Chronique litteraire « MES PRECIEUSES LAUDATIVES » de Kessé Marc-Antoine Brou : La force de l’optimisme dans sa poésie !

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Dernère publication

Le Poète Kessé Marc Antoine Brou est un brillant étudiant en médecine. Il fait partie de cette jeune génération d’écrivains à découvrir. Il s’est inspiré de la poésie classique française mais a apporté une touche particulière dans son style d’écriture.
Il publie son premier livre chez l’Harmattan. De manière générale, il est difficile de pénétrer le lectorat ivoirien en commençant sa carrière par une œuvre poétique. Ce jeune poète fait beaucoup d’efforts pour se faire connaitre et faire aimer ses textes.
C’est un livre de 21 textes et de 52 pages. Le titre de son œuvre « Mes précieuses laudatives » rappelle une prière matinale chez les prêtres et moines de l’église catholique appelée les laudes. C’est la première prière du jour avant d’ouvrir la bouche et adresser une parole à autrui.
L’adjectif qualificatif « laudatif » qui donne le féminin de « laudative » exprime des louanges, des discours pour vanter et glorifier une chose et une personne.
L’adjectif qualificatif ‘’précieux’’ et le possessif « mes » donnent un sens de l’attachement profond que le Poète accorde à ses textes, un lien fort avec ses vers. Le titre de l’œuvre révèle une tonalité spirituelle. En effet, la poésie est spirituelle; le Poète a une attitude constante de connexion avec la transcendance. C’est pourquoi même les choses ou évènements qui peuvent paraitre sans importance à tous, sont l’objet de méditation pour le Poète qui en ressort un sens inouï qui peut être des valeurs morales ou de l’esthétique. Je vous invite à lire son texte « Il pleut sur paillet » à la page 23 :
Est-ce que le tonnerre vient bien de gronder ?
Et pourtant la chaleur est à son paroxysme !
Nul ne semble inquiet, ça c’est de l’africanisme :
On attend d’être envahi par l’eau pour bouder.
Paillet ne semble guère redouter la pluie
Au contraire, la cité parait s’animer
Seuls certains prévoyants ne sont pas à blâmer
Et moi, de mon cher balcon, je pense à autrui.
Bientôt, le ciel se couvrit, et, subitement,
Un bruit, des gouttes, l’eau qui tombe faiblement,
Puis fortement. Ça y ‘est voilà !c’est l’averse !
Il pleut sur Paillet, une tonne d’eau se verse !
La couleur sombre de la page de couvertures (marron dégradé et noir) ferait plutôt penser aux vêpres qu’aux laudes mais retenons les louanges du Poète à la vie, au bonheur, à la beauté, à l’amour, car presque tous ses textes sont tissés de vers de couleurs chaudes. C’est ce qui donne un sens au titre de son œuvre. Lisons ensemble à la page 19 son texte intitulé « Femme africaine ma mère » :
C’est en ce jour mémorable
En ce jour tant célèbre,
Que ces vers honorables,
De mon cœur sont libérés
Afin de te magnifier
En ce jour qui est le tien ;
Pour enfin te glorifier
Car le monde t’appartient.
De toi il a pris naissance
Femme africaine, ma mère !
Le tout avec une aisance
Qui te vient de Dieu le père.
Et depuis la nuit des temps,
Tu prends soin de ton Afrique ;
De tous les fils du temps,
Du continent magnifique.
Femme africaine, ma Mère !
Sache aujourd’hui que je t’aime.
A Dieu je fais ma prière
Pour que par toi, il nous aime.
C’est là qu’est ta destinée ;
C’est pour ça que je t’admire ;
C’est pour ça que tu es née
Ton image est à bâtir.
Femme africaine, ma mère !
Toute l’Afrique te fête.
Toi la mère de mon père,
À toi maman, bonne fête.
Il y a un texte qui a attiré mon attention où le Poète exprime sa mélancolie, son spleen, le mirage, les illusions et les épreuves qui jalonnent son parcours. Il quémande aux lecteurs de l’attention, de la compassion. Il pleure sa vulnérabilité parce qu’il aspire tant à la perfection. Cet extrait du texte est intitulé « Être un autre » et il est à la page 33 :
« J’ai envie d’être un autre
Car aujourd’hui, de l’inutile je suis un apôtre.
Aucun de mes rêves ne semble accessible.
Même l’amour, pour moi, paraît un fardeau harassant.
J’aurais tant voulu être un invincible
Pourtant les épreuves s’enchainent, me terrassant.
Elles vont même jusqu’à me faire avaler les boyaux
Des vulgaires efforts que mon infinie petitesse a pu fournir.
Mes larmes, mes lamentations, mes écrits ; sujets loyaux
D’un royaume décadent qui se laisse honnir
Celui d’un roi de pacotille qui n’a point d’ego.
Je suis un tigre en papier, une main de mousse couverte de métal ;
Un roi qui, loin des armoiries, ne mérite même pas un logo
Éphémère, insignifiant, je meurs ; sur des galets je m’étale… »
Kessé Marc-Antoine Brou est un poète dynamique et très optimiste. La psychologie de ses textes le confirme. Il s’intéresse à la santé physique par l’étude de la médecine, il s’intéresse également à la santé de l’esprit par la poésie. Il combat le mal, la douleur, la souffrance…C’est pourquoi, le lire procure au lecteur pleine satisfaction.

Yahn Aka
Ecrivain
yahn@yahnaka.com

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