Arsène Konan, coordonnateur des programmes de Indigo Côte d’Ivoire : “Le vécu de nos populations est problématique”

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« La politique a le dos large, mais le vécu de nos populations est aussi problématique », a fait savoir le coordonnateur des programmes de Indigo Côte d’Ivoire, Arsène Konan, lors d’un point de presse, qui avait pour but de donner les résultats de la tournée de consultation et de dialogue citoyen autour des défis de cohésion sociale au lendemain des violences électorales de 2020. C’était le vendredi 26 novembre 2021, dans un hôtel à Abidjan-Cocody.

La désobéissance civile lancée par l’opposition lors de la présidentielle 2020 qui s’est soldée selon les chiffres officiels publiés par le gouvernement en novembre 2020 par 85 morts et 484 blessés, l’interpellation de 225 personnes, l’inculpation de 176 autres et le placement sous mandat de quelques 45 individus, sont entre autres les points étudiés par Indigo Côte d’Ivoire lors de cette tournée de consultation. Le coordonnateur des programmes de cette organisation Arsène Konan a dit :« La politique a le dos large, mais le vécu de nos populations est aussi problématique. Avec ce genre d’activité, elles seront assez prêtes pour résister aux chants des sirènes. En période électorale, on a tendance à se focaliser sur les zones chaudes, comme l’Ouest. Mais en 2020, ça été plutôt calme dans ses endroits. Ce sont des zones comme M’batto qui se sont faites remarquer. Ce n’est pas la chose politique qui a tendance à amener des crises en période électorale, il y a aussi le vécu quotidien. D’une localité à une autre, on a les mêmes problèmes dus au manque de culture politique des populations qui se laisse aller aux désidératas des leaders politiques. Il y a aura toujours des différends, mais ce n’est pas aux populations de tout brûler. Aujourd’hui, on voit nos acteurs politiques ensemble. Les populations aussi peuvent et doivent éduquer les acteurs politiques ».

Dans la même veine , il a dévoilé les facteurs de violence sociopolitique dont la Côte d’Ivoire paie les frais. Il a cité notamment les ressentiments encore prégnants du fait de passifs intercommunautaires non-soldés, le repli identitaire et la régulation lacunaire des relations intercommunautaires avec le sentiment de déni de la propriété historique aux communautés locales ou encore le sentiment de rejet perçu par les communautés non locales. Il a évoqué également la gestion lacunaire de la rumeur et de la communication intercommunautaire par la désinformation du fait des réseaux sociaux et des informations erronées, l’effritement des valeurs communautaires et sociales avec la rupture des alliances et méconnaissance des pactes séculaires entre les anciennes et nouvelles générations, manque de contrôle parental, non-respect des us et coutumes, et des autorités traditionnelles par les jeunes. S’ajoutent à ceux-ci selon lui, la persistance de forts ressentiments du fait de passifs sociopolitiques mal liquidés notamment les crises des années 90 et 95, le coup d’État de 1999, la crise électorale de 2000, la rébellion de 2002 et la crise post-électorale de 2010.

Touré Abdoulaye avec D. Ouattara (Stagiaire)

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