Lutte contre la fistule obstétricale en Côte d’Ivoire : Jacques Assahoré Konan au chevet des patientes du CHU de Bouaké

480
Visite du ministre Jacques Assahoré Konan aux patients souffrants du fistule obstétricale du CHU de Bouaké ( photo : DR)

Dernère publication

Dans le cadre du projet national de prise en charge des femmes souffrant de fistule obstétricale, une délégation composée de responsables du ministère de la Santé et de partenaires techniques, conduite par le ministre de l’Environnement, du Développement durable et de la Transition écologique, Jacques Assahoré Konan, a effectué une visite le vendredi 16 mai 2025 au Centre Hospitalier et Universitaire (CHU) de Bouaké.

Au cours de cette visite, le directeur du CHU, Dr Onna Didier, a rappelé les ravages de cette pathologie :

« La fistule obstétricale est une maladie humiliante et isolante. Les femmes qui en souffrent peuvent vivre des années d’injustice sociale. Rejetées et stigmatisées par leurs partenaires, leurs familles et les communautés, elles sont souvent abandonnées à leur sort. En tant qu’établissement de référence, nous sommes fiers de participer activement à ce projet humanitaire porteur d’espoir pour ces femmes, victimes d’une pathologie encore trop méconnue mais gravement invalidante », a-t-il déclaré.

Le Dr Coulibaly Norbert, chargé du projet, a présenté les grandes lignes de la campagne 2025. Il a expliqué que la fistule obstétricale survient généralement lors d’un accouchement compliqué, entraînant dans 90 % des cas la perte du bébé en plus de graves lésions pour la mère.

Trois volets pour une campagne d’envergure

La campagne en cours repose sur trois composantes essentielles. La première est une mission opératoire, soutenue par des chirurgiens experts venus de dix pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, qui vise à opérer au moins 150 femmes entre le 12 et le 20 mai. La deuxième composante est une rencontre régionale de partage d’expériences, prévue les 22 et 23 mai à Abidjan, portant sur la prévention et la prise en charge des cas complexes de fistule obstétricale. Enfin, une campagne de mobilisation de ressources est également lancée pour soutenir les efforts de l’État et accélérer l’élimination de cette pathologie d’ici à 2030.

« L’objectif principal fixé d’ici la fin de l’année est de mobiliser au moins un milliard de francs CFA. Ce montant permettra d’assurer une prise en charge holistique — prévention, traitement et réinsertion socioéconomique — d’au moins 1 000 femmes, en plus de l’opération de plus de 4 000 patientes », a précisé Dr Coulibaly.

Un bilan partiel encourageant

Le Pr Coulibaly Noël a pour sa part présenté un bilan partiel de la mission.

À la date du 15 mai 2025, 187 patientes avaient été examinées : 72 à Bodo, 32 à Bondoukou, 35 à Bouaké, 26 à Korhogo et 22 à Man. Parmi elles, 158 cas de fistule ont été confirmés, et 80 opérations ont déjà été réalisées.

« Il nous reste donc à opérer 78 patientes d’ici la fin de la mission », a-t-il indiqué, ajoutant que l’opération se déroule dans cinq hôpitaux de référence, avec sept blocs opératoires et la participation de 36 chirurgiens — dont 22 Ivoiriens et 14 experts internationaux venus notamment du Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun, de la Gambie, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Sénégal, du Tchad et du Togo.

Appel à la solidarité nationale

Prenant la parole, le ministre Jacques Assahoré Konan a exprimé son engagement dans la lutte contre la fistule obstétricale et a lancé un appel à la solidarité nationale :

« Je voudrais inviter chacun de nous à se montrer solidaire de cette action, à faire en sorte que nos sœurs et nos mères bénéficient pleinement de cette campagne. Manifestons notre soutien à toutes celles qui vivent cette épreuve dans la douleur et l’isolement. »

Grâce à l’appui technique de ses partenaires, notamment le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) et la SSSU, 30 kits de dignité ont été remis aux patientes du CHU de Bouaké. Chaque kit, composé de pagnes, draps, coton, savon, parfum, pommade, serviette de toilette et d’une enveloppe de 10 000 francs CFA, vise à leur offrir un soutien matériel et moral.

Nambacéré Joël

Commentaire

PARTAGER