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Après quatre jours de réflexions, le premier colloque international sur le bien-être, initié par le Centre de Recherche pour le Développement (CRD), a officiellement pris fin le vendredi 30 mai 2025 à l’Université Alassane Ouattara de Bouaké. Placé sous le thème « Repenser le bien-être : contribution des sciences sociales à la construction et à la compréhension du bien-être social dans le monde et en Afrique », cet événement scientifique a permis d’explorer les multiples facettes du bien-être à travers des approches innovantes, particulièrement adaptées aux réalités africaines.
Ce colloque a réuni des chercheurs, enseignants, experts et étudiants issus de huit pays le Burkina Faso, le Mali, le Sénégal, le Togo, le Bénin, la France, le Congo-Brazzaville et la Côte d’Ivoire confirmant ainsi son envergure internationale. Sur les 83 communications initialement programmées, 69 ont été effectivement présentées en ligne ou en présentiel.
Parmi les moments forts de l’événement, le panel 8 a particulièrement retenu l’attention des participants. Les discussions y ont porté sur la création d’un Indice de Bien-être (IBE) spécifiquement pensé pour le contexte ivoirien, une initiative pilotée par le CRD.
Un indice innovant et holistique
L’Indice de Bien-être développé par le CRD se distingue des indicateurs classiques comme le Produit Intérieur Brut (PIB) ou l’Indice de Développement Humain (IDH). Il repose sur une approche multidimensionnelle intégrant les aspects sociaux, économiques, culturels, affectifs et genrés du bien-être. Inspiré des dynamiques du marché du travail et sensible aux effets des crises économiques, l’IBE vise à refléter plus fidèlement les aspirations profondes des populations.
« Il était important d’organiser ce colloque international car nous portons une innovation majeure dans l’évaluation du bien-être, construite à partir des attentes des populations elles-mêmes », a souligné le Professeur Doudou Théodore Dimi, sociologue de la santé et directeur du CRD. Selon lui, cette recherche pilote, menée dans trois régions et un district autonome de Côte d’Ivoire, a permis d’identifier douze dimensions essentielles du bien-être, parmi lesquelles la santé, l’éducation, la sécurité, l’économie, la famille, les relations affectives et la question du genre.
Fort des résultats de cette phase expérimentale, le CRD souhaite désormais élargir son champ d’action : « Nous lançons un appel au gouvernement et aux partenaires au développement pour obtenir les financements nécessaires à l’extension de cette étude à l’ensemble du territoire national. Cela permettra de renforcer la prise de décisions publiques éclairées et centrées sur les besoins réels des citoyens. »
Une recherche centrée sur l’humain
Le colloque a également mis à l’honneur les jeunes chercheurs. Trois communicateurs ont été primés pour la qualité et l’originalité de leurs travaux. Parmi eux, Viviane Hérice Anagonou, de l’Université d’Abomey-Calavi (Bénin), s’est illustrée avec une présentation saisissante sur le bien-être sexuel des élèves pratiquant la tontine sexuelle à Cotonou. Son étude révèle que les jeunes filles y trouvent une forme de sécurité économique tandis que les garçons y cherchent du plaisir, démontrant ainsi que le bien-être sexuel n’est pas la finalité principale de cette pratique.
En favorisant une approche contextuelle, inclusive et critique du bien-être, ce premier colloque international organisé par le CRD ouvre de nouvelles perspectives pour les sciences sociales africaines. Il marque un pas important vers la construction d’indicateurs plus justes, plus humains et mieux ancrés dans les réalités locales, avec un potentiel d’impact significatif sur les politiques publiques en Côte d’Ivoire et au-delà.
Nambacéré Joël