Interview – Réseau des Chambres des Experts Européens – Sangaré Sidiki Boubacar, Président Afrique, Représentant-Résident en Côte d’Ivoire « Nous n’avons jamais délivré un passeport diplomatique à qui que ce soit »

11018
Sangaré Sidiki Boubacar, Représentant-Résident du RCEEDAO, dit presque tout à L’Intelligent d’Abidjan.

Dernère publication

Son Excellence Monsieur Sangaré Sidiki Boubacar est le Président Afrique, et Représentant-Résident Côte d’Ivoire, du Réseau des Chambres des Experts Européens – Département Afrique de l’Ouest en abrégée, RCEEDAO. Celui dont les actions humanitaires et sociales ont été reconnues, le 10 janvier 2019, en Côte d’Ivoire à travers une décoration au grade d’Officier de l’Ordre National, s’est confié à L’Intelligent d’Abidjan. Interview exclusive !

Quel rôle joue exactement, en Afrique et dans le monde, le Réseau des Chambres des Experts Européens – Département Afrique de l’Ouest ?

Le Réseau des Chambres des Experts Européens – Département Afrique de l’Ouest est une organisation internationale qui œuvre essentiellement dans le domaine humanitaire, social, environnemental… Notamment en construisant des écoles, des centres de santé, des infrastructures d’addiction à l’eau potable et d’électrification villageoise et aussi en participant à l’autonomisation de la femme en Afrique et partout ailleurs. Le RCEEDAO a pour vision de s’implanter partout en Afrique par le biais de représentations-résidentes afin de renforcer son ancrage dans le développement économique, social, culturel et environnemental du continent.

Comment êtes vous devenu le Représentant-Résident du RCEEDAO ?

Je suis devenu le Représentant – Résident du RCEEDAO lors d’une Assemblée générale extraordinaire qui s’est tenue le 25 novembre 2015 à Bruxelles en Belgique. Suite à cette Assemblée générale extraordinaire, j’ai été nommé Représentant – Résident. Et le 03 décembre 2015, nous sommes venus à Abidjan avec le Représentant – Résident sortant, en l’occurrence M. Djedji Vincent Dahoua. Nous avons fait une passation de charge en bonne et due forme devant les membres du corps diplomatique, la presse et l’ensemble des administrateurs du RCEEDAO.

À cette période, il y avait eu une polémique autour de cette passation… Dites-nous que s’est-il exactement passé avec Djedji Vincent Dahoua ?

Vous savez, nous avons signé un Accord de siège le 19 septembre 2011 avec l’État de Côte d’Ivoire. 2 ans après, soit le 16 septembre 2013, M. Djedji Vincent Dahoua s’est rendu à Bruxelles pour créer une ONG qui s’appelait aussi le RCEEDAO. Mais cette fois-ci avec comme administrateurs et membres fondateurs de cette ONG, sa femme, une autre femme proche de lui , ses enfants et deux ou trois de ses amis. Quand vous regardez sur son document qui contenait les noms des membres fondateurs, vous verrez qu’il n’y avait que Dahoua, Dahoua, Dahoua. Il a tenté d’introduire ce statut au ministère des Affaires étrangères de Côte d’Ivoire. Le ministère des Affaires étrangères a dit à M. Dahoua que ce n’était pas comme ça que cela se passait et je cite : ‘’Vous avez un Accord de siège, et vous nous présentez les statuts d’une ONG’’. Le ministère des Affaires étrangères a automatiquement informé le siège à Bruxelles, et le siège a pris le taureau par les cornes. D’où la nécessité de convoquer une Assemblée générale extraordinaire à cette époque pour relever M. Djedi Vincent Dahoua de ses fonctions pour motifs graves.

Mais quel est alors le statut actuel du RCEEDAO ?

Le RCEEDAO a signé un Accord de siège avec l’État de Côte d’Ivoire. Et bien entendu avec d’autres États de la sous-région. Vous comprenez lorsqu’on parle de ”Accord de siège”, ce que cela veut dire et implique…

Quelles sont les actions concrètes posées par le RCEEDAO en Côte d’Ivoire en particulier et en Afrique en général ?

D’abord en Côte d’Ivoire, depuis ma prise de fonction, nous avons posé beaucoup d’actions dans l’humanitaire et le social et fait énormément de choses. Nous avons construit des écoles dans plusieurs localités, entre autres à Finé dans le département de Zouan-Hounien et à Bramadougou à Bouaké.

