Exclusif – Bleu Brigitte Agbré : « Les bouffes chics, mon fils Apoutchou national, les larmes de l’amour, le Burida, mon époux et moi »

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Dans le cadre du partenariat Totem communication et l’Intelligent d’Abidjan, nous vous proposons la transcription de l’entretien réalisé le vendredi 4 septembre 2020 par Nahomi Amoussou avec Bleu Brigitte Agbré, artiste-comédienne, scénariste, réalisatrice, productrice. Elle parle de sa vie de couple, de famille, de ses ambitions professionnelles, de son téléfilm ”Les larmes de l’amour” et révèle comment elle est arrivée dans le 7ème art.


Quel est le chemin que vous avez parcouru de Man, votre ville natale à la capitale de la Côte d’Ivoire, Abidjan où vous exercez actuellement ?

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Je suis Yacouba de la région de Man plus précisément de GOUEKANGUINE. Je suis venue à Abidjan à l’âge de 10 ans dans le cadre de mes études et je n’étais vraiment pas destinée à faire du cinéma, car mon frère aîné avait pour moi d’autres ambitions. Son rêve était de faire de moi, un cadre de société. La passion pour le cinéma s’est construite au fil des années et j’appréciais beaucoup FEU MARIE LOUISE ASSEU, DJIMI DANGER, MAMAN AKISSI DELTA et plusieurs autres comédiens que je continue d’apprécier.

J’aimais tellement le cinéma que j’ai fini par en parler à ma belle-sœur qui a souhaité que la priorité soit accordée à mes études. Ainsi, après le BAC, on pourrait voir dans quelle mesure m’inscrire dans une école de cinéma, selon ses conseils. En classe de terminale, je décidé de me rendre au Concerto 1995 pour les débutants, et là-bas je fais la rencontre de M. LOZO BLACKY, Monteur à la RTI en son temps, à qui j’ai exprimé ma volonté d’intégrer la série ”Faut pas fâcher”. Après avoir essayé en vain le contact reçu, je me rends dans les locaux de la RTI pour rencontrer M. LOZO qui me mettra en relation avec M. N’GOUAN Ano Steve, le Réalisateur de “Faut pas fâcher”. Le Mercredi suivant, je suis invitée à prendre part à la réunion technique de l’équipe et j’ai l’honneur d’être présentée à ADRIENNE KOUTOUAN, DJIMI DANGER, MARIE LOUISE ASSEU…

Le Lundi d’après, je suis invitée à nouveau, mais cette fois, sur le lieu de tournage pour me faire une idée. J’ai maintenu ce rythme pendant 2 ans : je ne ratais aucun tournage et j’apprenais de mes devanciers, car pour intégrer l’équipe, il fallait connaître le métier. Ce n’était pas facile, mais ma passion m’a permis de faire fi des frustrations, de mettre de côté l’orgueil et de faire preuve d’humilité, pour atteindre mon objectif. Finalement ma patience finira par payer puisque je réussi à me faire accepter par l’équipe et 2 ans après, je suis appelée à jouer dans un scénario écrit par M. GUEDEBA MARTIN.

Aujourd’hui, les jeunes ne sont pas patients, ils veulent juste passer à la télévision. À notre temps, il fallait apprendre, être patient et surtout respecter les devanciers avant qu’on ne te donne ta chance.

Vous êtes actrice à la base, mais pourquoi vous décidez de rajouter scénariste, réalisatrice, productrice à votre CV qui est déjà bien très chargé. Après quoi courez-vous ?

Le cinéma, c’est être aussi réalisatrice et scénariste. Je me dis que tout cela fait partie du cinéma. Tu es comédienne, après il faut pouvoir passer derrière la caméra. J’ai été toujours passionnée par l’écriture, j’ai toujours trouvé de petites histoires à monter, et quand l’occasion s’est présentée, je me suis dit pourquoi ne pas apprendre l’écriture qui était ma passion. Je suis retournée à l’école, j’ai appris l’écriture. Et après, il fallait produire un film. J’avais mon histoire, quand j’ai fini de l’écrire, il fallait trouver le financement pour pouvoir produire et passer ensuite à la réalisation. J’ai pris mon temps pour me former et comme le dit un réalisateur que je connais bien, je suis en train de faire petit à petit mon chemin , peut-être qu’un jour on dira que je suis une grande réalisatrice.

Donc vous ne courez pas derrière quelque chose précisément, c’est juste par passion ?

