Soro trahi par Gbagbo, procès de Ouattara et vérités à Jeune Afrique (dîner à Paris avec journalistes)

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photo Twitter :Guillaume Soro a dîné avec une quinzaine de journalistes exerçant dans des rédactions dans la capitale française

Dernère publication

Le mercredi 23 octobre 2019, dans un restaurant du 13 rue de la Paix dans le deuxième arrondissement à Paris, Guillaume Soro a dîné avec une quinzaine de journalistes exerçant dans des rédactions dans la capitale française..

Lors de son propos liminaire, Soro Kigbafori Guillaume, néo candidat déclaré à la présidentielle ivoirienne, a indiqué que le président Alassane Ouattara était un homme du passé : « Ouattara, c’est du passé, il ne va plus se représenter ».

Pourquoi déclarer sa candidature à Valence en Espagne et non en Côte d’Ivoire ?

Le patron de Générations et Peuples Solidaires (GPS) a rappelé à ses convives qu’il n’avait pas annoncé sa candidature sur France 24 et RFI, mais plutôt à Valence après son ‘’souci’’ à son hôtel de Barcelone.

Selon lui, c’est justement pour évoquer les circonstances de la situation vécue dans la capitale catalane espagnole qu’il avait accepté l’invitation de deux médias précités, et non pour annoncer une candidature qui l’avait été quelques jours plus tôt.

Il a laissé entendre qu’il il est prévu une déclaration officielle et solennelle de candidature à l’élection présidentielle de 2020 dès son retour en Côte d’Ivoire début novembre 2019 ( 9 novembre 2019 ), même si c’est la date du dimanche 27 octobre 2019 au plus tard, qu’il avait laissé entre lors de l’interview sur France 24 et RFI.

Revenant sur cet entretien conjoint accordé à France 24 et RFI, alors qu’il lui a été demandé s’il ne craignait pas d’être taxé de l’homme de la France-Afrique, avec l’hommage rendu au défunt président français Jacques Chirac, Guillaume Soro a répondu par la négative, et a retorqué qu’on lui avait reproché de ne pas avoir rendu hommage à Robert Mugabé qu’il ne connaissait pas.

Il a ajouté avoir bien connu Jacques Chirac qui a été impliqué dans la gestion de la crise ivoirienne, et qu’il a rencontré à plusieurs reprises. Il a donc jugé normal de lui rende hommage.


Au sujet de ses relations avec ces États qui l’ont soutenu à un moment…

Guillaume Soro a indiqué qu’il n’a pas le droit de révéler un certain nombre de choses au risque de mettre en difficulté ses soutiens de l’extérieur. « Cette réponse ne veut rien dire du tout », a commenté notre source présente au dîner.

Les oreilles de Jeune Afrique tirées

Le président du GPS n’aurait pas apprécié deux passages d’un article de Jeune Afrique dans lesquels il est question d’une ‘’mystérieuse opération policière’’ au sujet de son arrestation manquée à Barcelone.

Une de nos sources a révélé que Guillaume Soro a estimé que cette expression était de nature à jeter un voile de doute sur le narratif du ‘’rescapé’’ qu’il était. Un autre passage de l’article lui prêtant une forte addiction à l’alcool, Guillaume Soro a réglé ses comptes avec les journalistes de l’hebdomadaire panafricain basé à Paris.

La validation de la candidature de Ouattara…et la sienne.

Pendant les échanges avec les journalistes, Guillaume Soro a insisté pour dire qu’il était celui qui avait participé le plus à toutes les négociations et concertations concernant la crise ivoirienne. Cela faisait de lui l’un des meilleurs sachants de la vie politique en Côte d’Ivoire, même s’il lui est rétorqué souvent d’être le plus jeune, histoire de lui demander d’attendre…lui le ‘’doyen’’ des négociations, aurait-il dit.

Il a rappelé le contexte dans lequel la candidature du président Alassane Ouattara a été validée ( ce qui était une exigence pour lui ) , les échanges avec Thabo Mbeki, le fait que se soit lui qui ait exigé que les Nations-Unis viennent….pour certifier les élections de 2010.

En cas de rejet de sa candidature ?

