Journée internationale de la Femme : Abidjan prend la parole

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abidjan.net

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Le droit des femmes est plus que jamais un sujet d’actualité. La Journée internationale de la femme sera célébrée le 8 mars. A Abidjan, ce sera l’occasion de souligner les premières victoires sur les inégalités.

Cette année, l’organisation « ONU Femmes » l’a inscrite sous le thème de « L’égalité aujourd’hui pour un avenir durable ». Dès le 21 février à Abidjan, au campus universitaire de Cocody, une cérémonie d’ouverture lancera le cycle des manifestations et des conférences autour de la violence basée sur le genre, la cohésion sociale, les arts, la mode, l’environnement, etc. La ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, Mme Nassénéba Touré, a précisé que ce sera « l’occasion de dresser le bilan des avancées au plan national sur les droits des femmes et des jeunes filles, qui représentent près de la moitié de la population ivoirienne ».

Le viol, une arme de destruction massive

Pour changer les mentalités, il faut oser parler. Début septembre 2021, les femmes indignées du pays s’étaient levées pour dire « NON ». Non, au viol qu’elles avaient justement qualifié « d’arme de destruction massive ». La chaine de la télévision NCI avait en effet diffusé une émission faisant l’apologie de cet acte criminel. L’animateur Yves de M’Bella avait finalement été condamné à 12 mois de prison avec sursis et à une amende de 2 millions de FCFA. C’était un bon début.


Des actions locales symboliques

Depuis, les organisations et les associations locales ont lancé des marches ou des manifestations, contre la violence faites aux femmes ou basées sur le genre. Elles sont aussi à l’initiative de séances de self-défense qui, au-delà de la technicité, redonnent confiance en soi. L’association « Stop au chat noir » a recouvert les murs d’Abidjan pour sensibiliser le plus grand nombre. Sa campagne d’affichage utilise des slogans chocs : « Non c’est non », « Accepte mon non » ou encore « Chat noir c’est viol ». Dans la culture ivoirienne, le « chat noir », c’est ce membre ou cet ami de la famille qui s’immisce, la nuit, dans la chambre d’une enfant pour la violer par surprise.

A Abidjan, la moitié des agressions sont des viols

Sur le viol, les statistiques officielles en Côte d’Ivoire sont rares. En 2018 et 2019, le ministère de la justice a cependant recensé 481 cas de condamnations après dépôt de plainte. En octobre 2021, une enquête nationale dédiée aux violences sur enfants (échantillon de 1 000 jeunes entre 13 et 24 ans) a été présentée à l’université de Korhogo : elle révèle que 19% des victimes de violences sexuelles sont des filles contre 11% de garçons, et que 41% d’entre elles subissent des violences physiques contre 5% de garçons. Pour la seule ville d’Abidjan, et selon les organisations, la moitié des agressions sont des viols. A cela s’ajoute, d’après l’ONG ivoirienne Citoyennes pour la promotion des enfants, femmes et minorités (CPDEFM), une augmentation de 30 % de violences domestiques, en raison de la pandémie de COVID 19.

En 2022, l’organisation CPDEFM prévoit la mise en place d’un programme innovant sur la collecte de données statistiques. Ce projet ambitieux est attendu avec impatience.

Constantine Ndoko

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