Côte d’Ivoire: des parents des 6 morts dans la lagune à Anoumabo témoignent

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Une vue de la pirogue (Photo DR)

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Dans la nuit du 28 au 29 décembre 2018, une pirogue a chaviré dans la lagune Ebrié à Marcory – Anoumabo. Le bilan fait état de 6 morts et 5 rescapés. L’intelligent d’Abidjan a pu rencontrer un passeur et des parents de victimes. Témoignages.

« Ils étaient tous des enfants qui venaient du sport. Ils sont allés courir sur le pont Henri Konan Bédié. Ils faisaient nuit quand ils sont arrivés, parce que c’est moi qui était ici jusqu’à 20h50. À cette heure, nous rentrons à la maison et nous attachons les pirogues. Ce n’était pas la première fois qu’ils viennent en notre absence pour passer avec notre pirogue. Ils le font chaque vendredi. Mais cette fois le drame est survenu. Ces enfants sont arrivés peut-être à 21h ou à 22h, puis ils ont détaché la pirogue qui était accostée et sont partis. Aux environs de 3h du matin, je suis sorti pour uriner et j’ai vu la présence des sapeurs-pompiers. Je me suis approché, et il y avait 6 corps d’enfant allongé. J’ai regardé les visages et je n’ai vu aucun visage familier. Ces enfants venaient du quartier Marcory Sans fil, ils ne sont pas d’Anoumabo. Nous avons interdit le passage de ces enfants depuis ce drame. Et nous les attendons à pied ferme le vendredi prochain, nous avons déjà l’accord du chef de village. Qu’ils fassent le tour pour aller faire le sport. Les passagers viennent et nous les faisons traverser , nous continuerons notre travail. Nous ne prenons pas plus de 10 personnes dans notre pirogue, mais ces enfants sont partis à 11. Nous terminons notre semaine aujourd’hui dimanche 30 décembre 2018, et un autre groupe de passeur monte demain lundi », témoigne le passeur Guy Bertrand.

Dabré Arouna, père de la défunte Dabré Assetou âgée de 14 ans en classe de 5eme au collège Itratou Tahira prononce le nom de sa fille avec douleur en expliquant : « Assetou a préparé pour moi le vendredi 28 décembre 2018 ; puisque sa mère n’est pas là, c’est elle qui fait la cuisine. Lorsqu’elle a fini de faire la cuisine, j’ai mangé et elle m’a dit au revoir pour aller chez sa grande mère où elle dort. C’était à 19 h. C’est de chez sa grande mère qu’elle est allée faire le sport avec ses amis du quartier. Ils font ce sport chaque vendredi. Je sais qu’ils vont courir sur le pont, tous les parents ici savent que leurs enfants vont faire le sport là-bas et aujourd’hui c’est ma fille qui a été victime de cet accident en l’absence de sa mère qui est allée au Mali parce qu’elle a perdu son grand frère. C’est hier (samedi 29 décembre Ndlr ) que nous lui avons annoncé cette triste nouvelle; elle est actuellement en route pour la Côte d’Ivoire. Nous ne savons même pas avec qui ils vont faire le sport puisqu’ils sont nombreux. Les corps sont actuellement à la morgue de Port-Bouet et nous y avons rendez-vous demain ( lundi 31 décembre 2018) pour les certificats de décès ».

Dans la famille Yoda, deux bâches sont installées à l’entrée de la cour pour les visiteurs. Le père et le frère aîné du défunt Yoda Mohamed, âgé de 16 ans et élève à l’école coranique sont présents. « Mon petit frère était un vrai croyant et il priait beaucoup. C’est vers 23heures que des jeunes sont venus nous alerter de l’incident. Lorsque, nous sommes arrivés sur les lieux, mon petit frère était déjà mort mais encore dans l’eau. Ses amis qui étaient sur les lieux m’ont dit qu’il avait sauvé 2 personnes et à la 3 ème personne il n’a pas survécu. Ils sont restés tous les deux parce que le poids de celui qu’il voulait sauver était plus que pour lui. Celui qu’il voulait aider avait 21 ans et lui 16 ans . Nous avons attendu plus de 2 heures avant l’arrivée des sapeurs pompier sur les lieux », a indiqué l’aîné.

TAB avec RK

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