Dernère publication
Françoise Remarck, ministre de la Culture et de la Francophonie accompagnée d’une forte délégation d’Afrodescendants était le samedi 10 mai 2025 à Kanga Nianzé, un village de la région de Tiassalé pour la commémoration du 10 mai, date symbolisant la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité en France.
Françoise Remarck, ministre de la Culture et de la Francophonie situant son auditoire du jour sur l’engagement du Président Ouattara et du gouvernement à travers son département ministériel, a présenté les enjeux de cette cérémonie surtout, l’importance de Kanga Nianzé dans cette commémoration. « Ici même à Kanga Nianzé, dans le lit de la rivière sacrée Bodo, sur le Nianzé, les esclaves déportés subissaient un dernier rituel : un bain purificateur censé effacer leur passé, leur mémoire, leur nom. C’est ici que commençait leur déracinement !!! (…) Ce site, comme tant d’autres à Grand-Lahou, Sassandra, Fresco, ou encore Broubrou, porte les stigmates d’un passé longtemps enfoui sous le silence. Grâce à l’État de Côte d’Ivoire, aux recherches pluridisciplinaires menées par nos archéologues, historiens, anthropologues, linguistes, chercheurs et avec l’appui de l’Unesco, ces lieux sont désormais identifiés, documentés et destinés à être valorisés. », a dit la ministre.
Françoise Remarck a souligné que ce site sera celui de la transmission et de la paix, tout en précisant que ce que la Côte d’Ivoire fait ici, n’est ni un retour sur le passé, ni un simple rituel, mais un acte de projection vers l’avenir. Car se souvenir, , a-t-elle dit, c’est aussi réparer, tout en bâtissant le futur en entretenant le présent..
Sur la même longueur d’onde
Christiane Taubira, ancienne Garde des Sceaux , ministre française de la Justice à l’initiative de la loi éponyme qui reconnaît en France la traite et l’esclavage en tant que crimes contre l’humanité, s’est adressée aux siens : « Vous m’avez accueillie comme votre fille. J’ai compris que je suis ici chez moi. La clé que vous m’avez offerte est la preuve que je peux revenir très librement ici, peut-être même sans vous prévenir. Kanga Nianzé, oui, je suis revenue sur les terres de mes ancêtres ».
L’ancienne Garde des Sceaux en France a salué l’engagement, la résistance des marrons et marronnes dans leur quête de liberté et a émis le vœu qu’ils ne tombent jamais dans l’oubli. «Nous sommes là aujourd’hui, parce qu’il y a eu des marrons et des marronnes. Jamais, ces hommes et femmes n’ont douté de leur humanité, ce qui justifie notre présence ici aujourd’hui (ndlr, samedi 10 mai 2025) au monde. Nous idéalisons le marron et nous avons raison », a-t-elle laissé entendre. Avant de poursuivre : « Nous saluons la figure du marron, de la marronne, nos ancêtres qui n’ont pas pactisé dans la violence, la domestication, la chosification. Surtout que le maître fait de ce qu’il veut de son bien, puisque le “Code Noir” fait de l’esclave son bien qui entre dans la communauté de bien du monde (…) N’oublions jamais les figures de la résistance qui ne sont pas forcément des marrons, des marronnes, mais qui ont aidé au marronnage », s’est-elle exprimée.
Rollande Orsinet-Etté, présidente de l’Association des Antillais et Guyanais de Côte d’Ivoire, a dit : « Nous venons commémorer ceux qui ont été capturés, enchainés, qui ont versé leur sang. Nous sommes là pour leur dignité. Et cette eau de la rivière Bodo, qui coule à quelques encablures de la stèle, a permis de laver nos aïeux avant ce voyage. Que leurs âmes reposent en paix et que leurs forces, leur résilience et leurs souvenirs deviennent lumières. Que cette mémoire ne soit jamais éteinte ».
Après la cérémonie, cap a été mis sur “la cuvette de dernier bain” dans la rivière Bodo, tout juste dans le dos de la stèle. Sur place, des gardiens des us et coutumes ont expliqué aux officiels les différentes étapes du dernier bain des esclaves avant le voyage sans retour.
Jean-Christophe Belliard, Ambassadeur de la République française en Côte d’Ivoire et une délégation des communautés antillaise et guyanaise étaient à cette cérémonie.
Mamadou Ouattara