La peinture en Côte d’Ivoire, entre traditions et modernité.

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Aujourd’hui en cote d’ivoire, l’art contemporain est en plein essor. La peinture en est un exemple flagrant. Véritable incubateur de talent, le pays voit l’émergence de nombreux artistes qui invitent au voyage tout en permettant un regard nouveau sur une société ivoirienne en pleine mutation.

Le 27 février 2024, à l’initiative de la banque d’Abidjan (BDA) et du ministère de la Culture et de la francophonie, eu lieu la première édition du prix Alberto Cortina. Il s’agit d’un concours qui récompense et soutient les jeunes talents de la peinture ivoirienne.
Le jury était composé du professeur Yacouba Konate, président de l’institut national supérieur des arts et de l’action culturelle d’Abidjan (INSAAC), et de Mathilde Moreau, artiste peintre émérite surnommée prêtresse du mouvement vohou-vohou. Charles David Gnangoran, artiste peintre, remporté le « 1er prix qui récompense son excellence dans le domaine de la peinture d’art contemporain africain ».

Grâce à son école supérieure d’arts plastiques d’architecture et de design (ESAPAD), la Côte d’Ivoire est une manufacture d’artistes-peintres de renoms en Afrique de l’Ouest depuis près de 60 ans. Le pays a vu naître nombre d’artistes reconnus sur la scène nationale ou internationale. Il est possible de citer Yeanzi, Armand Boua, Aboudia qui vit entre son village natal près d’Abidjan et la région de Brooklyn aux États-Unis. Celui-ci dynamite le marché de l’art avec des ventes de ses œuvres à plus de 600 000 dollars en 2022. Il apparaît également d’autres artistes émergents comme Méné, Pascal Konan, Monou Désiré Koffi, Bamoin Sinzé ou encore Zeinab Diomande. Ils se servent tous de la peinture avec un objectif commun : transmettre et témoigner.

Moyen d’expression : l’autre regard de la peinture ivoirienne.

Avec un marché de collectionneurs locaux et internationaux non-négligeable, les artistes peintres ivoiriens tentent d’offrir une vision différente du monde. Le mouvement vohou-vohou, tendance née dans le début des années 70, veut se démarquer de « l’art nègre » postcolonial sans pour autant rejeter la culture occidentale. Ses membres utilisent des matériaux de récupération ou des éléments naturels pour créer une harmonie entre art local et art nouveau. Pascal Konan, lui, tente d’apporter une approche humaniste et fait de l’urbanité son cheval de bataille. Il peint des toiles avec des humains quasi-zombiesques qui semblent écrasés par leur environnement.

Monou Désiré Koffi s’inspire également de l’environnement urbain qui l’entoure en utilisant une technique engagée et non-conventionnelle : la récupération de vieux téléphones mobiles. Il cherche à dénoncer la société de consommation et son obsolescence programmée et par la même la pollution numérique dont on a encore du mal à mesurer l’ampleur.

Aboudia, quant à lui, tente de se faire porte-parole de la jeunesse ivoirienne. Il cherche à laisser des traces qui racontent « la vie des gens d’aujourd’hui » aux archéologues de demain. Conscient du rôle que les enfants et l’éducation ont pour la survie de la nation, il se fait voix d’une jeunesse partie de rien jusqu’à la portée internationale de la peinture. Son slogan s’inspire de la victoire de la Côte d’Ivoire à la dernière Coupe d’Afrique des nations (CAN) « impossible n’est pas ivoirien ».

Il est évident que l’art, et en l’occurrence la peinture, est le reflet de la condition humaine, révélatrice de ses forces, mais également de ses travers. Il est ainsi légitime de se demander ce que deviendrait la société ivoirienne sans cet apport artistique.

Constantine

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