Niger : une inflation suffocante

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Début janvier 2025, la Confédération Nigérienne du Travail a interpellé les autorités au sujet de la réduction du pouvoir d’achat et de la souffrance du peuple nigérien. Le Niger fait face à une inflation historique qui s’explique par un isolement diplomatique résultant de la politique du gouvernement.

En juin 2024, l’inflation au Niger a atteint un sommet historique de plus de 15 %. Si elle demeure ainsi, l’extrême pauvreté pourrait toucher près de 50 % de la population nigérienne en 2026. L’inflation a engendré la flambée des prix des denrées alimentaires importées et la chute de ceux des produits locaux. Les organisations syndicales dénoncent le coût de la vie et la baisse du pouvoir d’achat qui oblige les habitants à changer leur quotidien alimentaire. Une habitante de Niamey déplore qu’il « n’est désormais plus question de préparer deux repas copieux par jour ». 13,1 % de la population est confrontée à une grave insécurité alimentaire. Les experts et les syndicats nigériens estiment que la fermeture de la frontière avec le Bénin est le premier facteur alimentant la crise. De plus, le Niger fait face à une recrudescence de la menace terroriste sur son territoire. Cette insécurité a de graves conséquences sur les activités économiques du pays, notamment l’agriculture.

Des décisions politiques responsables de l’inflation

Après le renversement du Président Mohamed Bazoum en juillet 2023, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a imposé d’importantes sanctions au Niger. Parmi ces dernières, la fermeture des frontières avec les États membres (à l’exception du Burkina Faso, du Mali et de la Guinée) qui a grandement perturbé les lignes d’approvisionnement du pays. Après la levée de la grande majorité de ces sanctions en février 2024, le gouvernement nigérien a refusé de rouvrir sa frontière avec le Bénin. Les autorités nigériennes accusent le pays d’avoir permis l’installation sur son territoire de forces étrangères susceptibles de déstabiliser le Niger, ce que démentent fermement les autorités béninoises.

En maintenant la frontière avec le Bénin fermée, le gouvernement nigérien contribue lui-même à la prospérité de l’inflation dans le pays. Le Bénin est le principal point d’entrée pour les importations au Niger. Il abrite le port le plus proche par lequel transite 80 % du fret destiné au Niger. Une commerçante de Niamey affirme que « la fermeture de la frontière engendre vraiment des difficultés. C’est à cause de la fermeture que le prix des produits reste élevé ». De plus, la production et l’exportation de pétrole devait soutenir la croissance économique du Niger en 2024. Cependant, face à la diplomatie nigérienne agressive, le Bénin a refusé d’embarquer le pétrole brut nigérien dans son port. Les tensions diplomatiques entre les deux pays ont privé le Niger d’importants revenus que le commerce de pétrole devait générer. Un des représentants de l’organisation syndicale de la Confédération Nigérienne du Travail déclare qu’on « ne peut pas être un pays producteur et qu’on nous dise qu’il y a pénurie de carburant ».

En conclusion, la situation économique du Niger est caractérisée par une inflation historique due à un isolement diplomatique. Le refus des autorités nigériennes à rouvrir la frontière avec le Bénin, un partenaire commercial clé, a contribué à aggraver les pénuries alimentaires et à maintenir des prix élevés, affectant gravement le pouvoir d’achat des citoyens. Cet isolement diplomatique a été aggravé lorsque l’Alliance des États du Sahel, dont est membre le Niger, a décidé de quitter la CEDEAO.

Constantine

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