Que ferait-il en cas de rejet de sa candidature ? Cette interrogation a poussé l’ex ministre Affoussiata Bamba, une des plus proches conseillères du Président du comité politique, a faire une mime qui est ainsi rapportée et commentée par une de nos sources : « Affoussiata Bamba a fait un geste que j’ai trouvé déplacé. Elle tentait de montrer par ce geste que si jamais la candidature de Guillaume Soro était rejetée, ils reprendraient les armes. Je n’ai pas compris pourquoi elle le faisait, et cela semblait pourtant l’amuser ».

L’épisode catalan

Aux dires d’une autre source, Guillaume Soro, s’est longuement expliqué sur la tentative d’arrestation à laquelle il a échappé. Il aurait même montré sur son smartphone, les traces des échanges avec la secrétaire de l’ambassadeur ivoirien en Espagne. Il a précisé que c’est parce qu’il n’arrivait pas à avoir le patron de la mission diplomatique ivoirienne en Espagne qu’il s’est rabattu sur celui de l’Espagne en Côte d’Ivoire.

« C’est Gbagbo qui m’a trahi et déçu… »

À l’évocation d’un sentiment de trahison à l’égard de Laurent Gbagbo, Guillaume Soro a renversé les rôles : « C’est Laurent Gbagbo qui m’a trahi et déçu ».

« Je lui avait présenté Charles Blé Goudé comme successeur, il m’a donné sa parole et son accord de le soutenir. Mais après, il a soutenu un autre candidat. Il m’avait déjà déçu là. Ensuite en 2010, je lui avais demandé de quitter le pouvoir, et qu’il pourrait revenir en 2015, mais nous connaissons tous la suite. Je n’ai donc pas trahi Laurent Gbagbo », a déclaré celui qui était le premier ministre d’Alassane Ouattara à la chute de Laurent Gbagbo.

« Ouattara aussi m’a trahi… »

Quand des journalistes évoquent qu’il aurait trahi Alassane Ouattara, Guillaume Soro réplique que non. Celui qui a poussé le fer pour que l’actuel chef de l’Exécutif ivoirien rentre dans l’effectivité du pouvoir, a expliqué que Ouattara lui avait demandé de dissoudre les Forces Nouvelles (FN). Et qu’à la suite de cela, il devait faire de lui le vice-président du RDR (rassemblement des républicains) au congrès suivant. Mais contre toute attente, Ouattara lui avait demandé de rendre la Primature qui revenait à l’époque au PDCI, l’allié politique d’alors.

Des questions en suspens : quand parlera-t-il ses ivoiriens et aux ivoiriens

Le dîner étant destiné à des journalistes exerçant sur la place parisienne, spécialisés dans le traitement des questions africaines, nous livrons ci-dessous nos préoccupations et nos interrogations, en attendant une éventuelle rencontre de Guillaume Soro avec des journalistes ivoiriens de France.

« Depuis son départ du perchoir de l’hémicycle ivoirien, Guillaume Soro ne parle que de lui ! Ouattara n’aurait pas été reconnaissant à son égard, Ouattara serait méchant avec lui, Ouattara s’acharnerait contre lui et ses proches. Tout le monde l’aurait trahi ! Quand est-ce qu’il sortira de ces récriminations pour parler des Ivoiriens, de leurs quotidiens, de leur avenir ? Quelle est son offre politique en dehors de l’ingratitude supposée de Ouattara à son endroit ? Que propose-t-il à ces Ivoiriens et à ces Ivoiriennes qui réclament Laurent Gbagbo qui l’aurait également déçu, selon lui ? En quoi est-il meilleur candidat que le candidat éventuel du Pdci ? Pourquoi Bédié qui est en rupture avec Ouattara, au nom de l’alternance en faveur du Pdci, comprendrait qu’il doit être heureux que Guillaume Soro devienne président de la République, après une éventuelle cuisante défaite du Pdci Rda, et aussi du Rhdp, en 2020 ? ».

En tout état de cause, Guillaume Soro est attendu à Abidjan et dans le pays profond, aussi bien par ses partisans , que par ses adversaires, pour lancer la grande bataille de la présidentielle 2020, qui promet , malgré une CEI ( commission électorale indépendante ) qui va brûler le pays, selon ses propos sur France 24 et RFI. Il aura au moins prévenu au sujet de la CEI…

Jean-Paul Oro, à Paris

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