D’Abidjan à Paris via Lisbonne : Comment j’ai voyagé après les mesures des présidents Ouattara et Macron

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Notre journaliste Philippe Kouhon raconte son voyage d'Abidjan à Paris en passant par Lisbonne.

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Le lundi 16 mars 2020, les présidents Alassane Ouattara de la Côte d’ivoire et Emmanuel Macron de France, ont annoncé des mesures à l’effet de réduire à leur plus strict minimum les contacts et les déplacements. Ces mesures vont généralement de la fermeture des lieux publics au confinement des populations chez elles sur une période de 15 à 30 jours à compter du mardi 17 mars 2020. C’est dans cette atmosphère que nous avons effectué le voyage d’Abidjan à Paris en passant par Lisbonne dans la nuit du 16 au 17 mars 2020. Carnet de notre voyage.

Lundi 16 mars 2020. Il est 21h30 à Abidjan, lorsque nous débutons notre enregistrement pour Paris-Orly via Lisbonne avec le vol Air Portugal (TAP 1510). L’aéroport Félix Houphouët-Boigny est bondé de monde. Certains voyageurs sont là pour constater l’annulation ou le report de leur vol suite aux annonces des compagnies. Côté sanitaire, aucune mesure particulière s’agissant des départs , et sortie de la Côte d’Ivoire. Le poste de police des frontières passé, nous voilà dans la salle d’attente pour l’embarquement.
Un message de la compagnie ayant prévenu quelques heures plutôt qu’il n’y aurait pas de repas à bord de l’avion, nous prenons un léger repas au restaurant de la salle d’attente. Il est 0h37, lorsque notre avion décolle pour atteindre l’aéroport de Lisbonne à 5h35 (heure locale).
Avant le décollage, l’avion est pulvérisé de fond en comble durant une bonne trentaine de minutes, plongeant les passagers dans une sorte de fumoir.
Finalement, contrairement à l’annonce, un repas sans alcool a été servi.
À Lisbonne, pas de mesures particulières au plan sanitaire. Le transfert des voyageurs en transit s’est fait normalement avec autant de monde qu’accueillent ces grands aéroports.
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Les mesures de sécurité passées, nous embarquons à nouveau pour Paris-Orly sur le coup de 8h15 à bord du vol TAP 436.
Il est 11h45 (heure locale) lorsque nous atterrissons à l’aéroport de Paris-Orly Ouest, Terminal 1. Le vol étant considéré comme un vol domestique inter zone Shengen, nous ne sommes pas soumis au contrôle des passeports pour entrer sur le territoire français.
Le taxi qui met d’habitude 20 à 25 mn pour partir de l’aéroport Paris-Orly à la porte d’Italie met moins de 10 minutes pour nous déposer à notre domicile , Porte d’Ivry, dans le 13e arrondissement.
« Il est 12h30 et les mesures de restrictions annoncées par le président Macron ont commencé. Voilà pourquoi, il y a peu de véhicules dehors. Seuls les VTP, véhicule de transport et des personnes, tels les taxis et bus sont fonctionnels », explique notre chauffeur de taxi.

Mardi 17 mars 2020 : les rues, métros et bus sont vides

Le mardi, premier jour, les mesures de restrictions, ont été suivies. En dehors de quelques travailleurs de la veille qui rentrent le jour suivant, point de passagers dans les bus et métros. Les lieux publics, les restaurants et grandes surfaces ont fermé leurs portes.
Malgré ces mesures, nous allons à la place d’Italie (13e arrondissement) à la place Montparnasse dans le 14e arrondissement.
La Ligne 6 du métro de Paris reliant le Sud de la capitale depuis la station Charles de Gaulle – Etoile à l’Est de Paris jusqu’à la station Nation en passant par la place d’Italie est totalement vide.
À Montparnasse, nous sommes stoppés au niveau du métro Gaité. Une dizaine de policiers patrouillent et à l’un d’entre eux qui nous interpelle, nous expliquons le motif de notre présence en ces lieux.
« Vous ne devez pas être là. Alors rentrez chez vous maintenant. Aussi, toutes les administrations sont fermées jusqu’à nouvel ordre », ordonne-t-il.
Ne pouvant pas obtenir les documents pour lesquels nous sommes venus en France, nous rappelons notre compagnie pour savoir si notre vol retour n’est pas impacté.
« Votre vol retour existe. Vous avez jusqu’ à mardi 23 mars 2020 pour rentrer en Côte d’Ivoire. L’annonce du président Macron ne concerne que les touristes et les non nationaux qui sont soumis aux visas », répond la compagnie portugaise.

Paris se barricade, une attestation de déplacement dérogatoire exigée sous peine d’une amende de 135 euros (France, Covid-19)

Le 16 mars 2020, le président Emmanuel Macron a pris plusieurs mesures à l’effet de réduire à leur plus strict minimum les contacts et les déplacements , notamment un dispositif de confinement sur l’ensemble du territoire à compter du mardi 17 mars à 12h00, pour 15 jours minimum.

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Les déplacements sont interdits sauf dans les cas suivants et uniquement à condition d’être munis d’une attestation pour : Se déplacer de son domicile à son lieu de travail dès lors que le télétravail n’est pas possible ; Faire ses achats de première nécessité dans les commerces de proximité autorisés ; Se rendre auprès d’un professionnel de santé ; Se déplacer pour la garde de ses enfants ou pour aider les personnes vulnérables à la stricte condition de respecter les gestes barrières ; Faire de l’exercice physique uniquement à titre individuel, autour du domicile et sans aucun rassemblement.
Les deux documents nécessaires pour circuler sont l’’attestation individuelle à télécharger sur le portail du gouvernement ou l’attestation de l’employeur.
« Les infractions à ces règles seront sanctionnées d’une amende de 135 euros », a dit un communiqué de l’Elysée.
Le point de la situation en France au 16 mars à 20h30, selon le ministère des solidarités et de la santé est de 6.633 cas de coronavirus (Covid-19) confirmés depuis le 24 janvier 2020 dont 148 décès depuis le début de la pandémie.

Philippe Kouhon à Paris

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