Je ne cours pas après quelque chose, je me dis que c’est cela l’aboutissement même de la carrière d’une actrice, être capable de produire soi-même, pour marquer de son empreinte sa génération, son époque.

Actrice, scénariste, réalisatrice, productrice, et vous vous êtes même essayée à la chanson avec le groupe LES BOUFFES CHICS ?

LES BOUFFES CHICS sont là (rires). C’est une comédie musicale produite par Monsieur AGBRE SYLVAIN, mon époux et mon producteur. On a voulu s’essayer à la chanson à travers une comédie musicale.

Et pourquoi ?

Parce qu’on a remarqué qu’à un moment donné, les personnes grosses étaient stigmatisées. Et des idées préconçues disaient que “Quand on est gros, on n’est pas attirant et on ne peut pas se mettre en valeur”. Nous sommes venus avec cette chanson pour mettre fin à ces préjugés et dire qu’on peut être en chair et savoir se mettre en valeur en choisissant des tenues adéquates. Mais après le décès de Bulldozer, on a mis une pause.

Vous vous voyez toujours… MANOU JOLIE et LOUPITA ?

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Si si. On se voit, on s’appelle.

Tout à l’heure, vous avez parlé d’écriture de scénario. Où prenez-vous votre inspiration ?

Je tire mon inspiration de mon quotidien, ce qui se passe autour de nous.

C’est du vécu ?

Il y a une histoire dans ”Les larmes de l’amour”, qui est du vécu. C’est tiré des histoires que me racontent les gens autour de moi et de ce que je vois tous les jours.

Parlant de votre série ”Les larmes de l’amour”, comment ça se porte ?

La série ”Les larmes de l’amour” a vraiment marché, et les gens ont adoré cette série. Les gens me disent tous les jours qu’ils attendent la suite. J’ai vraiment eu de la chance avec cette série. Les acteurs ont donné le meilleur d’eux-mêmes. Je profite d’ailleurs pour te féliciter parce que tu es l’une des actrices principales.

Mais avec votre coaching bien-sûr.

Merci ! On est en train de préparer la suite de la série ”Les larmes de l’amour”.

Quand on regarde votre série, on se demande avec combien d’acteurs et avec quel budget avez-vous travaillé ?

Avec ”Les larmes de l’amour”, on a eu 105 acteurs avec 230 millions Fcfa comme budget, qui est un petit budget.

230 millions Fcfa , c’est un petit budget ?

C’est un petit budget parce qu’on a des longs métrages qui font 300 millions FCFA comme budget. Comme en Afrique, on n’a pas véritablement de subvention, on se débrouille avec le peu qu’on a.

Les droits d’auteur que vous touchez au BURIDA sont-ils importants ?

Je reçois des droits d’auteur qui en réalité, ne correspondent pas vraiment à ce à quoi j’ai droit. Avec seulement “Faut pas fâcher” j’écris 26 fois deux par an. Donc quand on doit me payer avec un petit million, je me dis que ce n’est pas ce que je devais toucher.

Que pensez-vous du BURIDA, version OUATTARA KARIM, version IRENE VIEIRA ?

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Version IRENE VIEIRA, j’ai eu gros un chèque, ce n’est pas parce qu’elle n’est plus là que je dirai que ce n’était pas bon. C’est ce que j’ai toujours dit, c’est avec elle qu’on a commencé à payer les comédiens que nous sommes. Donc c’était un bon début. Mais maintenant avec OUATTARA, je pense qu’il est en train de s’organiser pour qu’on puisse nous payer comme il se doit. Le principe est donc simple, si tu as travaillé, tu seras payé. Dans le cas contraire, tu ne recevras rien.

Toutefois, ce que je déplore au BURIDA, c’est que ce principe ne soit pas respecté. En effet, au moment du retrait des chèques, on voit des personnes que moi je qualifie de l’antiquité, qui ont passé plusieurs années sans aucune production ni tournage, retirer de gros chèques, quand ceux qui ont réellement travaillé ne reçoivent que de petits chèques. Mais en fait, on ne peut quand même pas faire deux poids deux mesures. On est alors amené à se demander par rapport à quoi ils reçoivent ces chèques ?

Mais, est-ce que leurs productions ne sont pas toujours vues …

Non non. Madame ALAFÉ , on se connaît tous en Côte d’Ivoire. On sait plus ou moins combien de productions il y a par an et les acteurs qui ont pu jouer dans ces productions. Si tu me demandes aujourd’hui en 2019, il y a eu combien de productions, je sais plus ou moins combien de productions il y a eu. Donc, si tu n’as tourné ni dans “Les Larmes de l’amour”, ni dans “Les Coups de la vie”, ni dans tel ou tel autre film, on sait à quoi s’attendre.

