Bouaké – “Port du casque obligatoire” pour les conducteurs d’engins à deux ou trois roues Comment les populations et les conducteurs accueillent cette opération

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Annoncée depuis plusieurs semaines par le Commandant Supérieur de la gendarmerie nationale le Général de Corps d'Armée, Alexandre Apalo Touré,

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Annoncée depuis plusieurs semaines par le Commandant Supérieur de la gendarmerie nationale le Général de Corps d’Armée, Alexandre Apalo Touré, la mesure sur le port du casque obligatoire a pris effet à Bouaké depuis le lundi 26 avril 2021. Comment l’opération est appréciée par les populations ? Qu’en pensent les transporteurs eux-mêmes ? Voici le constat fait par l’IA.

De la date du 26 avril à aujourd’hui (4) mai 2021 , les éléments de la brigade routière de la gendarmerie nationale à Bouaké ont renoué avec l’opération “port de casque obligatoire” pour les conducteurs d’engins à deux et trois roues dans la commune. Sur plusieurs grands carrefours à Bouaké et même la nationale A3, qui traverse la ville du nord au sud, des contrôles inopinés et quelques fois musclés sont effectués chaque jour par les gendarmes. Des motocyclistes en infraction sont arrêtés et leurs engins saisis. Ceux-ci doivent payer sur place une contravention de 2000 FCFA valable pour la journée avec les agents de la maréchaussée. Par contre, au cas où le contrevenant n’a pas de la liquidité sur lui, il est invité à se rendre au trésor public pour payer sa contravention, à présenter muni d’un casque aux gendarmes lors du retrait de sa moto. “La route qui permet la circulation des biens et des personnes ne doit pas être le lieu de mort en cascade. C’est pourquoi, sous ordre du Commandant Supérieur de la Gendarmerie Nationale, cette décision de port obligatoire du casque, qui n’est que le début du processus, sera appliquée rigoureusement”, a déclaré le Commandant Traoré Karim, responsable de la brigade routière de la gendarmerie nationale de Bouaké.

Une opération saluée par les populations

À Bouaké, c’est près de 100.000 motos et tricycles qui circulent chaque jour. Ce nombre impressionnant permet la suspicion qui se jette sur les conducteurs d’engins à deux et trois roues, quant aux fautes à l’origine des accidents. “Nous sommes d’accord avec le contrôle du port du casque. Cela y va de notre intérêt”, a fait savoir Gaël Yao, enseignant. Pour sa part, Aboubacari Soumah, président d’un syndicat de conducteurs de mototaxis à Bouaké, compte organiser ses camarades pour s’acheter des casques. “De notre côté, nous allons nous organiser afin de sensibiliser nos camarades-conducteurs de mototaxis sur le port du casque et la sécurité routière. Nous ne devons pas porter de casque pour les beaux yeux du policier ou du gendarme, mais plutôt pour nous protéger et protéger nos clients”, a-t-il souligné. Selon une source proche du service des urgences du Centre hospitalier universitaire (Chu) de Bouaké, sur près de 950 accidents en 2019, 70 personnes ont été tuées, 1258 blessés dont de cas graves. Toujours selon cette même source, 80% de ces accidents sont dus à des motos dont les conducteurs n’avaient pas porté de casque. Face à ces chiffres qui donnent le frisson, Brahima Sako et Yacouba Koné, respectivement directeur régional des Transports et responsable régional du patronat des entreprises de transport dans le Gbêkê se sont engagés au niveau de la décision du Commandant Supérieur de la gendarmerie nationale pour la sensibilisation sur la sécurité routière. Et cela diront-t-ils, commence par le port obligatoire du casque. “Nous allons procéder par échelon. Commençons d’abord par les conducteurs de motos. La meilleure solution, c’est d’abord amener ceux-ci à avoir l’habitude de porter le casque. Car si on va à une répression plus grande, ça peut créer encore d’autres choses. Chaque vie mérite qu’on fasse tout pour la préserver”, a dit Brahima Sako, directeur régional des Transports. Selon lui, il s’avère nécessaire d’amener les populations à comprendre la nécessité du port du casque, d’où l’action de la gendarmerie.

Les vendeurs de casques commencent à se frotter les mains

Depuis le lundi 26 avril, les Bouakéens ne peuvent plus circuler sur des engins à deux ou trois roues sans porter de casque de protection même s’il y a encore des “indélicats” qui n’ont pas encore compris le sens du port du casque. Avant cette phase dite “répressive”, plusieurs campagnes de sensibilisation avaient été menées dans tous les quartiers de la ville de Bouaké pour appeler les usagers à se doter de casque. On peut donc dire sans se tromper que Bouaké est désormais entrée dans une phase “répressive”. Cependant, même si la plupart des conducteurs d’engins à deux ou trois roues respectent la nouvelle mesure en vigueur, beaucoup confient ne pas avoir les moyens de s’acheter un casque . Toute chose qui les empêche de rouler. Evidemment, depuis le début de l’opération de contrôle, les prix des casques ont grimpé. Passant du simple au double, voire le triple ! Un casque qui coûtait que 5.500 FCFA, il y a quelques jours coûte aujourd’hui, entre 10.000 FCFA, 12500 CFA voire 16.000 FCFA. Une situation que condamnent les conducteurs de moto, notamment Aboubacari Soumah et ses camarades de mototaxi. Aboubacari Soumah rejette en bloc les fausses impressions faisant état de ce que le port de casque entrave l’audition au cours de la conduite. Il a par ailleurs, exhorté ses camarades à se procurer un casque de protection avant d’insister sur la qualité du casque à acheter. Pour lui, il faut s’assurer de certaines caractéristiques du casque avant de se le procurer. “Notamment, vérifier s’il est pourvu de visière ainsi que d’autres éléments de sécurité à l’intérieur qui amortissent le choc en cas de chute”, a-t-il expliqué. Il faut rappeler qu’à Bouaké, une opération similaire avait été menée en juillet 2019 par Tuo Fozié, préfet de la région de Gbêkê. Cette opération n’avait pas connu un franc succès.

Par Aboubacar Al Syddick

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