurent dans ces effondrements d’immeubles sans qu’aucune mesure draconienne ne soit prise pour régler ce problème grave de sécurité public. Le Collectif des victimes en Côte d’Ivoire (CVCI) est consterné par tant de laxisme du gouvernement Ivoirien face à ce drame qui devient national.

Pour le CVCI, il est temps de se lever pour endiguer ce phénomène qui fait peur. Depuis près de trois (3) ans, le CVCI et son président sont engagés dans un combat en vue de faire triompher le droit, la vérité sur des pratiques qui n’honorent pas la Côte d’Ivoire. Je veux parler de la corruption qui gagne du terrain dans notre pays.
Ce fléau est d’ailleurs tellement devenu banal en Côte d’Ivoire que le gouvernement du président Alassane Ouattara, à travers le ministère de la Promotion de la bonne gouvernance, du renforcement des capacités et de la lutte contre la corruption a initié une opération appelée ‘’Coup de poing’’.
Cette campagne a pour objectif de débusquer les corrupteurs et les corrompus de notre pays et de leur faire subir la rigueur de la loi. Cependant, il y a un fléau que les autorités ivoiriennes ne regardent pas très souvent, et qui pourtant, favorise les malversations dans le secteur de la construction, spécifiquement dans la fabrication des fers à béton, des matériaux essentiels dans la construction des maisons. Je veux parler de la corruption.
Pour avoir intégré le secteur porteur de la fabrication de fers à béton, nous avons pu nous rendre compte que les Ivoiriens et les habitants de la Côte d’Ivoire courent un grand danger.
Nous avons pu nous rendre compte que la plupart des fers à béton qui sortent des usines sont de très mauvaise qualité et très dangereux, je dirais qu’elles ne sont pas conformes aux normes exigées pour la construction de certaines maisons, immeubles à étages et autres édifices.
Une enquête en synergie avec le Ministère du Commerce et de l’Industrie chez des fabricants et des revendeurs de fers à béton nous a permis de savoir que sur 12 Industriels fabricants, 6 au moins produisent ce dangereux fer à béton. Et sur 14 revendeurs et distributeurs visités lors des investigations du CVCI, tous écoulent sur le marché Ivoirien ce dangereux type de fer à béton de construction.
Au regard de ce désastre et d’éléments de preuve en notre possession, nous avons saisi le Premier Ministre et Chef du Gouvernement en demandant des enquêtes administratives et porté des plaintes devant les juridictions de Justice répressives contre ces fabricants et des revendeurs.
D’ailleurs, un procès est en cours au Tribunal de première instance de Yopougon dans ce cadre. Si une telle situation a pu gagner autant de terrain en Côte d’Ivoire, c’est bien à cause de la corruption qui touche ce secteur d’activité jusqu’à la source.

Nous en voulons pour preuve, l’épisode de notre interpellation de façon extrajudiciaire, il y a deux ans, par des fonctionnaires étatiques collaborateurs de ces Industriels fabricants de fer à béton de mauvaise qualité. Nous avons été blanchi par un juge d’instruction, après plus de deux années d’enquêtes, de toutes les accusations mensongères, d’ailleurs largement médiatisées à cette époque. La vérité a triomphé.
Mais devrions-nous nous satisfaire de cette victoire devant la justice et face à cette manœuvre savamment orchestré pour nous faire taire et ne rien dire ? Nous disons NON !
C’est pourquoi, aujourd’hui, le CVCI a décidé de se prononcer et de poursuivre son action de dénonciation et de mise à nu des personnes véreuses et autres entités qui mettent en danger la vie des Ivoiriens.
Déterminés, nous le sommes, et nous ne céderons pas aux menaces et aux intimidations d’où qu’elles viennent. La vie des Ivoiriens devrait être le préalable pour toutes les autorités, à quelque niveau qu’elles se trouvent.
Aussi, voudrions-nous interpeller le gouvernement et même le président de la République, Alassane Ouattara, saisi également de cette affaire, sur le caractère odieux de ces pratiques et surtout la gravité de cette situation. Nous voudrions également appeler le Ministère du Commerce et de l’Industrie et celui de la Construction, de l’Urbanisme et du Logement à se réveiller enfin et d’agir en faveur des droits fondamentaux des habitants de la Côte d’Ivoire.
Pourquoi depuis que ces immeubles s’écroulent, rien n’est fait pour mettre fin à ce drame ? Apporter la compassion de l’État ne suffira jamais à apaiser la souffrance des familles endeuillées et protéger définitivement, à l’avenir, chacun de nous. Il faut que quelque chose soit fait pour mettre fin à ces pratiques dangereuses.
Il est de notre devoir de dénoncer, mais il est du devoir des autorités compétentes de tout mettre en œuvre pour que l’ordre soit respecté et les lois appliquées dans toute leur rigueur en Côte d’Ivoire contre tous les auteurs d’actes infractionnels.

Les Ivoiriens ne méritent pas de mourir dans des écroulements d’immeubles parce que certaines personnes ont décidé de s’enrichir illicitement en fermant les yeux sur la prolifération d’un dangereux fer à béton sur le marché national.
Nous disons NON ! Nous réitérons notre appel au président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane Ouattara, au Premier Ministre, Patrick Achi, et à tous les dignes fils de la Côte d’Ivoire afin que, définitivement, soit brisé ce réseau mafieux identifiable qui ne cesse d’endeuiller la Côte d’Ivoire pour des besoins d’enrichissements illicites .

Pour le CVCI, Le Président Issiaka DIABY

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