Quand le BURIDA n’a pas encore payé les droits d’auteur de la série “Les Larmes de l’amour” et qu’on se rend compte que, des gens qui n’ont rien fait pour mériter un quelconque paiement, sont privilégiés et reçoivent des chèques au détriment de ceux qui se battent réellement, on comprend que, c’est notre argent ils prélèvent un peu un peu, on dirait du social, pour leur donner pour qu’ils ne se plaignent pas et qu’ils ne crient pas. Ce n’est pas correct de dire que pour être payé, il faut avoir travaillé et derrière remettre des chèques à des personnes qui n’ont pas travaillé. On va donc continuer à se plaindre. Et je demande à Monsieur OUATTARA KARIM, (Ndlr : DG du BURIDA) de travailler correctement sur cet aspect-là, parce que si nous allons retirer les chèques maintenant, qu’on se rend compte qu’il y a des gens qui n’ont pas travaillé et qui reçoivent des chèques, on va penser à en parler dans les journaux. Moi, je ne peux pas travailler et toi, tu vas rester chez toi tranquillement et recevoir des chèques. Ce n’est pas possible.

Comment trouvez-vous la gestion de la culture en Côte d’Ivoire surtout du cinéma ?

Moi, je dis, en ce qui concerne le ministère de la culture, il faut connaître quelqu’un qui connaît quelqu’un. Moi, c’est comme cela que je vois. Au fait, sur quoi on se base même pour donner de l’argent ? Pour moi, si on devait donner de l’argent à quelqu’un, ça devrait être à des gens qui travaillent réellement. On peut par exemple dire “Bleu Brigitte en 2019, qu’est-ce qu’elle a fait en Côte d’Ivoire ?” Eh bien, elle a fait ça, ça et ça. Ah oui, elle au moins, elle est solvable, on peut l’aider pour sa production. Mais, non. Il y a des gens à qui on donne de l’argent, sans jamais voir leurs productions, mais ce sont ces mêmes personnes-là, à qui on donne toujours de l’argent.

Tu déposes ton dossier, ça reste là, avec comme réponse : “Non, il n’y a pas d’argent”. Mais il y a de l’argent pour d’autres. Moi, je me dis qu’un jour mon travail parlera de moi. Tu as vu, nous sommes venus avec des prix, le ministre de la culture ne nous a jamais reçus, on ne nous a jamais appelés alors que d’autres viennent après nous et eux on les reçoit.


Donc vous pensez qu’il faille revoir les critères de la gestion ?

Bien sûr ! La gestion est très très mal faite. On ne peut pas travailler comme ça. Il faut revoir le système.

Avez-vous fait un courrier, sollicité un rendez-vous… ?

Bien sûr on a fait des courriers. Il y a Monsieur BEUGRÉ qui est venu nous voir à l’aéroport, de la part du ministre, disant que le ministre allait nous recevoir. Mais le ministre ne nous a pas reçus. Il est maintenant appelé à d’autres fonctions. On continue de travailler en attendant la réaction du nouveau ministre de la culture.


Comment avez-vous rencontré celui qui est aujourd’hui votre époux ?

Il est passé par un intermédiaire pour dire que je l’intéressais. C’est comme ça qu’on s’est rencontré en 2008. Au fait Sylvain, c’est mon meilleur ami, je l’appelle mon idéal, mon extrême Amour. Dès la première rencontre, il m’a dit : “toi, tu seras mon épouse”. Devant mon étonnement, il gardait cette assurance et surtout, il y croyait. Une semaine après, nous nous sommes rencontrés à nouveau et là, il a encore été direct en me demandant ce qu’il fallait faire pour m’épouser. Devant mon étonnement, il restait sûr de ce qu’il voulait et disait : “je t’ai dit, tu es mon épouse. Je vais t’épouser”. Alors, je lui ai recommandé de rencontrer mon prophète, qui résidait à Yopougon. C’était un Mercredi de l’année 2008. Le jour suivant, il a effectué le déplacement pour le rencontrer et il lui a dit qu’il voulait m’épouser. Après les échanges, le prophète a demandé qu’on se côtoie pendant au moins un mois, avant de revenir vers lui.

