Exclusif : la préface d’Ibrahim Sy Savané qui incite à lire “Et si c’était à refaire , chronique d’un parcours “, de Bacongo Cissé

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Dernère publication

Ci dessous la préface signée Ibrahim Sy Savané du livre témoignage du Ministre Ibrahim Cissé dit Bacongo sur la crise ivoirienne. Intitulé ” Et si c’était à refaire , chronique d’un parcours”, et édité par les éditions Nei-Ceda le livre est en vente depuis le lundi 3 janvier 2022 dans le réseau librairie de France et ailleurs au prix de 15500 Fcfa pour les deux tomes.

Au delà de la simple tradition et du style de préfacier, l’ex ministre et actuel ambassadeur ivoirien en Tunisie Ibrahim Sy Savané, lui-même auteur d’un livre sur une période de la longue crise ivoirienne, ou des crises ivoiriennes – la période d’avant la crise post électorale de 2010-2011 marquée par l’accord de Ouagadougou – , donne de bonnes raisons de lire le témoignage du ministre et maire, son homonyme et frère Ibrahim, dit Bacongo. Les deux tomes de “Et si c’était à refaire , chronique d’un parcours ” coutent 15500 Fcfa, sont édités par lés Éditions Nei-Ceda, et disponibles depuis lundi 3 janvier 2022 en librairie.

[ La préface de Ibrahim Sy Savané ]

Du fait de son intensité, de sa durée relativement longue, l’on pouvait s’attendre à ce que la grave crise ivoirienne donnât lieu à une floraison de témoignages écrits, de livres sinon destinés à la postérité, au moins à éclairer l’opinion avide d’informations et de récits de première main.

Curieusement, il n’en a rien été. Pour le moment. Est-ce parce que cette partie honteuse et douloureuse de notre terrible histoire commune enraye les mémoires vives ? Entre amnésie et cautérisation des souvenirs, on peut hésiter. Ou, est-ce plus prosaïquement parce que les vrais témoins sont rares, et plus encore les témoins à la plume alerte, ayant à la fois de la mémoire et du souffle ?


[ Témoignage d’un acteur majeur parmi d’autres ]

Acteur majeur parmi bien d’autres certes, il se trouve que Cissé Bacongo réunit ces qualités qui permettent de camper à juste raison la posture de chroniqueur au long cours. Par cet ouvrage dense, parfois tumultueux, il le prouve de façon éclatante. Ce livre est d’ailleurs une sorte d’objet éditorial singulier : chronique, essai, récit épique des compagnons d’aventure de l’immédiat après Houphouët. Il est tout cela à la fois. Dans les interstices de ce récit, on perçoit aussi une forme de livre de compagnonnage relatant la longue marche parfois brouillonne, vers la conquête du pouvoir. Avec ses aléas multiples, ses moments de grands doutes voire ses retournements de situations, ses renoncements aussi.

[ Ibrahim Cissé Bacongo tente d’allier la qualité de l’analyste (…) celle de l’homme d’action ]

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Ibrahim Cissé Bacongo tente d’allier la qualité de l’analyste, de l’intellectuel capable de recul, avec celle de l’homme d’action bouillonnant d’énergie. L’on sent cependant qu’il peine parfois à le réaliser. Il n’a, au demeurant, jamais revendiqué une neutralité illusoire, même pas une pleine objectivité. L’essentiel étant qu’il ne tronque pas les faits, mais les analyse librement. Durant la rude période qu’il nous fait traverser, il a pu apparaître lui-même parfois comme un porteur d’évidences catégoriques, fustigeant avec ironie des adversaires dont beaucoup étaient aussi des amis ou des collègues.

[ l’auteur a su maintenir une ligne droite alors que les parcours vicinaux (…) semblent être la règle en politique ]

C’est d’ailleurs précisément pour cela qu’il sait comprendre les motivations des adversaires provisoires contre lesquels il a ferraillé avec constance et une sorte de jubilation gouailleuse durant de si longues années. Impossible de ne pas se remémorer certains débats âpres, hystérisés par les enjeux, au cours desquels il ne dédaignait point être seul contre tous.

Tant de raisons devraient inciter à lire ce livre. D’abord, il est servi par une plume décomplexée, ensuite, il permettra à la nouvelle génération de s’imprégner d’un large pan de l’histoire de notre pays. D’autant plus que l’auteur, qui se confond avec le militant, a su maintenir une ligne droite alors que les parcours vicinaux à donner le vertige semblent être la règle en politique. Enfin, quel que soit le camp auquel il appartient, un lecteur pourrait y trouver des raisons de galvaniser les ardeurs qui s’étiolent, de réveiller les consciences avachies.

[ Pour ceux qui connaissent Cissé Bacongo (…) cela ne lui déplairait pas ]

Ne serait-ce que pour cela — qui est déjà significatif — le livre de Cissé Bacongo a toute sa place dans la grande fresque de l’histoire sociopolitique ivoirienne qui n’est qu’au stade d’esquisse. Il faut en effet espérer que de nombreux autres témoignages viennent réfuter, contester, tenter même de déconstruire son ouvrage. Tous, nous avons à gagner dans les fortes disputations, les dissensus plus bénéfiques que les tièdes consensus évidés de toutes leurs aspérités. Pour ceux qui connaissent Cissé Bacongo, il n’est pas risqué de dire que cela ne lui déplairait pas. Nul doute, non plus, que dans ce cas, il ne se laisserait pas faire si aisément. Ce n’est pas le genre de cet homme subtil, sous ses airs bourrus, et si opiniâtre tout en cultivant un faux dilettantisme. Tout cela affleure dans ce livre. Le lecteur s’en rendra compte. }


Par Charles Kouassi

Le titre et les intertitres sont de la rédaction

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