Alafé Wakili (journaliste) : “Communiquer, ce n’est pas mentir, c’est aussi être honnête”

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Alafé Wakili (Journaliste-écrivain)

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Alafé Wakili, DG de l’Intelligent d’Abidjan, était l’un des conférenciers du séminaire de formation des leaders de jeunesses de partis et de mouvements proches du Rhdp. Il intervenait sur le sous-thème : “Quelle communication pour un climat politique apaisé et une victoire du Rhdp en 2020“.

Pour lui, le premier élément pour mieux communiquer, est d’identifier les supports utiles et les maitriser. « Pour bien communiquer, il faut identifier les supports idoines et les maîtriser. On a les médias traditionnels que sont les journaux, la radio, la télévision, il y a aussi aujourd’hui l’internet qui prend de l’importance. Les réseaux sociaux ont été importants en 2010. On a eu le sentiment qu’en 2010, le Rhdp avait gagné la bataille des réseaux sociaux. Plus tard, après cette crise qui fut violente où le Lmp au pouvoir, n’a pas pu gagner ce combat sur internet, malgré tous les moyens, au point où il y a eu une rumeur de vouloir couper internet en Côte d’Ivoire à cette époque-là, avez-vous encore le sentiment que le Rhdp continue encore de gagner la bataille du net ? », a-t-il interrogé l’assistance, avant de poursuivre pour dire : «Si non, il faut se demander pourquoi ce n’est plus le cas et rectifier le tir (…) À côté de ces médias classiques, il y a aussi des moyens de communication classiques qui existent. Je veux parler des meetings, des réunions, des tracts ou des plaquettes sur des supports d’information. On a les Sms, le mailing et beaucoup d’autres choses. On les appelles les activités hors médias. Il y a aussi les panneaux, la publicité sur les véhicules. Il y a beaucoup de supports de communication aujourd’hui. Il faut pouvoir les identifier. Il y a aussi une série d’actions qui sont menées par rapport à la communication. Il est donc important d’identifier tous ces supports, en avoir une bonne connaissance et une bonne maîtrise .

Lorsqu’on a identifié tout cela, le climat politique apaisé signifie aussi qu’il faut produire des discours de paix. Il faut éviter des discours de haine, de rejet, d’exclusion. Et éventuellement, organiser les élections dans des conditions apaisées. Cela peut aussi conduire à l’adoption d’une charte entre les acteurs politiques» a rappelé Alafé Wakili. Il a rappelé l’importance d’être proactifs. Pour lui il est nécessaire de recenser les handicaps du Rhdp, les critiques qui sont faites à l’endroit du parti et y apporter des réponses avec des éléments de langage précis. Alafé Wakili pense aussi qu’il est important pour le Rhdp de former des hommes pour les débats, et surtout favoriser et susciter des débats contradictoires. « Ce n’est pas bon de refuser les débats contradictoires. Parce que ça ne permet pas souvent de percevoir qu’il y a des choses qui ne vont pas. Il est important, même dans les périodes hors électorales comme celle-là, de favoriser les débats d’idées et des débats contradictoires. Il ne faut jamais rien laisser sans réactions appropriées. Ça peut être lors d’un meeting, une conférence de presse, un débat, une interview, une déclaration. Cela peut venir du Rhdp, d’un mouvement ou d’un militant. Mais il est important de pouvoir tout coordonner, ne pas donner un sentiment de désordre et de panique. La coordination dans la communication est très importante. L’impression de confusion fait que le message n’est pas perçu», a-t-il fait remarquer.

Communiquer, ce n’est pas mentir, c’est aussi être honnête

Pour trouver les bons éléments de langage, l’expert en communication a indiqué qu’il est important pour le Rhdp de mettre en place une cellule à cet effet et faire un travail de coordination entre tous ceux qui sont concernés par la prise de parole. Et dans le cadre de la campagne pour la présidentielle de 2020, il convient selon lui, de mettre en avant les atouts du candidat à venir du Rhdp. «Travaillez aussi sur les faiblesses du candidat et du Rhdp, et corrigez ce qui fait l’objet de critiques. Ne pas faire comme si on n’entend pas les critiques. Il faut les écouter. Faire un travail scientifique en énumérant des éléments de réponse. Il ne faut pas fuir les débats qui fâchent. On regarde ce qui ne va pas, et on y apporte des réponses. Ne pas faire la langue de bois. Il faut aussi voir les faiblesses et les atouts des opposants. Identifier leurs qualités et voir comment ils ont de l’avantage sur vous et voir comment transformer ce désavantage en atout. Communiquer, ce n’est pas mentir, ce n’est pas dénigrer, ce n’est pas discréditer. Il faut être honnête.

Je constate qu’ici en Côte d’Ivoire, la communication, ce n’est pas fair-play. Il faut savoir reconnaître ce que l’autre fait de bien. Le parti au pouvoir doit avoir ce sens de l’intégrité et de l’honnêteté. Pour reconnaître éventuellement que l’adversaire a fait une bonne chose. Ce n’est pas lui faire la passe. C’est exiger que lui aussi soit honnête avec nous demain, comme nous avons pu l’être à notre tour », a-t-il fait remarquer. Dans le dernier volet de son exposé liminaire, il a dit : « Il y a aussi le fact checking (la vérification des faits) et la data science (l’usage, ou la science des données). Le fact checking permet de vérifier à l’instant une information donnée par un adversaire, dans une critique, dans un débat . Cette vérification rapide permet de confondre sur le champ, ou si on s’est trompé sur un détail, de se rattraper immédiatement, de peur que l’adversaire ne contredise. Le Rhdp doit être capable d’avoir des instruments, des hommes avec des experts capables de faire ce fact checking. Des qui vérifient les faits en temps réels. La data science, ce sont des instruments de gouvernance qui sont utilisés pour des prises de décisions. Lorsqu’elle est prise, il est important d’avoir toutes les données pour expliquer et revenir en arrière ». Le Directeur général de l’Intelligent d’Abidjan, a ensuite répondu aux questions des participants au séminaire.

J-H K

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