Amadou Gon Coulibaly à Jeune-Afrique : “On ne peut pas comparer 2020 et 2010”

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photo jeuneafrique:le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly

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Dans une interview accordée au magazine Jeune-Afrique dans sa parution du 15 au 21 décembre 2019 , le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly a fait le tour des sujets brulant de l’actualité nationale, et déploré, entre autre, le fait que les partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo s’excluent, selon lui, du débat politique national, dans l’attente du retour au pays de leur leader.

«(…) La Coalition Eds (Ensemble pour la démocratie et la souveraineté. Ndlr). Ses membres considèrent que tant que Laurent Gbagbo ne sera pas de retour en Côte d’Ivoire, la politique ne les intéressera pas. Mais, que voulez-vous que nous y fassions ? Nous savons par expérience que quitter la table de négociation n’est pas le bon choix. Vous vous souviendrez, peut-être que, en 2000, j’ai milité pour le boycott des législatives, parce que notre président (Alassane Ouattara. Ndlr) avait été injustement exclu du scrutin. (…) J’estime donc que c’est une erreur de s’exclure de la politique en attendant le retour du président Gbagbo. Ses partisans sont tout à fait fondés à mener le combat pour son retour, je le comprends très bien. Ce que je ne comprends pas en revanche, c’est le choix qu’ils ont fait de rester en marge de la vie politique, dès lors qu’il s’agit de l’avenir et des conditions de vie de leurs compatriotes», a répondu le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, à une question relative au retrait du Pdci-Rda et de la plateforme Eds (proche de Gbagbo), des discussions pour la constitution de la Cei.

«Bédié a été Chef de l’État et son bilan ne plaide pas en sa faveur»

Interrogé aussi sur les raisons qui poussent le Président Alassane Ouattara à ne pas souhaiter une candidature d’Henri Konan Bédié, son allié d’hier, à la présidentielle de 2020, il a pointé du doigt le bilan des années de présidence du président du Pdci-Rda (1993 à 1999). Un bilan qui, selon Amadou Gon Coulibaly, ne militerait pas en sa faveur. « Il a déjà été Chef de l’État et son bilan ne plaide pas vraiment en sa faveur. A l’époque, il n’était vraiment pas parvenu à rassembler la nation, tâche à laquelle nous nous sommes attelés en créant le Rhdp. Je suis surpris d’entendre aujourd’hui encore, certains de ses propos qui ne peuvent, selon moi, que contribuer à la division des ivoiriens. titre personnel, je considère qu’il a fait son temps et que le moment est venu pour lui de se reposer, de jouer le rôle de sage, de partager son expérience avec les nouvelles générations», a-t-il dit.
Se prononçant sur la situation sociopolitique dans le pays, à l’approche de la présidentielle de 2020, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly a estimé qu’elle ne débouchera pas sur une crise majeure : «Vue de l’extérieur, la situation peut sembler difficile. Mais je suis intimement persuadé qu’il n’y aura pas de problème majeur. Les ivoiriens ont gagné en maturité. Ils ne veulent plus de crises, mais simplement vivre en paix».

« On ne peut pas, selon moi, comparer 2020 et 2010 parce que la situation est fondamentalement différente »

Amadou Gon Coulibaly a également minimisé le poids politique d’une coalition constituée du Pdci de Bédié et le Fpi de Gbagbo, face au Rhdp en 2020. Pour lui, la donne de 2010 n’est plus la même aujourd’hui : « En 2010, vous aviez trois grandes formations politiques : Le Rdr, le Fpi et le Pdci. Aujourd’hui, le Pdci ne représente plus que 40% de ce qu’il était en 2010. Je n’insisterai pas sur les difficultés auxquelles le Fpi est confronté pour des raisons de querelles internes. Reste le Rhdp qui regroupe le Rdr de l’époque, plus une large partie du Pdci, d’autres partis politiques, ainsi que nombre d’Ivoiriens qui croient aux idéaux de paix et de développement et approuvent le leadership du Président Ouattara. On ne peut pas, selon moi, comparer 2020 et 2010 parce que la situation est fondamentalement différente».
Et pour le Premier ministre, président du Directoire du Rhdp, c’est une erreur que commentent les observateurs en comparant les deux époques : « Pour eux, Parce qu’il y a trois acteurs politiques, et comme deux d’entre eux ont décidé de s’allier, ils en concluent que le troisième sera forcément battu. Mais les choses évoluent, et la force des différents acteurs n’est plus la même qu’il y a 10 ans. Donc le raisonnement ne tient plus, parce que la configuration politique est nouvelle. (…) Nous considérons que notre bilan parle pour nous et que le projet que nous présenterons en 2020 va encore plus loin que le précédent. Je ne doute donc pas de notre victoire, quel que soit l’adversaire que nous devrons affronter ».

«Je ne crois pas à une percée significative de Guillaume Soro dans la Nord»

Pour lui, même Guillaume Soro, candidat déclaré pour la présidentielle, ne pourra pas brouiller les cartes du Rhdp. Et même dans le Nord du pays. « Je n’y crois pas un seul instant. Je ne dis pas qu’il n’obtiendra aucune voix dans le Nord. Mais je ne crois pas à une percée significative», a-t-il fait savoir.
Pour une éventuelle candidature à la présidentielle, au cas où le président Ouattara renoncerait à un autre mandat, Amadou Gon Coulibaly a dit qu’il s’aligne totalement sur la décision du Chef de l’État. Interrogé sur une éventuelle réforme de la Constitution pour instituer une limite de l’âge de candidature à la présidentielle, le Premier ministre a répondu que la question de la limitation de l’âge ne se pose pas. Même si, selon lui, environ 4 ans après son adoption, de petites retouches s’avèrent nécessaires afin de, selon lui, «renforcer les Institutions».

J-H Koffo

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