LA CHRONIQUE DU LUNDI-Premier bilan de la décennie Ouattara :le bilan international(1)

2009

Dernère publication


STABILITE POLITIQUE, DEVELOPPEMENT SOCIO-ECONOMIQUE, ECO-DIPLOMATIE : LES VECTEURS DU RAYONNEMENT A L’INTERNATIONAL

Avec cette dernière Chronique consacrée au bilan de la décennie Ouattara, j’aborde la question du rayonnement à l’international de la Côte d’Ivoire. Longtemps disparue des écrans radar de la communauté internationale, la Côte d’Ivoire est devenue à nouveau, sous la décennie Ouattara, une voix que l’on veut entendre en Afrique et dans les instances internationales, comme en témoigne son entrée au Conseil de Sécurité de l’ONU en tant que membre non permanent pour la période 2018-2019. La Côte d’Ivoire, qui a reçu un avis favorable de 190 pays sur les 193 que compte l’ONU, siège pour la troisième fois, après 1964-1965 et 1990-1991, Son mandat de deux ans a pris fin en décembre 2019. Cette présence de la Côte d’Ivoire au Conseil de Sécurité de l’ONU aura permis de consolider sa crédibilité et de rassurer les investisseurs. Ministre des Affaires étrangères à l’époque, Marcel Amon-Tanoh analysait ainsi les enjeux de la présence de la Côte d’Ivoire au Conseil de Sécurité de l’ONU : « L’un des enjeux pour la Côte d’Ivoire est de réussir sa présidence en veillant à ce que la paix et la sécurité soient dans le monde. Il s’agit aussi de la question de la sécurité dans le G5 Sahel et de faire aboutir les résolutions de paix dans le monde ». Seul un Etat-nation avec des institutions solides et fort économiquement peut faire entendre sa voix dans le concert des nations et rayonner à l’international. Alassane Ouattara s’était engagé à ouvrir la Côte d’Ivoire sur le monde. Une stabilité politique retrouvée au lendemain de la crise postélectorale de 2010-2011 a permis au gouvernement de développer à l’international un rayonnement fondé sur l’éco-diplomatie.

Des années d’incertitude à l’ère du rayonnement

Ce rayonnement a été perceptible dans tous les indicateurs économiques du pays qui sont passés au vert depuis la fin du régime de Laurent Gbagbo. Les années 1995-2010 auront plongé le pays dans une longue période d’incertitude avec, comme apogée, le coup d’Etat de décembre. 1999, la crise politico-militaire de 2002 et la crise postélectorale de 2010-2011. Analysant ces années d’incertitude, le journaliste Bakary Nimaga écrit, dans un article publié par le site Abidjan.net (2) : « Alors qu’elle représentait la quatrième économie d’Afrique subsaharienne en 1995, à la suite des mesures d’assainissement des finances publiques entreprises par le gouvernement Ouattara de 1990 à 1993, la Côte d’Ivoire connaît une longue période de ralentissement économique durant laquelle son rayonnement à l’international va considérablement diminuer. Les années Gbagbo voient le PIB ralentir pour stagner autour de 2 % en moyenne, le continent africain enregistrant sur la même période une croissance moyenne de l’ordre de 5 % par an. L’accalmie après la crise politique qui suivit les élections présidentielles de 2010 s’accompagne d’une embellie économique pour le pays. Avec le retour aux affaires d’Alassane Ouattara en 2012, Abidjan renoue avec une croissance importante, avoisinant chaque année les 8 %. » Cette embellie économique s’accompagne d’un volontarisme politique qui vise à réintroduire les fondamentaux qui ont permis, sous Houphouët-Boigny, la réalisation du premier « miracle ivoirien ». Ces fondamentaux sont la stabilité politique, la paix intérieure, le développement socio- économique et le progrès social. Ce volontarisme politique affiché et mis en œuvre a permis de mobiliser l’appui des partenaires, – institutions internationales (FMI, Banque mondiale, bailleurs de fonds), investisseurs privés -, afin de financer la reconstruction post-crise et le développement du pays.

Les atouts de la Côte d’Ivoire sont ceux de l’Afrique

Les 4 domaines-clefs qui sont les piliers du rayonnement à l’international sont le militaire, l’économie, la technologie et le culturel. Rares sont les pays dont la suprématie est totale dans ces 4 domaines, devenant ainsi des « puissances globales ». Depuis l’effondrement de l’URSS, seuls les Etats-Unis apparaissent comme une « puissance globale ». La Chine n’est pas loin de ce statut de « puissance globale ». Si personne ne peut prétendre égaler les Etats-Unis ou la Chine, un pays comme la Côte d’Ivoire possède les atouts nécessaires, – poids économique et culturel, autorité politique -, pour assurer son rayonnement à l’international. C’est le cas de l’Afrique en général, un continent autrefois ignoré, marginalisé, et qui est devenu, au moment de l’entrée dans le XXIè siècle, l’un des vecteurs de la croissance mondiale et un enjeu géopolitique et géostratégique majeur.
La dimension internationale est l’un des marqueurs de l’action d’Alassane Ouattara pour qui la Côte d’Ivoire ne peut pas se construire seule, mais elle se construit avec la sous-région, avec l’Afrique, avec le monde. Au-delà de la richesse de son patrimoine, sa culture et son histoire, elle doit multiplier les échanges internationaux et les partenariats dans tous les secteurs. Le rayonnement d’un pays s’inscrit dans une action au quotidien. Je pense à un secteur comme le tourisme, aujourd’hui à l’arrêt avec la Covid 19. Mais, il est évident que ce secteur, pour le rayonnement du pays, est aussi important que le développement industriel. Faut-il rappeler que la Côte d’Ivoire, avant la crise sanitaire, se classait à la troisième place africaine pour le tourisme d’affaires avec des perspectives prometteuses, le pays ayant programmé une montée en gamme. Abidjan a accueilli de plus en plus d’événements de dimension mondiale et des organisations internationales choisissent la ville comme siège. Cette dynamique du rayonnement est portée par la stabilité politique, un climat des affaires nettement amélioré et des infrastructures de qualité, aux normes internationales, construites depuis 2011.
Les soubresauts du paysage politique ivoirien, à moins de 20 jours de l’élection présidentielle, viennent nous rappeler que rien n’est possible sans stabilité politique.

Christian GAMBOTTI,
Agrégé de l’Université,
Président du think tank Afrique & Partage-CEO du CERAD (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique de Demain) – Directeur des Collections L’Afrique en Marche, Planète francophone – Directeur de la rédaction du magazine Parlements & Pouvoirs africains

(1)Je consacre 4 Chroniques au bilan de la décennie Ouattara : (1) Le bilan économique, 21 septembre ; (2) Le bilan social, 28 septembre ; (3) Le bilan politique, 5 octobre (4) Le bilan à l’international, 12 octobre.
(2)Derrière les géants américains Google.com et youtube.com, le site d’informations locales Abidjan.net se situe en 8ème position, ce qui montre l’importance du cyberespace ivoirien dans la diffusion de l’information politique

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