Ouattara adoube le fils cadet Hamed Bakayoko après la disparition du fils aîné Amadou Gon Coulibaly (Côte d’Ivoire, Premier ministre)

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Hamed Bakayoko a été nommé officiellement au poste de Premier ministre, après avoir durant deux mois occupé la fonction par intérim alors qu’Amadou Gon Coulibaly était en contrôle médical en France, et également suite au décès de celui-ci le 8 juillet 2020.

Les ruses du destin ont créé une situation nouvelle avec la brusque disparition d’Amadou Gon Coulibaly, obligeant le RHDP à trouver un successeur pour être candidat à l’élection présidentielle d’une part et, d’autre part au poste de Premier ministre.

Tout semble indiquer qu’Alassane Ouattara sera candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020, ce qui est rendu possible par l’adoption, le 11 octobre 2016, d’une nouvelle constitution.

Maintenir l’élection présidentielle le 31 octobre 2020

Le Président Alassane Ouattara est un homme de principes. Il tient à ce que les élections aient lieu aux dates fixées. Certains ont pu lui conseiller de repousser l’élection présidentielle d’un an. Mais quelle sera la situation politique à la fin de l’année 2021 ?

Personne n’en sait rien ? Le RHDP sera-t-il en situation de dominer la scène politique ivoirienne dans un an ? Rien n’est moins sûr, la disparition d’Amadou Gon Coulibaly réveillant une guerre des égos au sein du parti gouvernement ainsi que l’ambition des chefs de partis alliés.

En étant candidat, Alassane Ouattara impose son calendrier et met sous pression ses adversaires.

Comment lutter contre le temps ?

L’ennemi du Président Alassane Alassane Ouattara aujourd’hui, s’il est candidat, peut être le temps.

Comment bâtir une campagne électorale dans un temps très court, d’autant plus qu’il existe ce temps du deuil qu’il faut respecter ?

Dès qu’il annoncera sa candidature, il restera à Alassane Ouattara environ 75 jours. Il lui faut donc une équipe de campagne solide et solidaire avec un Premier ministre qui remplit la fonction, un directeur de campagne qui connaît le terrain et un coordonnateur au Palais présidentiel.

Les noms sont connus : Hamed Bakayoko qui vient d’être nommé Premier ministre, Adama Bictogo, qui organise les grands événements pour le RHDP, et Patrick Achi, le Secrétaire général de la Présidence de la République.

Bien sûr, Alassane Ouattara sait qu’il peut compter sur la parfaite organisation du RHDP, le avec ses cadres et ses militants présents sur le terrain.

Bakayoko, l’homme qu’il faut à la place qu’il faut

La stratégie, pour un Président sortant, est souvent de changer de Premier ministre deux ans avant l’élection présidentielle.

À un Premier ministre souvent moins politique, succède un Premier ministre très politique, qui a le soutien de la majorité et qui impacte l’imaginaire collectif. Amadou Gon Coulibaly incarnait, dans l’imaginaire collectif, la version économique, voire technocratique du « ouattarisme », Hamed Bakayoko en incarne une version politique.

La feuille de route du Premier ministre Hamed Bakayoko doit être, dans ce temps court , une feuille de route sociale, politique et sécuritaire.

Ses fonctions régaliennes passées lui ont déjà donné sous l’autorité du Président de la République, l’image d’un ministre capable de protéger les Ivoiriens et le pays.

A-t-il la capacité et la volonté de diriger un gouvernement de terrain ? Il est évident que les ministres RHDP ne doivent pas rester dans leurs bureaux, comme le leur a souvent conseillé Alassane Ouattara, et comme s’essayait à le faire Amadou Gon Coulibaly. Les membres du gouvernement doivent aller sur le terrain, car une bataille électorale se gagne par la présence sur le terrain.

Le Premier ministre Hamed Bakayoko était présent sur le terrain pour rencontrer les militaires en révolte qui avaient pris le contrôle de Bouaké en 2017 ; il était présent sur le terrain pour se faire élire à Abobo, il a été présent sur le terrain à plusieurs autres occasions.

Le choix d’Hamed Bakayoko comme Premier ministre s’imposait, car son image installe, dans ce temps court de la campagne présidentielle de 2020 après la disparition d’AGC ( Amadou Gon Coulibaly) , une manière rassurée et apaisée de faire de la politique : proximité avec les populations, présence sur le terrain, fermeté mais aussi ouverture aux autres dans le respect de ses convictions, et d’un engagement fort et indiscutable auprès du Président Alassane Ouattara.

Alassane Ouattara qui, en Amadou Gon Coulibaly, a perdu le fils aîné, a choisi de mettre à l’épreuve et en orbite son autre fils, le cadet, Hamed Bakayoko, après avoir fait le tour de la question, et passé au scanner tous les autres profils et toutes les options possibles !

C’est donc un choix assumé et réfléchi qui tiendra jusqu’à la fin du processus de l’élection présidentielle de 2020 , et surtout peut-être jusqu’à la tenue des élections législatives qui suivront, soit une période de 6 à 12 mois.

Wakili Alafé

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