Dernère publication
Au Niger, l’ordonnance 2024-05 de février favoriserait la corruption autour des dépenses liées à la défense nationale. À l’international, les experts s’inquiètent aujourd’hui pour la transparence de la gouvernance du pays.
Le verdict de Transparency International tombe ce 12 octobre. Selon son rapport sur la gouvernance au Niger 2023-2024, l’ordonnance 2024-05 faciliterait les détournements de fonds en toute impunité. Signée par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) le 23 février, ce texte exclu les « dépenses liées à l’acquisition d’équipements, de matériel, de fournitures des services » et la « réalisation de travaux et services destinés aux Forces de défense et de sécurité et à la prise en charge des citoyens victimes de déplacement forcé lié à l’insécurité », du champ d’application de la législation concernant les marchés publics.
Cette nouvelle absence de contrôle des dépenses de la défense laisse donc place à une potentielle corruption. La démarche n’est pas la seule à avoir été relevée par l’association. La militarisation de hautes fonctions ou encore la mise en place de mesures « portant atteinte au moral des troupes », comme une opacité sur les bilans des attaques et l’absence de commémoration de la mémoire des soldats tombés sont mentionnées.
S’il est important de rappeler que ces perturbations ont lieu dans un contexte de transition gouvernementale, le constat de l’association soulève aujourd’hui des critiques au sein de la sphère experte. « Cela ne peut pas faire progresser l’Afrique. Dans les années 60, certaines choses pouvaient marcher. Aujourd’hui le monde est ouvert, l’information circule. La jeunesse ne peut plus supporter un certain nombre de choses. Si vous arrivez comme le Messie, alors vous devez vous comportez comme un véritable Messie. Sinon, ceux là même qui vous ont acclamé hier se retournerons contre vous. » Pour le journaliste et chroniqueur politique togolais Firmin Teko-Agbo.
Les droits humains en deuxième ligne
La transparence contribue également à la préservation des droits de l’Hommes. Dès février 2024, les ONG pour la défense des droits humains tirent déjà la sonnette d’alarme. « Les autorités nigériennes devraient s’engager en faveur de la redevabilité en divulguant immédiatement des informations financières vérifiables sur les dépenses militaires […]. » Pour la chercheuse senior sur le Sahel d’Human Rights Watch.
La redevabilité d’un responsable permet la mise en lumière de ses actions et leur ajustement pour l’amélioration des conditions de vie des individus. Cette notion est indispensable pour l’instauration d’un régime juste envers sa population.
Recommandations de Transparency International
L’association suggère une publication des informations financières pour assurer une visibilité globale sur les budgets et les dépenses publiques et une mise en place de systèmes robustes d’évaluation des performances des institutions publiques.
Constantine