Dernère publication
En Afrique de l’Ouest, le Groupe Panafricain pour le Commerce et l’Investissement (GPCI) est le visage d’une stratégie de propagande russe reposant sur un vaste réseau de désinformation.
Dans son dernier rapport, « Dans la peau d’un journaliste au Sahel », l’ONG Reporters Sans Frontières (RSF) qualifie l’Afrique de l’Ouest de « laboratoire d’expérimentation pour les mercenaires de la désinformation ». Si l’accès aux médias reste garanti malgré les contraintes, souvent, l’information disponible au public est intentionnellement manipulée. Ceci est probablement liée à l’augmentation de la présence russe dans la zone. Les fake-news se répandent dans la région, prenant peu à peu le contrôle du panorama médiatique ouest africain.
L’imposture en .info
En 2021, le groupe META ferme 32 pages et 52 comptes suspectés d’être de faux profils. Fichés comme étant usurpés, rachetés ou automatisés, ceux-ci auraient interagi avec de nombreux sites d’informations basés principalement au Burkina Faso, au Mali, au Maroc, au Togo et en République Centrafricaine. Parmi eux, des journaux d’information suivis par près de 5000 followers pour les plus populaires d’entre eux.
Ces pseudo-médias, agissant en tout point comme de véritables sites d’information en ligne, comportent chacun des défauts ternissant leur couverture. Tous, en revanche, postent le même type de contenu à caractère pro russe. Identifiés comme liés à une ou quelques adresses IP similaires, ils sont l’œuvre du Groupe Panafricain pour le Commerce et l’Investissement (GPCI). Sous couvert d’ONG, le GPCI, dirigé par un Harouna Douamba, est à l’origine d’une cinquantaine de sites de diffusion de fausses informations à but de propagande.
Homme d’affaires ivoirien et fondateur du GPCI, Harouna Douamba est à la tête de réseau de désinformation pro-russe basée en Centrafrique et au Burkina Faso. Décrit par RSF comme un « lobbyiste proche de la galaxie Wagner », il entretient d’étroits liens avec le groupe paramilitaire russe.
Les graines de la désinformation
Selon RSF, la dégradation de la liberté de la presse au Sahel laisse le champ libre « aux médias favorables au narratifs pro-russe défendant la présence des mercenaires de Wagner dans la région », entraînant « l’explosion de la désinformation ». Si ces médias ne sont pas officiellement répertoriés comme appartenant ou bénéficiant de l’influence wagnérienne, c’est parce qu’ils font partie d’un mécanisme bien plus caché, dont la population civile est la première victime. Chacun des faux comptes et faux sites recensés sèment peu à peu les graines de la désinformation, manipulant ainsi les populations locales.
L’information, nouvelle arme de guerre Russe
Saturer l’espace informationnel en ligne, tel est la nouvelle arme de guerre de la Russie, dont le GPCI serait le complice. Ce nouveau processus de manipulation de l’information dans l’espace numérique, s’appuyant sur des visages et des noms locaux, est une infime partie de l’engrenage d’influence russe en Afrique. À la manière d’un poison, celle-ci s’étend sur l’ensemble du territoire. Elle terni les principes fondamentaux comme celui de la liberté de la presse. Si la totalité des procédés russes n’a pas encore été entièrement dévoilée, il est légitime de supposer que le GPCI ne représente qu’une goutte d’eau dans l’océan de fake-news inondant l’espace numérique ouest africain.
Constantine