Après un mois, il est revenu vers le prophète avec la même volonté de m’épouser, il a pris les informations nécessaires et a souhaité que le prophète l’accompagne pour voir mes parents pour la dot. Deux mois plus tard, ma famille s’est réunie pour la cérémonie de dot. On a fait six mois avant le mariage, le temps des préparatifs du mariage. Donc, c’est pour cela que chaque fois qu’on parle de lui, je suis heureuse. Ce n’est pas un homme avec qui j’ai vécu en concubinage. Il m’a vu, il a dit : « je t’aime et je veux t’épouser », et il a respecté sa parole.

Vous n’avez pas pris le temps de vous connaître…

Non non, on n’a pas pris le temps de se connaître intimement, parce qu’en ce moment, j’allais vraiment à l’église. Mon prophète lui a dit que s’il voulait vraiment m’épouser, il devait passer par là. Et mon extrême Amour SYLVAIN n’y avait pas trouvé d’inconvénients.

La nuit de noce même, on était tellement fatigué qu’on a dormi (rires). C’est seulement le lendemain qu’on s’est découvert (rires)


Vous avez vécu dans la chasteté six mois avant le mariage…

Oui oui, c’est ça. Il était serein et ne se plaignait pas, donc voilà.


Est-ce que vous avez des enfants ?

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Oui, lui et moi, on a deux enfants et j’ai aussi un grand fils.


Votre grand fils bien connu sous le pseudonyme de APOUTCHOU national, que fait-il en France ?

À la base, il partait en France pour faire une formation de garde du corps. Quand il est arrivé sur place, l’école coûtait extrêmement chère. Donc, je lui ai demandé de faire un petit boulot et que je complèterai ce qu’il gagnera pour qu’il fasse sa formation.

Vous n’avez pas peur pour lui avec les nombreuses vidéos qu’il fait ? Êtes-vous d’accord avec ça ?

J’ai tellement peur pour lui, c’est mon unique garçon. Mais, j’ai discuté avec lui, il m’a dit qu’il fait ses vidéos pour parler de ses ambitions. Je ne peux que prier pour lui en tant que mère. Mais en réalité, j’ai beaucoup peur. Chaque fois, je lui parle de ça. Je lui dis « Il ne faudrait pas que les gens t’agressent quand tu vas revenir au pays, vraiment, il faut doser tes vidéos ». Il me dit « maman j’ai compris je vais doser un peu ». Je le suis de près quand je le peux. Quand il a un sujet, j’essaie de l’orienter. Ce n’est pas tout le temps que j’ai le temps d’aller sur sa page Facebook. Mais, je lui parle.

Comment réagissez-vous aux menaces que vous recevez suite à ces interventions sur la toile ?

Je ne réagis pas. Au début, ça me faisait mal. Je me disais mais, je suis une grande dame de ce pays, les gens me respectent, et aujourd’hui, les gens se permettent de m’insulter à cause de mon fils. Et, je ne peux que l’accepter. Je me dis qu’en s’attaquant à sa maman que je suis, si ça peut leur donner des vues, comme ils le disent sur internet, tant mieux. Quand ton enfant décide de faire quelque chose, qu’il y a des retombées positives ou négatives, en tant que mère, tu l’assumes.


Nous avons l’impression que vous prenez des kilogrammes chaque année… c’est voulu ?

Ce n’est pas voulu, c’est l’âge.

Quels sont vos projets ?

Mon projet immédiat c’est de faire la suite de la série “Les larmes de l’amour” saison 3, saison 4. Après, j’ai un long métrage qu’on appelle “Visage de l’ombre” en cours de discussion avec des partenaires en Europe. Le budget est excessivement élevé.

Et vous pensez trouver un partenaire pour vous accompagner ?

Bien sûr ! j’ai déjà un partenaire et je suis en train d’en chercher d’autres.

Qu’espérez-vous pour la Côte d’Ivoire ?

Un pays de paix où chacun peut aller à son travail, chercher son pain quotidien sans histoire, parce que je pense que le président qui va venir ne pourra pas changer la destinée de tout un chacun. Peu importe sa couleur, s’il y a la paix, que tu peux aller travailler et avoir ton pain quotidien, ce président-là, nous devons tous le respecter et le soutenir, parce que chacun a son destin et cette histoire fait partie de la destinée des grands hommes. Si Dieu a dit, tu seras président, tu le seras.

Par L’intelligent d’Abidjan et l’équipe de production de Totem communication

https://web.facebook.com/watch/?v=319288602695160&extid=zc580L7AJQ0ppu5W

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