Rupture Rhdp-Pdci : à quelque chose malheur est-il bon Les dossiers du V baoulé enfin sans intermédiaires: l’entente Ouattara-Bédié portait préjudice

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Le Chef de l’État, Alassane Ouattara avait placé toute sa confiance en son aîné , au point de faire de lui, le co-décideur sur certains dossiers, et notamment le « maître de la vie du Rhdp » dans le “V“ Baoulé.

Il avait fait de Bédié, la principale courroie de transmission entres les cadres, les chefs et les populations de cette partie du pays et lui. Dans le cadre du Rhdp, par respect à l’ainé Henri Konan Bédié, le Président Alassane Ouattara semblait le laisser sous-traiter ( ou plutôt traiter ) les questions relatives au Rhdp. C’est le Président Bédié, qui était en contact direct avec les cadres, les chefs traditionnels et les populations de la région. L’on se souvient que, c’est le Président Henri Konan Bédié qui avait présenté le Président Alassane Ouattara aux chefs traditionnels du “V“ Baoulé, en 2010 (il avait été baptisé Allah N’Gnissan). Suite à cette cérémonie, dans l’entre deux tours de la Présidentielle de 2010 (novembre 2010), aucun de ces chefs n’a certainement rencontré , individuellement le Chef de l’État. Le Président Alassane Ouattara, une fois Chef de l’État, pouvait les solliciter directement et les recevoir. Mais, par respect pour son aîné , pour ne pas vexer le président Bédié, il prenait le soin de les conduire vers lui. C’était du “tout Bédié“, pour ce qui concerne le “V“ Baoulé. Et cette situation a empêché l’établissement de contacts directs entre le Président Alassane Ouattara et les chefs traditionnels, les cadres du “V“ Baoulé et au-delà, entre les cadres du Pdci-Rda et lui.

La crise avec Bédié ouvre une nouvelle voie.

Aujourd’hui, la crise entre le Président Bédié et lui, ouvre une nouvelle ère. Le Président Bédié n’est plus là pour constituer ce corridor à franchir pour toucher directement le “V“ Baoulé. Le corridor Bédié n’est plus. Il n’est plus là pour tirer sur lui la couverture en bien ou en mal. La relation devient donc directe entre Ouattara et le “V“ Baoulé.
Ainsi, les ministres Amédé Kouakou, Raymonde Goudou Coffie ou encore le Président du Sénat, Jeannot Ahoussou Kouadio ont effectué des rencontres avec les chefs traditionnels. Le Président Ouattara avait visité le Iffou en septembre 2014 et d’autres régions du “V“ Baoulé. Mais, dans le fond, il semblait toujours agir sous l’ombre du Président Bédié. Aujourd’hui, tout ça est terminé. Et la visite d’État de 4 jours qu’il effectue dans le N’Zi (du 25 au 28 septembre 2019), sans l’avis de Bédié, en est la parfaite illustration. Et tout porte à croire que c’est peut être en connaissance de cause que le Chef de l’État a attendu aussi longtemps pour venir dans le N’Zi, sa terre natale. Et les faits semblent lui donner raison. Car, s’il avait déjà fait toutes ces régions, quelle opportunité allait-il trouver pour y repartir ? Allait-il inventer des secondes visites d’État ? À quelque chose malheur est donc bon. Il a laissé deux ou trois régions, dont le N’Zi, qui est chez-lui. Il y va aujourd’hui. C’est l’enfant prodige qui vient. Il s’est dit qu’étant le président de toute la Côte d’Ivoire, lui, fils du N’Zi, doit d’abord donner aux autres, avant ses parents. La couverture Bédié disparaît pour le meilleur et pour le pire. Il n’y a plus de parrain. Le dialogue est direct.

Les populations du V Baoulé, les cadres du Pdci-Rda peuvent rencontrer Ouattara, sans passer par Bédié.

Les cadres du Pdci-Rda sont devenus libres dans leur engagement aux côtés du président Ouattara . Le Vice-Président Kablan Duncan, le Président du Sénat, Jeannot Ahoussou Kouadio et tous les autres cadres du Pdci n’agissent plus sous le contrôle de Bédié, à ce niveau. Ce n’est plus grâce à Bédié qu’ils obtiennent des choses, et des rendez-vous . Ce n’est plus grâce à lui qu’ils parlent au Président Ouattara. D’ailleurs, Kouadio Konan Bertin dit KKB et Charles Konan Banny ont été victimes du corridor Bédié, entre Ouattara et eux. Ils ont pu être vexés et frustrés, alors qu’ils jouissaient de bonnes relations avec le Président Ouattara, de constater que c’était Bédié d’abord ! L’ex-Premier ministre Charles Konan Banny avait d’ailleurs une relation plus ancienne, fraternelle, plus fusionnelle avec Ouattara qu’avec Bédié.

Il n’a pas fait de rattrapage (…) Le Fpi et les BAD, victimes.

Même s’il se raconte qu’il est le Président du rattrapage, l’on constate bien qu’il n’a pas fait de rattrapage pour Dimbokro. Pourtant, lorsque quelqu’un fait du rattrapage, les ressortissants de sa terre natale sont les premiers bénéficiaires. Personne ne peut dire que le Président de la République n’est pas attaché à Dimbokro et qu’il ne sent pas Dimbokro. Pourtant il n’y a pas eu rattrapage pour Dimbokro.
Ce que l’on a tendance à oublier, c’est que le président Bédié faisait venir des cadres, et comme il l’a dit, proposait des nominations au gouvernement. On a souvent oublié que, s’il y a eu rattrapage, les victimes, c’est peut-être le Fpi et tout ce qui est pro-Gbagbo. Notamment, ceux qu’on appelle les BAD, c’est-à-dire, les Bété, les Attié et les Dida. S’il y a eu rattrapage, il s’est fait entre le sud et le nord. À l’époque, on parlait du duo et du couple. Quand un cadre du Pdci est nommé, il est automatiquement secondé par un cadre du Rdr. Si un Pdci est nommé, il est secondé par un Rdr et vice versa. C’était donc un partage. Et c’est Bédié qui traitait la question liée aux Baoulé et assimilés . Mais, aujourd’hui, d’autres ont compris que, s’il a aidé à les faire nommer, avec cette crise avec Ouattara, il n’est plus capable de les aider à rester. Ils ont donc fini par choisir leurs camps.

Bédié veut le pouvoir pour se remettre en selle.

Dans sa relation avec le “V“ Baoulé et les cadres du Pdci, le Président Alassane Ouattara profite de la crise avec Bédié pour prendre les choses en mains. N’ayant plus les moyens de maintenir ses cadres sous sa coupole, le président Henri Konan Bédié rêve de revenir au pouvoir. Mais, aura-t-il cette capacité de maintenir à lui ces cadres, dans l’espérance d’un retour au pouvoir pour avoir plus de possibilité de solutionner leurs problèmes ? L’attachement que ses parents et les cadres Pdci du V baoulé avaient pour lui, parce qu’il est l’un des leurs, leur fils, mais aussi parce qu’il avait la capacité de régler les problèmes, peut-il encore durer longtemps ? Est-ce que cela peut empêcher le président Ouattara de s’enraciner davantage, d’avancer et de faire progresser le Rhdp,ainsi que sa vision de l’houphhouetisme, du rassemblement et de la réconciliation?

J-H Koffo

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