Sidiki Bakaba espère que la journée mondiale de la culture africaine et afro-descendante ne sera pas une fête ponctuelle (24 janvier 2021,Unesco,Union africaine)

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photo Dr:Sidiki Bakaba

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À l’occasion d’une interview exclusive réalisée à Paris, et à paraître dans le quotidien ivoirien L’intelligent d’Abidjan le lundi 25 janvier 2021, l’ivoirien Sidiki Bakaba , célèbre cinéaste et homme de culture renommé, a émis le souhait que la journée mondiale de la culture africaine et afrodescendante ne soit pas une fête ponctuelle, qui va disparaître dans quelques années, comme d’autres événements de la même envergure autrefois destinés à la promotion de la culture du continent africain.

Célébrée durant plusieurs années par des organisations de la société civile comme le Rapec (Réseau africain des promoteurs et entrepreneurs culturels), en souvenir de l’adoption par l’Union africaine, le 24 janvier 2006, de la Charte de la renaissance culturelle africaine, la Journée Mondiale de la Culture africaine et afrodescendante est devenue un événement culturel d’une plus grande portée depuis l’adoption par l’Unesco en novembre 2019 à Paris, d’une résolution inscrivant cette journée du 24 Janvier dans le calendrier de l’organisation onusienne.

« Je serai amené à dire : un de plus ! En 1966, il y a eu le premier Festival mondial des arts nègres, c’était quelque chose de grandiose qui nous a donné, à nous ; adolescents, beaucoup d’espoir quant à l’avenir de notre communauté à travers le monde. Et, depuis, la deuxième édition n’a jamais eu lieu. Nous sommes restés sur notre faim. Ensuite, en 1969, il y a eu le Festival Panafricain d’Alger. Là encore, grand rassemblement avec une diaspora présente et une tribune dédiée aux Black Panthers avec, à leur tête, Eldridge Cleaver. On connaît tous cette histoire. Puis, de nouveau, plus rien. Puis, de nouveau…, surprise : en 1977, voilà qu’arrive la 2ème édition du Festival des Arts nègres. Il aura fallu attendre 8 ans… Ce petit calendrier révèle l’inconstance de notre Afrique. Bien sûr, il y a eu des colloques, des discours, des symposiums, mais, jamais de suite concrète. Aucune décision réelle. Ma génération espère simplement que cette Journée Mondiale de la Culture africaine et Afro-descendante, que je salue avec cœur, ne sera pas une fête ponctuelle », a répondu Sidiki Bakaba, alors qu’il était interrogé par L’intelligent d’Abidjan sur ce que signifie, pour lui, cette date du 24 Janvier.

Relancé sur son agenda de ce dimanche 24 janvier 2021 et sur la manière dont il compte commémorer cette journée dans un Paris sous la menace de la Covid 19 et sous les contraintes du couvre-feu à 18heures, le cinéaste a révélé qu’il a prévu – si les conditions le permettent – de se rendre à la rétrospective Christian Lattier, un sculpteur ivoirien de renommée internationale, une rétrospective organisée par Femmes du monde en action.

« J’aurais continué ce que j’avais déjà commencé. Comme vous le savez, je suis imprégné de culture Akan, donc j’aurais aimé travailler sur le symbole du Sankofa : cet oiseau qui a le bec tourné vers sa queue (on le retrouve notamment sur les poids baoulés). Quel sens trouver dans ce Sankofa? Cela semble vouloir dire qu’il faut picorer dans le passé pour mieux se projeter dans le futur. J’aurais travaillé à la transmission de ce symbole si puissant en conviant ces traditionalistes qui font la fierté du royaume de l’Indénié, et qui ont la connaissance de ce savoir… J’aurais imaginé un spectacle vivant tourné aussi vers l’atoungblan (le tambour parleur), cette langue des tambours qu’il faut décrypter et enseigner aux jeunes générations. J’aurais exploré les signes qu’on retrouve sur les poids baoulés (qui ne servent pas qu’à peser l’or). En fait, chaque poids baoulé parle. J’aimerais que nos jeunes se réapproprient les attributs premiers de cette culture, et que la technologie d’aujourd’hui ferait bien de consigner. Mais, ici à Paris, je travaille sur un projet qui souhaite valoriser de grandes figures féminines (issues des cultures africaines et afro-descendantes) et qui, dans l’ignorance et l’invisibilité, ont contribué à l’écriture de notre Histoire universelle. Je ne peux en dire plus, le travail est en gestation », a ensuite confié Sidiki Bakaba sur la question de savoir ce qu’il aurait fait ce 24 Janvier 2021, s’il était encore directeur du Palais de culture d’Abidjan.

L’intégralité de l’interview dans laquelle l’artiste et homme de culture aborde la question de la réconciliation en Côte d’Ivoire, parle de sa santé et de celle de épouse, fait des révélations sur le Président Alassane Ouattara et sur sa relation avec le Président Laurent Gbagbo, est à lire lundi 25 janvier 2021, dans L’Intelligent d’Abidjan disponible dans les kiosques en Côte d’Ivoire, dès 6 heures du matin.

Wakili Alafé

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