Selon vos détracteurs, la mission du RCEEDAO consiste à distribuer à vos amis expatriés et Libanais, des passeports diplomatiques. Que leur répondez-vous ?

Depuis que j’ai pris la tête du Réseau des Chambres des Experts Européens – Département Afrique de l’Ouest, nous n’avons jamais délivré un passeport diplomatique à qui que ce soit. Jamais ! Vous pouvez le vérifier. Rendez vous au ministère des Affaires étrangères, et demandez si un jour moi Sangaré, j’ai envoyé une note verbale en demandant un passeport diplomatique pour un expatrié ou pour un Libanais. Cela ne s’est jamais passé. Moi, j’ai mon passeport diplomatique qui a été délivré par mon pays. Et vous savez, la Convention de Vienne dit : “lorsqu’un Représentant ou un de vos compatriotes est nommé à la tête d’une mission diplomatique ou est à la tête d’une organisation internationale avec Accord de siège, l’État a l’obligation de lui octroyer un passeport diplomatique pour faciliter sa mission”. Et c’est dans ce cadre là que moi j’ai obtenu mon passeport diplomatique. Mais en dehors de moi, personne d’autre n’a eu un passeport diplomatique au sein du RCEEDAO.

Quels sont les prochains grands challenges du RCEEDAO ?

Les prochains grands challenges du RCEEDAO, sont entre autres la promesse faite à l’État de Côte d’Ivoire pour la construction de 30 écoles et de 20 centres de santé tous équipés d’ici fin 2020. Et le Réseau des Chambres des Experts Européens – Département Afrique de l’Ouest va s’atteler à relever ces défis là. Ensuite, le Réseau fait venir chaque année, 31 enseignantes canadiennes, dans le cadre de l’Enseignement Partagé, Approche par compétence. Elles viennent et sillonnent toute la Côte d’Ivoire pendant un à deux mois. Elles renforcent la capacité pédagogique de nos enseignants.

Vous êtes de plus en plus présent au Burkina Faso. Qu’est-ce qui vous fait courir au pays des Hommes intègres ?

Le Burkina Faso, c’est un pays qui me fascine et qui m’a toujours fasciné. Notamment le premier magistrat de ce pays, le président du Faso, Son Excellence Monsieur Roch Marc Christian Kaboré qui est quelqu’un de très humble et un travailleur infatigable me fascine également. Et il y a quelques ministres que je connais très bien, et qui sont aussi des travailleurs infatigables comme le Président.

Le RCEEDAO devait faire sa rentrée le 1er Octobre 2019… Que s’est-il passé ?

Le 1er octobre 2019, le RCEEDAO devait faire sa rentrée solennelle au cours laquelle plusieurs ambulances devaient être distribuées ici en Côte d’Ivoire. Certaines ambulances étaient frappées par la limite d’âge du fait de la réglementation en vigueur. Nous avons donc adressé, dans ce sens, un courrier au ministère des Affaires étrangères, pour une dérogation spéciale. À son tour, le ministère des Affaires étrangères a adressé un courrier au ministère du Budget mais, le RCEEDAO n’a pas eu de suite à ces différents courriers. Les 70 ambulances ont donc été réattribuées dans les autres pays où nous avons déjà des accords de siège. Nous n’avons pas pu procéder à notre rentrée solennelle le 1eroctobre 2019 du fait d’immenses travaux qui se faisaient pour l’ouverture du bureau. Cette cérémonie se fera donc le 02 janvier 2020 et nous avons d’autres ambulances, de moins de cinq ans, qui sont en route pour Abidjan.

Quel est votre message à l’endroit des Africains ?

Le message que je lance aux Africains, est un message de cohésion sociale, de paix et d’entente. J’ai été choqué quand j’ai vu ce qui s’est passé en Afrique du Sud, avec les violences contre les étrangers. J’ai trouvé cela horrible, épouvantable, d’une méchanceté excessive. Je me suis rappelé que l’Afrique s’était unie pour soutenir les Sud Africains, lorsqu’ils avaient des soucis avec les Blancs, toute l’Afrique C’est vrai que comme on dit chez nous, ”l’homme oublie très souvent facilement”, mais eux, ils ne doivent pas oublier cela. Ils n’ont pas le droit de faire cela aux Africains.


Interview réalisée par Joël Touré.

Commentaire

PARTAGER